Dans son engagement numéro 2, le candidat Hollande promettait de faire des PME une priorité du quinquennat. Alors qu'elles sont le meilleur vecteur de création d'emplois, celles-ci sont étouffées par les effets de seuil, les contraintes diverses et variées -telles que le compte pénibilité et bientôt le compte personne d'activité- et les impôts qui fleurissent sans aucune cohérence. Dernière mesure en date, la surtaxation des CDD, lesquels sont déjà soumis à une prime de précarité de 10% et à une majoration de cotisation chômage de 1.5 à 3 points depuis mi 2013.
Comment les entreprises pourraient-elles avoir envie d'embaucher quand celles-ci croulent sous les taxes et les réglementations qui freinent leur développement? La France et l'Allemagne comptaient toutes deux 4000 entreprises de taille intermédiaire en 1980; aujourd'hui, notre pays en dénombre toujours 4000, alors que ce chiffre a triplé en Allemagne. Parce que les entreprises sont le moteur de notre économie, 4 chantiers doivent être menés en priorité.
Tout d'abord, il est impératif de diminuer les charges, quel que soit le niveau de salaire. Il serait tellement plus simple de transformer le CICE en une baisse des cotisations sociales familiales! Le président de la République lui-même ne disait-il pas il y a quelques mois que le CICE avait vocation à s'éteindre? Il faut en outre réduire le fossé qui existe entre les PME et les grandes entreprises du CAC 40: ne nous contentons pas d'une baisse d'un point du taux d'impôt sur les sociétés, mais étendons le bénéfice du taux réduit à toutes les PME si nous voulons qu'elles soient créatrices d'emploi.
Ensuite, il nous faut recréer des conditions favorables à l'investissement, en particulier pour les PME et les ETI, qui jouent un rôle indispensable pour la croissance et l'emploi. Pourquoi ne pas réorienter l'épargne des Français vers l'investissement et aiguiller les milliards d'euros dormant en assurance vie vers le financement participatif? Il est également impératif de réduire les délais de paiement des PME en mettant en place un dispositif de sanction, puisqu'une faillite sur quatre est directement liée à ces retards.
En outre, la peur d'embaucher découle directement de la complexité du droit du travail : alors que la France s'apprêtait à le réformer, le gouvernement s'est empêtré dans un recul risible. Le vrai changement aurait consisté à moduler les seuils sociaux de 11 et 50 salariés, à instaurer le référendum d'entreprise, à dépasser le carcan idéologique des 35h et à rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires, dont la suppression a frappé de plein fouet le pouvoir d'achat.
Enfin, nous devons tourner l'apprentissage vers les entreprises, qui devraient pouvoir trouver à proximité des écoles formant aux compétences métier qu'elles recherchent. En effet, la façon de rehausser le niveau de qualification de notre pays passe par la révolution qui consiste à réduire les formations générales au profit des formations qualifiantes, et cela ne peut passer que par l'alternance. N'ayons pas peur de lancer un grand plan en faveur de l'apprentissage pour en faire une voie d'excellence et permettre à tous les jeunes de se former à un métier dès 14 ans.
Après la Fête du travail et avant l'examen du projet de loi El Khomri, donnons un signal fort, celui d'un Etat qui fait confiance et considère enfin ses entreprises.