20.02.2017

"Présidentielle : pourquoi nous soutenons Fillon" par Jean Dionis

Vous avez été nombreux à me demander ma position personnelle par rapport à la candidature de François Fillon à la suite de la polémique dont il a été l’objet.

J’ai d’abord estimé qu’il était urgent d’attendre avant de se prononcer pour entendre les acteurs concernés à charge et à décharge afin de ne pas être ballotté et manipulé au gré des différentes annonces. Cette patience de trois semaines était pertinente. Nous y voyons plus clair maintenant.

La question que vous me posez est juste. Elle n’est pas : « Jean, que penses-tu de l’affaire Fillon ? ». Elle est centrée à juste titre sur l’élection présidentielle : « Jean, qui soutiens-tu pour la présidentielle après l’affaire Fillon ? ».

Pour répondre fortement et lucidement à cette question, il me faut repartir des faits majeurs qui conditionnent cette campagne présidentielle.

J’en vois deux :

  • d’abord l’échec de François Hollande en tant que Président de la République
  • ensuite, la poussée du Front National de Marine Le Pen et la possible accession de celle-ci au pouvoir national.

Il ne faut pas avoir la mémoire courte sur l’échec majeur qu’a été le quinquennat de François Hollande.

Les Français auront de la mémoire, sur un sujet central : l’emploi. Le nombre de demandeurs d’emploi était de 2,943 millions à l’arrivée de François Hollande en juin 2012. Il est de 3,729 millions fin 2016, soit une augmentation de plus de 780 000 demandeurs d’emploi.

Cet échec est d’autant plus insupportable pour les Français que, contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui avait dû affronter la crise économique la plus violente depuis l’entre-deux guerres, François Hollande a bénéficié d’un environnement économique international favorable : cours du pétrole exceptionnellement bas, taux des emprunts également très bas et taux de change de l’euro par rapport au dollar historiquement favorable.

Et d’ailleurs, 27 pays de l’union européenne (sur 31) ont profité de cette conjoncture pour baisser significativement leur nombre de demandeurs d’emploi depuis deux ans. Pas la France de François Hollande reléguée de manière peu reluisante parmi les mauvais élèves de l’Union européenne. Les raisons de cet échec dramatique sont connues : rigidité du marché du travail, formation professionnelle inadaptée, protection sociale chère et majoritairement payée par l’emploi.

Pour moi, le premier enjeu de l’élection présidentielle doit rester la mise en œuvre d’une politique économique efficace en matière d’emploi. C’est là la véritable alternance que sont en droit d’attendre les Français.

L’autre fait structurant cette élection présidentielle est la montée du Front National. Comme je l’expliquais dans ma chronique « petite histoire des primaires en France », c’est la quasi-certitude de la présence du FN au 2ème tour de l’élection présidentielle, qui a créé l’ardente obligation des primaires à droite comme à gauche.

J’ai donc soutenu l’organisation de ces primaires et j’y ai pris position pour Alain Juppé. A droite et au Centre, ces primaires ont donné un vainqueur incontestable : François Fillon. Respectant la règle du jeu des primaires, je me suis rangé derrière lui, comme l’ensemble des élus de la droite et du Centre.

Arrive « l’affaire » Fillon. Soyons honnêtes. Les choix personnels faits par François Fillon de 1997-2013, même s’ils sont a priori légaux, m’ont déçu. Et je sais que cette déception a été partagée par de nombreux d’entre vous.

Reste une question, centrale : « Faut-il retirer mon soutien à François Fillon pour l’élection présidentielle à cause de ces choix ? »

Ma réponse est un double non.

Non, parce que je veux une véritable alternance en matière économique avec comme objectif central, l’emploi des Français. Cette alternance, seul François Fillon la porte. Celle d’un libéralisme moderne cohérent avec notre environnement international et qui en même temps devra veiller à être juste socialement.

Je ne fais aucune confiance aux candidats de la faillite de la France – la belle brochette, Le Pen, Hamon, Mélenchon – pour inverser la courbe de l’emploi en France.

Quant à Macron, je crois sincèrement qu’en ce domaine, il fera du Hollande. Peut-être différent quant à l’allure, mais sur le fond, Macron prolongera Hollande dont il est le véritable héritier politique au centre gauche. Or un 2ème mandat Hollande, même en version Canada dry, non merci !

Non, enfin car il y a un véritable danger d’une victoire du Front National. Nous devons prendre comme un avertissement les sondages qui déjà donne Marine Le Pen à des étiages qui s’approchent de 45% des suffrages au 2ème tour de la présidentielle. Je crois vraiment qu’elle peut accéder à la Présidence de la République si c’est elle qui est opposée à un candidat de gauche (Mélenchon ou Hamon) tellement le rejet de la gauche est fort actuellement.

Alors, oui, je maintiens mon soutien à François Fillon, lucidement parce que la France a besoin d’une alternance forte, construite, maintenant. Cette alternance sera portée par François Fillon ou ne sera pas.

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