ÉDUCATION - Tout un chacun s'exprime à propos de la réforme du collège. En vérité, de ces nombreuses critiques ou commentaires, peu sont nourris d'une lecture avisée du texte. Comme beaucoup, moi non plus, je n'ai pas pris le temps de le lire. Pourtant, les débats qu'il a fait naître ces dernières semaines ont suscité chez moi un certain nombre de réflexions.
Chef d'entreprise d'une PME de 156 personnes en Aquitaine, engagée dans le monde associatif et adjointe aux affaires sociales de ma ville (Agen, 35.000 habitants), je sais ce que j'attends de l'école et du collège.
Depuis 1975, l'emploi des jeunes est soutenu par des formes évolutives de contrats aidés. Aujourd'hui, la proportion des moins de 25 ans qui cherchent un emploi est tendanciellement égale à celle des plus de 50 ans.
Mais ce qui est nouveau, c'est cette difficulté à appréhender le quotidien de l'écriture et de la lecture facile, outils qui permettent une compréhension instantanée des informations simples. Ces compétences sont indispensables dans le monde actuel, où lecture et écriture sont les premiers passeports de l'insertion professionnelle. Bien sûr, il existe de belles aventures de parcours réussis sans elles, mais elles sont aussi exceptionnelles que celle du gamin qui devient star du foot.
Et c'est ainsi que sont écartés de l'emploi un certain nombre de jeunes, qui, progressivement, deviennent moins jeunes.
Je ne suis pas spécialiste de l'enseignement au collège, ni de la réforme portée par la ministre de l'Éducation. Mais notre école est un trésor républicain, remettons-la au goût du jour! Permettons aux enfants d'accéder au monde, à leur monde et au nôtre, sans une idéologie désuète de réforme inappropriée, si j'en crois le vent qui souffle.
Je rêve de pouvoir accueillir dans mon entreprise des jeunes qui maîtrisent les bases de connaissances initiales pour qu'ils s'installent et progressent.
Je rêve que même ceux qualifiés de "marginalisés" par leur culture d'origine puissent valoriser la connaissance de la langue qu'ils pratiquent dans leur foyer comme mécanique facilitatrice d'apprentissage d'une langue étrangère.
Je rêve aussi que des notions de latin permettent de comprendre les mots et suscitent la curiosité. Et tant d'autres choses...
En un mot, ne craignons pas l'évaluation des connaissances des petits, qui permet de détecter les dysfonctionnements et de les réparer... Encore faut-il le vouloir. Ne délaissons pas les notes, le redoublement, cultivons le mérite: il est si différent de l'élitisme!
Donc, oui, je rêve de partager les bienfaits de l'école républicaine qui m'a tant donné comme écolière, collégienne, lycéenne et universitaire boursière, et tout appris. J'affirme que nous avons besoin d'une école qui ouvre au monde des idées, mais aussi au monde professionnel, sans faux-semblant.