Sandrine Chaix est conseillère régionale, déléguée au handicap de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Elle préside l'AAPPUI, une association d'aide à domicile officiant dans la région grenobloise.
Elle est aussi déléguée de la fédération Les Centristes de l'Isère.
Interview.
>> Quels ont été les actions de votre délégation pendant cette crise du COVID-19 ?
En 2018, nous avons déployé dans les lycées des robots de téléprésence mobile pour permettre aux élèves « empêchés » par leur handicap ou leur maladie de suivre les cours à distance, mais également de garder un lien social extrêmement important avec leurs camarades. Suite au confinement de la population, en particulier des lycéens, nous avons décidé temporairement de redéployer ces robots dans les EHPADs de la région afin que les familles puissent contacter leurs parents, leurs grands-parents.
Cette initiative est très appréciée des familles. Pour rappel, ces robots sont des sortes de « Skype sur roulettes ». Ils font 1M50 de haut, ont un écran à la place de la tête et peuvent être déplacés à distance par la famille qui appelle. Le personnel soignant les amène de chambre en chambre avant la connexion. Soixante robots ont été déployés dans la région et pourront venir en aide à 4000 familles.
>> Globalement, quelle a été l’action de la région Auvergne-Rhône-Alpes dans cette crise sanitaire ?
Notre collectivité a d’abord concentré son action sur les professionnels de santé en leur offrant immédiatement un accès gratuit aux transports régionaux. Depuis plusieurs semaines, la Région a aussi multiplié les achats de matériels sanitaires (masques, blouses, gants, gels) et a investi 20 millions d’euros pour l’achat d’appareils d’assistance respiratoire. Des distributions sont en cours dans tous les territoires de notre Région pour alimenter en matériels les hôpitaux, pharmacies et EHPAD.
Les pharmaciens sont en première ligne pour assurer la sécurité sanitaire des habitants et fournir au personnel soignant des équipements de protection. La Région Auvergne-Rhône-Alpes propose ainsi de verser une aide allant jusqu’à 500 euros à chaque officine pour qu’elle puisse équiper les comptoirs de vente d’une vitre en plexiglass afin de protéger les pharmaciens.
Nous participons également au fonds de solidarité national. Il s’agit de garantir une rémunération d’urgence aux petites entreprises (TPE), micro-entrepreneurs, indépendants et professions libérales, avec un chiffre d’affaires annuel inférieur à 1 million d’euros et un bénéfice annuel imposable inférieur à 60 000 euros, particulièrement touchés par les conséquences économiques du Covid-19. Ce fonds comporte deux volets : Le premier permet à l’entreprise de bénéficier d’une aide d’un montant égal à la perte déclarée de chiffre d’affaires en mars 2020, dans la limite de 1500 €. Le second permet aux entreprises qui bénéficient du premier volet, au cas par cas pour les situations les plus difficiles, de percevoir une aide complémentaire forfaitaire de 2000 €.
Les acteurs culturels et événementiels sont également gravement touchés par la crise. C’est pourquoi la région se mobilise particulièrement à leurs côtés en créant un fonds d’urgence de 15 millions d’euros visant à soulager leur trésorerie pendant 6 mois. Ce fonds se substituera au remboursement du capital des emprunts, hors intérêts. Les subventions votées seront versées à hauteur des frais engagés.
Enfin, nous allons équiper tous les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes d’un masque lavable fabriqué par des entreprises de la Région et j’ai tenu à ce que nous équipions également l’ensemble des entreprises et services d’aides par le travail de personnes en situation de handicap.
>> Quel est votre regard sur l’action du gouvernement face à cette crise du COVID-19 ?
Je suis particulièrement attentive à la politique d’urgence en faveur des personnes en situation de handicap. Il y a eu un moment d’inquiétude sur le fait que certaines personnes en situation de handicap se voient refuser des soins pendant cette crise sanitaire ou qui auraient été verbalisé lors de sorties particulièrement importantes pour certain handicap qui ne peuvent pas rester enfermé trop longtemps.
Une des conséquences de cette crise est que les instituts pour personnes en situation de handicap ont fermé. Beaucoup de jeunes dans cette situation ont ainsi été renvoyés chez leurs familles, ce qui peut parfois poser problème, même si de nombreux établissements prennent des nouvelles régulières, le besoin de répit après le confinement sera immense pour certaine famille.
Je serai également particulièrement attentive à la reprise de l’école pour les enfants en situation de handicap qui ne sera pas évidente après plusieurs semaines de confinement.