30.01.2017

"Présidentielles 2017 : communication ou contrat?" par Jean Dionis

Peu à peu, primaire après primaire, le décor de la Présidentielle 2017 se pose.

Hier soir, Benoît Hamon a remporté haut la main la Primaire du Parti socialiste 59% contre 41%. Cette victoire était prévisible compte tenu de son avance au soir du premier tour et des soutiens (Montebourg) qu’il avait enregistrés.

La semaine dernière j’écrivais une chronique sur l’essoufflement de la gauche et j’y faisais remarquer, à propos du programme de Benoît Hamon, que : "Cette histoire du revenu universel est quand même un sacré révélateur. Le revenu universel, même revu à la baisse à 600 €/mois, coûte 300 milliards €/an. Il est parfaitement clair qu’il n’y a pas le début de la moindre chance qu’un pays aussi endetté et fiscalisé que la France le mette en œuvre. Je n’évoque même pas les ravages faits dans la nation sur la motivation à travailler par cette idée généreuse mais folle à côté de laquelle la géniale réforme des 35h payées 39h apparaîtra comme une toute petite plaisanterie. Et bien, ce diagnostic simple à faire ne va sans doute pas suffire à discréditer Benoît Hamon. La gauche, à bout de souffle, déserte le réel et choisit le rêve."

Tout cela, Benoît Hamon le sait. Sympathique, innovant, le candidat socialiste a néanmoins, de manière délibérée, choisit "de faire rêver", de semer l’illusion sans accorder la moindre importance à ce qui se passerait après s’il arrivait au pouvoir.

Et bien, j’affirme que l’on est là au cœur des causes des raisons du discrédit de la politique. Si le rejet de la politique est si violent avec tous les risques de basculement dans les extrémismes que cela comporte, c’est d’abord parce que nos concitoyens considèrent que la parole des politiques ne vaut plus rien et il faut reconnaître que, dans bien des cas, ils n’ont pas tort. Que restera-t-il de la campagne de Benoît Hamon sur le revenu universel ? Rien, même en cas de victoire (improbable) à la Présidentielle.

Ce n’était d’ailleurs pas l’objectif de Benoît Hamon. Lui voulait "faire rêver" pour gagner, et d’ailleurs, ça a marché. Oui, mais après ? Après, il y a les promesses non tenues, le discrédit démocratique et au bout du chemin, le vote populiste.

Il faut aller jusqu’au bout de cette histoire de rêve. Bien sûr que oui, il faut d’abord rêver pour voir loin, voir grand et généreux. Mais nous devons éprouver nos rêves aux dures contraintes des réalités. L’innovation, éminemment souhaitable en politique, c’est tout sauf les rêves mensongers. Quand on innove, on étudie le réel, on expérimente avec le réel, on corrige avec le réel.

En fait la politique actuelle, celle que je rejette absolument, est malade de n’être que communication électorale.

Nous devons absolument revenir au fondement de la démocratie représentative – à savoir le contrat passé entre le peuple souverain et ceux qui ambitionnent de le représenter.

Mais un contrat, nous le savons tous, c’est tout sauf de la communication électorale. Un contrat nous lie, il nous engage. Et c’est parce qu’il nous engage, qu’un contrat, cela se travaille, cela se chiffre, cela se détaille.

"Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup". Montebourg ne croyait pas si bien dire en pointant le deuxième chemin de traverse pris par les candidats qui ne veulent pas contractualiser avec leurs électeurs. Ce deuxième chemin a un nom : celui de l’ambiguïté.

Et là, nos regards vigilants se tournent vers Emmanuel Macron. Nous sommes maintenant à trois mois de la présidentielle et nous attendons tous son programme. Nous avons eu son livre "Révolution", ses grands meetings. Beaucoup d’idées générales, généreuses et contradictoires. Là encore, il s’agit d’une stratégie délibérée de ne pas proposer un contrat cohérent et clair aux électeurs. Et bien cette manière de faire de la politique, nous devons clairement dire que nous n’en voulons plus. Nous ne voulons ni du rêve mensonger, ni de l’ambiguïté tout aussi trompeuse.

Nous voulons un contrat de gouvernement pour la durée du mandat 2017-2022, tout simplement.

Nous voulons que chacun des candidats retenus pour la campagne de la Présidentielle nous réponde clairement sur les grands enjeux de cette période : emploi, défense/sécurité, fiscalité.

Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que pendant ces cinq ans de gouvernement, il y aura des événements nationaux, européens et internationaux qui imposeront des modifications de trajectoire.

Ces corrections de trajectoire devront être faites démocratiquement. Il y a un Parlement, il y a des référendums pour autoriser ces modifications de trajectoire.

Et pour finir, il faut bien reconnaître que celui de nos candidats qui a fait l’effort le plus important de construire un programme cohérent et adapté à la réalité française, c’est François Fillon.

A nous donc de nous désintoxiquer des rêves fumeux, de l’ambiguïté ravageuse.
A nous d’abandonner l’idée puérile d’un Président qui, par miracle, "marcherait sur l’eau".
A nous par contre d’exiger des candidats d’avoir un programme qui soit un véritable contrat, qui engage ceux-ci.
Parole Tenue !
Et si c’était cela, la révolution démocratique dont a besoin la France aujourd’hui ?, i

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