31.08.2015

"Vite, une politique européenne d'accueil des migrants!" par Jean Dionis

Les uns après les autres, les drames et leurs images terribles se succèdent : navires qui chavirent en Méditerranée causant des centaines de noyades, camions remplis de cadavres de migrants aux bords des autoroutes autrichiennes.

Les chiffres de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex les confirment : sur les sept premiers mois de l'année, le nombre de migrants arrivés aux frontières de l'UE a quasiment triplé atteignant 340 000 contre 123 500 pour la même période en 2014.

En ce qui concerne ce drame hyper-sensible des migrants, il y a eu des prophètes, le romancier Jean Raspail avec son livre coup de poing, « le camps des Saints » en 1973. Et plus près de nous, la Pape François et sa visite dans l’ile de Lampedusa, depuis des années, en première ligne dans la Méditerranée au Sud de la Sicile. J’avais à cette époque écrit une chronique qui garde son actualité « Ouvrir nos yeux et nos cœurs ».

Mais maintenant nous sommes au pied du mur. Les faits sont là. Il y aura en 2015, près de 500 000 femmes et hommes qui se sont mis en marche vers l’Europe quels que soient les risques, et ces risques sont souvent la mort.

Nous devons prendre conscience de l’ampleur de cette vague et de ses causes profondes. Ce qui se passe aujourd’hui en Turquie, puis en Macédoine et en Grèce, puis en Serbie, puis en Hongrie, c’est pour l’essentiel la longue marche de la survie de femmes et d’hommes, syriens ou irakiens qui ont vécu la guerre civile et toutes ces horreurs dans leurs pays. Ils ne reviendront pas en arrière. Ils ont tout perdu dans les bombardements atroces de leurs maisons et de leurs familles. Et ce ne sont pas les murs honteux que dressent aujourd’hui la Hongrie, la Macédoine ou la Grèce qui les arrêteront.

La lucidité et la générosité font de la mise au point d'une véritable politique européenne une urgence absolue. L'Union européenne et ses 500 millions d'habitants est, pour l'essentiel, en mesure d'accepter les 500 000 migrants qui se seront mis en marche en 2015 soit un pour mille par rapport à sa population totale.

Il est temps de poser des décisions politiques de principe, il est temps de dire que l'UE accueillera sur son sol les survivants de l'horreur et de faire en cela la différence entre les démarches de protection de réfugiés en danger, les demandes d'asiles d'une part et l'immigration économique d'autre part.

Il est temps aussi pour l'Union Européenne de dire que chacun doit prendre sa juste part de cet apport de population, qui ne doit pas se concentrer sur les pays les plus riches à savoir l'Allemagne, la France, l'Angleterre et l'Italie. Chaque pays en fonction de sa population mais aussi de sa démographie (il est a priori plus opportun que les pays à la démographie en décroissance, ce n'est pas le cas de la France, prenne une part plus importante de cette immigration) doit faire un effort proportionné.

Dans ce drame, on sent bien la vacuité des solutions de repli identitaire et de bouclage des frontières nationales, la seule voie digne et opératoire est de mettre en œuvre une politique européenne à la fois ferme et pragmatique comme j'en soulignais l'importance dans ma chronique. C'est clairement en définissant et en mettant en œuvre cette politique d'accueil qu'on posera le premier pilier d'une réponse forte à ce défi tragique des migrants. Le deuxième pilier passera par la reprise d'une politique étrangère offensive, par le développement économique et par des opérations militaires pour éradiquer les racines du mal où que il se trouve, dans la corne de l'Afrique, en Syrie ou en Irak.

Car c'est bien en agissant à ce niveau là que l’on permettra enfin aux érythréens, aux syriens ou aux irakiens de vivre de manière prospère et en sécurité dans leur pays.

Les ministres des Affaires Etrangères de l'UE se mobiliseront le 14 septembre pour aboutir à la définition d'une telle politique commune. C'est une réunion de la toute première importance, non seulement pour les migrants, mais aussi pour nous citoyens européens. Mais ne nous trompons pas, nos ministres n'aboutiront à un accord que si majoritairement les citoyens européens sont capables de rejeter les tentations identitaires et veulent véritablement relever ce défi.

Il est donc de la première urgence que chacune et chacun d'entre nous forge ses convictions sur ce sujet, lise, discute, y compris de manière contradictoire.

Pour cela, une occasion vous est donnée lors de l'université d'été régionale UDI en Normandie le dimanche 6 septembre. Une table ronde sur le drame des migrants y est organisée avec les meilleurs experts nationaux sur ce sujet. Vous êtes les invités personnels d'Hervé Morin, saisissez cette occasion pour rentrer en profondeur dans toutes les dimensions de ce drame.

Il faut que la phrase terrible du Pape François, « où sont nos larmes ?» nous mettent en route jusqu'à ce que l'Europe propose une réponse digne d'elle.

A dimanche, pour toutes celles et ceux qui pourront être des nôtres.

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