Après les funestes applications StopCovid et TousAntiCovid, la nouvelle idée à la mode est le « passeport vaccinal» et son lot de thuriféraires de la sécurité à tout prix chantant les airs connus de « Vous ne pouvez pas être contre » et « De toute façon, on n’aura pas le choix ».
Il est peut-être concevable, quand les essais cliniques autoriseront la vaccination des enfants, d’ajouter les vaccins contre la Covid à la liste obligatoire. Peut-être aussi que l’entrée dans certains pays sera soumise à la présentation du carnet de vaccination international, à l’instar des territoires touchés par la fièvre jaune.
Ce genre d’obligations semble de l’ordre des accommodements raisonnables, d’autant plus acceptables quand les Français volontaires auront reçu leur vaccin et que l’immunité collective, si chèrement payée, sera en passe d’être atteinte.
Mais l’idée de devoir présenter un tel document, en France et pour des actes de la vie courante comme aller au restaurant, emprunter un transport en commun ou entrer dans un commerce, représente un pas de plus vers une société de contrainte des libertés les plus essentielles.
Depuis plus d’une année désormais, les Français ont connu des restrictions de leurs libertés individuelles et collectives considérables.
Responsabilités. Avec un vrai sens des responsabilités et une docilité surprenante, ils se sont soumis aux exigences posées par le gouvernement.
Avec une solidarité à toute épreuve et pour protéger les plus âgés et les plus vulnérables, ils se sont confinés à deux reprises et se sont vu imposer le couvre-feu. C’est tout à l’honneur de la génération des actifs qui assumera durablement une dette colossale et qui attend patiemment de pouvoir, quand son tour sera venu, avoir accès à la vaccination dans un pays qui vaccine trop peu et trop lentement.
Cette idée de rendre plus de libertés aux vaccinés consisterait à priver beaucoup d’actifs des libertés que l’on considérait il y a quelques mois encore comme évidentes. Pire, le vrai paradoxe consisterait à rendre plus de libertés à ceux que la société a, à juste titre, le plus protégés pendant toute la crise.
Deux risques majeurs sont devant nous.
Le premier est social et nous risquerions de voir la jeunesse de notre pays (étudiants et jeunes professionnels notamment) rompre avec la discipline et rejeter ce nouvel état de fait.
Le second est politique. A un an de l’élection présidentielle, nous prendrions le risque d’offrir le meilleur des rôles aux populistes et extrémistes, à savoir leur permettre d’être ceux qui promettraient aux Français de se voir affranchis, en proposant, par exemple la supression de ce « passeport ».
Parce que la liberté doit être et rester au faîtage de tout, l’exécutif doit maintenant admettre qu’elle ne se rend pas à la petite cuiller à ceux qui en ont été si longtemps privés.
Loïc Hervé Sénateur de la Haute-Savoie
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