Depuis le 31 mars, le mouvement Nuit debout se félicite d'avoir lancé un collectif libérant la parole individuelle et promouvant la démocratie participative. Ses disciples, qui contestent les institutions et le système, campent depuis une vingtaine de jours sur la place de la République, prenant leurs décisions par consensus lors d'assemblées générales citoyennes.
N'en déplaise aux adeptes de cette drôle de confrérie, le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il est urgent de désacraliser ce groupuscule, parce que son folklore est en train de verser dans l'illégalité.
Reconnaissons d'abord que ce n'est pas un mouvement représentant la jeunesse française mais un rassemblement d'extrême gauche dans lequel se sont perdus quelques déçus de François Hollande. La jeunesse de ce pays n'a pas le temps de passer la nuit debout - les riverains excédés par le tapage nocturne non plus d'ailleurs. Je me suis renseigné sur le contenu du programme : hier se tenait une "réunion commission féministe non mixte (femmes et trans bienvenu.e.s)". Dommage que je n'aie pas eu le droit d'y participer. J'ai aussi appris que depuis le 31 mars, les jours sont décomptés en restant en mars. Nous sommes donc aujourd'hui le 53 mars - avouez que les amis de Robespierre avaient été plus créatifs avec fructidor et thermidor. Notons enfin que ce collectif, qui a l'argent en horreur, a offert un pont d'or à Yanis Varoufakis pour qu'il vienne en première classe faire un sermon sur une France soit disant trop libérale.
Je crois ensuite que c'est un rassemblement dangereux. A Nuit debout, on saccage les commerces alentours et on agresse les forces de l'ordre qui devraient être mobilisées sur les dossiers terroristes. "On regarde les gens tout casser et on ne peut pas intervenir" a récemment déclaré un CRS réduit au simple rôle de baby-sitter. Le gouvernement qui se flatte d'avoir ouvert un débat sur la dépénalisation du cannabis a désormais sous les yeux la parfaite illustration des ravages de la drogue sur la jeunesse. Sans compter que ce sont les contribuables qui vont financer la réparation des dégâts laissés par les squatteurs, une bonne nouvelle quand on sait que les dernières promesses présidentielles se montent déjà à 4 milliards d'euros pour 2016...
Enfin, ce rassemblement est un entre-soi qui n'a rien de démocratique. Pire, il est en train de verser dans l'illégalité. Rappelons que l'occupation irrégulière du domaine publique est réprimée par la loi : la démocratie nous autorise à s'approprier l'espace public, pas les places publiques. C'est bien de vouloir débattre - encore faut-il ne pas vandaliser les biens d'autrui. Est-il normal que la mairie de Paris s'apprête à payer la facture de la dalle de la place de la République sans porter plainte parce que Madame Hidalgo trouve "légitime de rêver d'un autre monde"?
Non, les manifestations de fascistes ne sont pas légitimes juste parce qu'elles sont de gauche. Elles ne sont que l'aveu du vide de gouvernance, de l'échec institutionnel et de l'absence d'autorité politique du président Hollande. Lequel ferait mieux de renvoyer les occupants chez eux avant qu'un drame ne vienne nous rappeler la bavure de la tragédie de Sivens.
Nuit debout est une erreur de jeunesse désœuvrée qui croit qu'elle va trouver un travail en parlementant "derrière un kiosque rouge". Tôt ou tard, la vie se chargera de lui couper les cheveux.