10.10.2011

Journée parlementaire du Centre : Discours d'Yvan Lachaud

Mes chers amis,

Je voudrais tout d’abord remercier les députés, les sénateurs et les députés européens présents ici : vous avez eu la volonté de montrer, par votre participation à la table ronde tout à l’heure, et tout simplement par votre présence, que les parlementaires centristes forment un ensemble uni malgré sa diversité, important par la qualité et le nombre de ses idées, force de proposition au sein de la majorité présidentielle.

Avec vous tous, avec tous les membres du gouvernement présents ce soir, cette journée signe notre unité et notre volonté de peser dans le débat politique.

Il est évident que les deux dernières semaines ont été riches en événements politiques, et mouvementées. C’étaient, pour chacun d’entre nous, « tempête sous un crâne ».

Il y a eu d’abord les élections sénatoriales. Je veux dire qu’il s’est passé à cette occasion des choses qu’il faut entendre.

Il est évident que ce résultat est d’abord la conséquence logique des dernières élections locales. Mais aussi, la réforme des collectivités territoriales n’aurait-elle pas été mieux appréciée avec davantage de dialogue et de concertation ? Plus de pédagogie devrait à coup sûr permettre de faire mieux passer dans le pays, et au Parlement, les réformes proposées par le gouvernement.

Il y a eu ensuite l’annonce par Jean-Louis Borloo de son renoncement à se présenter à l’élection présidentielle. Il s’est comporté en homme d’Etat qui réfléchit et prend ses responsabilités. Pour autant, cela ne remet pas en cause la nécessité que le centre porte ses valeurs et ses idées lors de l’élection présidentielle de 2012.

Une expression centriste plus forte est, plus que jamais, nécessaire pour rééquilibrer la majorité et la faire gagner au printemps prochain.

Notre camp a tout à gagner à encourager le pluralisme, puisqu’en tant que centristes nous avons pour vocation de parler à l'électorat du centre-droit et même du centre-gauche.

Nous sommes un peuple mâture, qui sait que la vie n’est pas en noir et blanc, qu’il y a dans la vie de grandes nuances de couleurs, de sensibilités, de compréhensions, et que l’on ne doit pas réduire ces nuances à un antagonisme caricatural.

Compte tenu de la manière dont fonctionnent la Ve République et notre vie politique, la présence dans le débat présidentiel conditionne l’existence d’une force politique.

Par conséquent, il est indispensable que nous poursuivions le rassemblement de tous les centristes autour d’un projet politique cohérent et ambitieux, porteur d’une vision nouvelle de la société, pour sortir la France et l’Europe de leurs difficultés actuelles.

Notre feuille de route, dans les mois qui viennent, doit donc être de préparer le projet centriste pour faire entendre dans le pays nos propositions et nos valeurs.

Oui, la sensibilité centriste existe.

Oui, les valeurs centristes existent : l’humanisme, l’attachement à la démocratie et au dialogue, le souci des plus faibles, la conviction que l’économie est au service du social, la construction européenne…

Oui, les idées centristes existent, nous les défendons sans cesse : réduire l’endettement public qui pèsera sur les générations futures ; mettre en tête de nos priorités l’école, vecteur de la promotion sociale et de l’égalité des chances ; favoriser la croissance en misant sur les PME et en réduisant les charges pour libérer l’emploi ; défendre la famille en donnant aux parents les moyens d’élever et éduquer leurs enfants ; lutter contre l’insécurité, qui touche d’abord les plus fragiles, les jeunes et les personnes âgées ; organiser un Etat efficace tout en préservant les services publics ; redonner un nouveau souffle à l’Europe…

Et il faut bien constater que, face à la crise que traversent aujourd’hui la France et l’Europe, nos propositions humanistes, de bonne gestion, responsables et équilibrées, européennes, sont plus que jamais d’actualité.

Ces idées, nous allons les mettre en application dès la discussion du PLF 2012.

Depuis 2007, budget après budget, nous avons assumé courageusement un discours de vérité sur la situation de nos finances publiques, sans jamais y sacrifier l'exigence d'un effort de sortie de crise juste et partagé.

On ne nous a pas toujours entendus.

Nous avons souligné l'injustice et l'inefficacité du bouclier fiscal ; nous n’avons jamais accepté que les plus aisés payent trop peu d'impôts du fait des défiscalisations ; nous avons réclamé la réduction des niches fiscales et sociales ; nous avons déposé dès 2008 une proposition de loi constitutionnelle sur la « règle d’or »...

Aujourd’hui, il faut aller plus vite et plus loin dans la réduction des déficits. Nous proposons une réforme pour une fiscalité plus efficace et plus juste : instituer une fiscalité réellement progressive, réduire les niches fiscales, valoriser nos PME-TPE et renforcer la compétitivité de nos entreprises, diminuer le coût du travail.

Nous savons bien tous que les mesures nationales ne sont rien sans une vision d’ensemble et un projet pour l’Europe.

Et je veux souligner que l’action énergique et déterminée du Président de la République, pour soutenir la Grèce, pour faire vivre l’esprit européen et assurer la solidité du couple franco-allemand, comme on l’a vu hier, reçoit le soutien enthousiaste de la famille centriste, dont on connaît l’engagement européen.

Nous sommes à plusieurs mois de la fin de la législature, et je voudrais te redire, mon cher François, notre satisfaction pour ton souci de la concertation, pour ton engagement et pour ta détermination à maintenir le cap, depuis bientôt cinq ans.

Nous savons que nous avons un devoir de solidarité vis-à-vis du gouvernement et un devoir d’initiative. François, je sais que tu as toujours milité pour un parlement revalorisé et respecté, et que donc tu ne nous reprocheras pas d’assumer pleinement nos droits. Ils doivent naturellement s’exercer de façon concertée et cohérente, en synergie avec l’exécutif.

Je veux te redire l’engagement des centristes : le gouvernement nous trouvera toujours à ses côtés pour soutenir un discours de vérité et des actions de responsabilité.

Plus que jamais notre unité, mes amis, fait notre force. Les Français attendent de chacun d’entre nous une solidarité et une solidité à toute épreuve.

Avant de conclure, je voudrais vous dire un mot de ce que je ressens des interrogations des Français, qui sont lourdes et que nous devons écouter.

Les Français se sentent plus éloignés du pouvoir qu’ils ne l’ont jamais été. Il y a ceux dont l’usine ferme pour être délocalisée en Turquie ou en Chine ; il y a les producteurs de fruits et légumes qui sont étranglés par la concurrence espagnole ou allemande, où la main-d’œuvre coûte bien moins cher qu’ici ; il y a les personnes âgées laissées à elles-mêmes ; il y a ceux qui vivent l’insécurité au quotidien ; il y a les entrepreneurs lassés par la lourdeur des charges et les tracasseries administratives…

Les Français sont désemparés, parce qu’ils constatent la vague immense de la mondialisation, et s’interrogent sur le bien-fondé de notre projet républicain français. Vague immense de la mondialisation : délocalisations, mouvements erratiques des bourses et des capitaux, toute-puissance des traders et des agences de notations… Et face à cela, le projet républicain français, notre modèle social, qui a été conçu dans le cadre de nos frontières hexagonales, qui impose à nos entreprises un haut degré de protection sociale et environnementale.

L’enjeu des mois qui viennent, c’est donc : comment créer un nouveau modèle républicain adapté aux réalités du monde du XXIe siècle ? Comment établir qu’il y a des valeurs au-dessus de l’économie : l’éducation, la culture, la solidarité, l’environnement…

Il nous faut aussi répondre à l’approfondissement des fractures dans la société : est-ce qu’on peut refaire un pays ensemble ? Est-ce que nous pouvons redonner aux Français l’espoir que la politique peut faire quelque chose pour eux ? C’est là toute la question.

Vous savez le démocrate-chrétien que je suis, vous ne vous étonnerez donc pas que je cite Jean Lecanuet pour conclure : « La fidélité à nous-mêmes, c’est notre marque. »  C’est justement cette fidélité à nous-mêmes qui nous place, sans états d’âme, dans le camp de la majorité présidentielle. Les Français aiment que les hommes politiques qui les représentent sachent et disent dans quel camp ils se placent, en toute clarté. C’est bien notre cas.

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