Monsieur le Premier ministre, le conflit syrien, qui a fait à ce jour plus de 240 000 morts, est au cœur des débats de l’assemblée générale des Nations unies, ouverte ce lundi à New York. Dominée par le retour de la Russie sur le devant de la scène diplomatique, cette assemblée a mis à jour les paradoxes de la position française en matière internationale.
Alors que la France refusait jusqu’alors de frapper les djihadistes dans leur fief syrien, par crainte de conforter Bachar al Assad, le Président de la République a révisé, à la veille de l’assemblée générale, sa stratégie militaire.
La crise des réfugiés et les menaces terroristes qui pèsent sur la France ont accéléré ce changement de stratégie, prôné depuis toujours par l’état-major. Entre les positions russe et américaine, entre la volonté d’éradication de Daech et d’affaiblissement du maître de Damas, le message de la France apparaît de plus en plus brouillé.
Les raids aériens français, effectués avec une collaboration syrienne, sont en totale opposition avec les paroles de François Hollande à la tribune de l’ONU, affirmant qu’une transition politique en Syrie passera inévitablement par le départ du président syrien.
La France se conforte ainsi dans son isolement, encore renforcé depuis l’évocation par la chancelière allemande d’un éventuel dialogue avec Bachar al Assad, et l’évocation du maintien au pouvoir de celui-ci pendant une période de transition par le Premier ministre britannique.
Assez de cette cacophonie entre les grandes puissances à l’ONU, qui nous ridiculise aux yeux des djihadistes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l’Union des démocrates et indépendants.) Assez de ces contradictions entre un réalisme militaire et une diplomatie teintée d’hypocrisie ! Assez de voir l’image de la France de plus en plus isolée et affaiblie !
Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous enfin nous indiquer avec précision quelle sera la partition française dans ce concert diplomatique ?