03.12.2020

VGE : l'Europe & l'international

«Celui qui aurait pu être le premier Président élu de la Confédération des Etats Européens »

par Olivier Mousson, Secrétaire général du Mouvement Européen et président des Centristes Paris et Eric Dumont, Membre du Conseil d'administration du Mouvement Européen
 

>>Mouvement Européen

Celui qui aurait pu être le premier Président élu de la Confédération des Etats Européens, Europa, comme il l’avait imaginée nous a quittés.

Nous qui nous étions engagés en politique avec lui, qui avons été inspirés par sa vision de la France et de l’Europe, nous nous sentons déjà comme orphelins.
Qui aura autant de légitimité que lui pour reprendre le flambeau ? Lui qui avait su s’imprégner des aspirations vers plus de liberté et de participation à la vie politique et économique de la jeunesse après la crise qui l’avait traversée en 1968, lui qui avait compris que la France avait besoin de l’Europe pour s’épanouir, lui qui avait fait le l’Euro le premier pas vers une Europe politique, qui rêvait de reconstituer un noyau dur pour reprendre le chemin de la souveraineté.
La société française n’a plus jamais été la même après Giscard. Il serait temps qu’on le redécouvre. Il avait donné sa chance à tous. Lui qui venait d’une famille patricienne il avait libéré la France de son carcan des traditions et bousculé les conservatismes de tous bords. C’est lui qui a su redresser les finances de la France. Lui qui détestait les déficits, il n’y en avait plus ou presque à la fin de son mandat. 

Ancien Ministre du Général de Gaulle il avait tiré les leçons de l’exercice solitaire du pouvoir.  Il s’était entouré de jeunes hommes et de jeunes femmes brillants et tous désireux de changer les mentalités les plus rétrogrades. Sa relation avec l’Allemagne était confiante et vraie. Il utilisait peu le verbe mais à bon escient.
Nous les centristes, nous tenterons de relever le défi dans un monde plus complexe où l’Asie représente un poids économique plus important qu’à cette époque, mais où les idées de Valery Giscard d’Estaing restent et resteront d’une perpétuelle actualité. 

Nous l’avions rencontré dans son bureau de la rue de Bénouville en mai 2018, 50 ans après les événements qui avaient marqués notre jeunesse pour certains ou notre conscience politique pour d’autres. A l’occasion de la conférence qu’il avait donnée ensuite à la maison de l’Industrie en présence d’une très large audience, il nous avait insufflé avec sa verve habituelle l’envie de continuer à faire évoluer la société française et l’Europe vers plus de justice et de liberté. 

 

 

VGE, un des pères fondateurs d’une union économique européenne intégrée !

par Pierre Maurin, Conseiller d'arrondissement Paris 9ème, Délégué Les Centristes de la Fédération de Paris et Secrétaire national à l'économie et à l'emploi.

Toute au long de sa vie, le président VGE fut un grand défenseur de la construction européenne, et notamment de son union économique. Cet engagement démarra lorsque jeune député à l’Assemblée Nationale, il décida de soutenir le traité de Rome, le texte fondateur qui permit la création de la Communauté économique européenneavec une union douanière et une zone de libre échange autour de 6 pays (Belgique, Hollande, Luxembourg, Italie, Allemagne en France). 

Ensuite, lors de sa présidence, il fut à l’origine de la création du système monétaire européenne (SME), dont l’objectif était de créer une zone de stabilité monétaire en Europe, d’éviter les dévaluations régulières et de contribuer au développement des échanges commerciaux et à terme favoriser la convergence économique. Le SME qui vit le jour, grâce à la France et à l’Allemagne préfigurait déjà l’union monétaire et la monnaie unique, l’Euro qui vit le jour vingt ans plus tard.  

Aujourd’hui, vingt ans se sont écoulées depuis la création de la monnaie unique grâce à l’action volontariste de la BCE sous la présidence notamment de Mario DRAGHI, l’euro a été préservé et plus personne ne songe réellement à le remettre en cause, même si des imperfections subsistent encore.

Il y a quelques années, lors d’un colloque à l’Assemblée Nationale, le Président VGE avait plaidé sur la nécessité pour l’Union Européenne de se concentrer sur un projet économique plus intégré avec un enjeu de convergence fiscale et sociale entre les différents pays européens. Il avait même plaidé jusqu’à la création d’une dette commune, qui serait selon ses termes « la plus recherchée du monde ». 

Dès le printemps 2020, quelques semaines, après la dette du covid_19, il précisait dans une tribune intitulée « Pour l’Europe de demain » co-signée avec d’autres personnalités européennes dont Enrico Letta ancien premier ministre italien que des décisions fortes devaient être prises. « Il ne s’agit pas de mutualiser les dettes du passé mais de mutualiser la dette qui naîtra de la mise en place des moyens nécessaires pour répondre à la crise du coronavirus Le cadre financier pluriannuel 2021-2027 devrait également être revu à la hausse pour devenir un instrument de solidarité plus puissant et adapté aux situations d’urgence comme celle-ci » 

Aujourd’hui, au moment où il disparaît, son souhait est en voie de réalisation, avec le plan de relance européen qui est financé en partie par de la dette mutualisée, garantie par les pays de l’Union européenne et destinée principalement aux pays les plus atteints ou les plus fragilisés par le virus du covid_19, dont lui-même a été victime… La solidarité et le renforcement de l’intégration européenne répondent aux aspirations de VGE au service d’une nouvelle Europe, plus forte, plus unie, plus innovante et plus autonome par rapport aux autres grandes puissances.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire de faire émerger en Europe une puissance avant tout économique et de taille mondiale afin de maintenir le prestige de notre continent, face aux grandes puissances économiques mondiales comme la Chine, les Etats-Unis et demain l’Inde. Beaucoup de chemin reste à faire sur la voie d’une Europe plus intégrée et plus solidaire sur le plan économique, mais jusqu’au bout VGE nous a guidés et nous a inspirés dans cet idéal européen !

 

Valéry Giscard d’Estaing aimait l’Afrique et les Africains le lui rendait bien.

Par Emmanuel Dupuy, Délégué les Centristes aux relations internationales et président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) @InstitutIPSE

L’on a, à tort, réduit, cette relation spéciale à l’affaire dite des diamants de l’ex « empereur »  centrafricain Jean-Bedel Bokassa, qui, il est vrai, aura grandement nuit à son image et sans contribué à son échec électoral en 1981. 

C’est oublier, un peu vite, la relation nouée avec les autres responsables politiques africains, qui, dans une période charnière, où les ex-colonies françaises, fraichement indépendantes pour la plupart et celles qui gagnèrent leur indépendance pendant le septennat de VGE (Comores en 1975, Djibouti en 1977) cherchaient à s'émanciper quoiqu’en veillant scrupuleusement à conserver une relation particulière avec Paris. 

Valéry Giscard d’Estaing a su ainsi dialoguer d’égal à égal avec ces hommes, dont certains croisés quand il exerçait ses fonctions ministérielles dans les deux septennats précédents, qui façonnèrent leurs républiques naissantes, à l’instar de Léopold Sédar Senghor au Sénégal, Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire ou encore Habib Bourguiba en Tunisie. Une même ambition de modernisation industrielle, de réforme sociétale et de passions littéraires les rapprochait entre eux. 

Son amour pour l’Afrique avait, du reste, failli voir le président de la République battu en mai 1981, s’installer en Centrafrique.

On retiendra aussi que VGE fut le premier président français à se rendre à Alger, après l’indépendance de 1962, où il fut reçu chaleureusement par Hari Boumédiène, soucieux de renouer les contacts avec la France. VGE disait d’ailleurs de l’ancien président algérien qu’il n’a jamais été remplacé par quelqu’un de son envergure.

VGE était aussi et surtout le président qui a voulu transformer la relation biaisée entre nos deux continents, dans la première décennie des indépendances, par un processus de normalisation économique qui passait par l’aide au développement et l’accompagnement dans les investissements dans les infrastructures. 
Il faut comprendre cet activisme que d’aucuns ont bien voulu réduire à la déviance que constituait la « FrançAfrique » et l’interventionnisme militaire français (Tchad, RCA, Gabon, ex-Zaire...) dans le contexte d’un continent africain pris en étau par le jeu des deux puissances, américaines et soviétiques et galvanisée, du reste, par l’offensive idéologique marxiste versus libérale.

VGE aura ainsi été un homme de son temps, tentant - avec vigueur et passion pour le continent - d’accompagner les fragiles changements démocratiques qui, balbutiants à la fin de son Septennat en 1981 allaient se concrétiser, dix ans plus tard avec la Chute du Mur de Berlin, la fin de l’URSS et le vent de liberté qui allait souffler en Afrique comme en Europe.

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