Par un avis contentieux rendu le mercredi 10 février dernier, le Conseil d’Etat estime illégale toute sélection en master 1 ou 2, en l’absence d’un décret qui listerait les formations concernées.
Les étudiants actuels de L3 ou de M1 réfléchissent actuellement à leur poursuite d’études à la rentrée 2016 et les établissements rendent publiques les modalités d’inscription dans les masters qu’ils proposent.
La Conférence des présidents d’université, plusieurs Conférences de doyens ainsi que plusieurs sections du Conseil national des universités s’inquiètent d’ores et déjà de cette porte ouverte à l’inscription libre pour tout le master, qui mettrait naturellement en cause la valeur du diplôme et la qualité de l’insertion professionnelle qu’il assure aujourd’hui. Elle risquerait aussi de durcir en réaction la délivrance de la L3, niveau d’obtention du diplôme de licence et donc d’accès au master ou de sortie vers l’emploi.
L’ensemble des cursus universitaires, de la licence au doctorat soit tout le cycle LMD, se retrouverait encore plus fragilisé qu’il ne l’est et souffrirait très fortement de la dévalorisation engendrée par l’absence de toute sélection. Ce Gouvernement veut-il 80% d’une classe d’âge au niveau du Doctorat ?
Cette situation juridique nouvelle s’ajoute au débat récurrent sur la place de la sélection à l’entrée ce qui semble logique ou comme actuellement à l’issue de la première année du cycle. Elle intervient enfin dans le contexte encore récent de l’autonomie des universités qui seraient fondées à disposer d’une certaine liberté quant aux modalités d’accès à certaines de leurs formations, dont les masters.
C’est donc clairement l’avenir même de nos universités qui se joue derrière ce sujet en apparence strictement juridique.
Le Secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche annonce un prochain décret mais son communiqué dit tout et son contraire : il affirme le droit de tout étudiant à la poursuite d’études en master jusqu’au terme de son cycle et le souci de sécuriser le fonctionnement actuel du master. A la tribune de l’Assemblée nationale cette semaine , la Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche affirme que le décret prochain comportera une liste « très très limitée » de masters dans lesquels la sélection serait autorisée.
Des éclaircissements sont attendus rapidement. Et l’inquiétude est grande.