Hervé MORIN s'est livré à une interview pour Le Figaro le 26 septembre dernier. Le président des Centristes et de la région Normandie exprime ses regrets après le choix des militants Les Républicains.
LE FIGARO. La sélection des candidats le 4 décembre via un congrès réservé aux adhérents est actée. Qu’en pensez-vous?
Hervé MORIN. - Lorsqu’un pays est aussi fracturé, il est dommage de ne pas commencer par rassembler massivement à travers une primaire ouverte. Et pour ceux qui évoquent la désignation de Nicolas Sarkozy en 2007 par l’UMP, la situation n’a rien de comparable: il s’imposait sans discussion alors qu’aujourd’hui personne ne se détache vraiment.
En 2021, nous aurons moins de votants que les écologistes pour désigner le candidat issu de la droite et du centre. Le score de cette consultation est d’ailleurs plus serré qu’on ne pouvait le croire compte tenu de la très large majorité des leaders LR qui s’étaient exprimés pour une primaire fermée.
LR autorisera les adhésions jusqu’à quinze jours avant le vote. N’est-ce pas une possibilité offerte à tous ceux qui souhaitent participer au départage des candidats ?
Nous vivons au temps de la démocratie participative et les Français supportent de moins en moins un système vertical. Ils réclament du débat et de l’échange mais malheureusement nos formations politiques leur apparaissent comme des organisations fermées. Croire, dès lors, à des adhésions massives, c’est se leurrer !
Offrir à Xavier Bertrand un moyen de participer à la compétition n’était-il pas la solution pour préserver l’unité ?
Compte tenu de ses déclarations passées très critiques sur les partis politiques, je l’imagine mal participer à une primaire fermée réservée aux seuls adhérents LR. Si Xavier Bertrand annonce sa participation, tant mieux! Mais s’il ne le fait pas, nous nous serons privés de la puissance d’une primaire ouverte. Et, au bout du compte, cette primaire fermée ne sera qu’un débat interne dans les fédérations. On sait à quel point la démocratie dans les partis politiques est, au mieux, orientée, mais le plus souvent organisée.
Vous rencontrez Christian Jacob cette semaine. Vos regrets auront-ils un impact sur vos accords en vue des législatives ?
Il est certain que l’on ne se sent pas engagé de la même façon. Je continuerai à apporter mon soutien public à Valérie Pécresse mais le choix d’une sélection portée par quelques milliers de militants seulement me désole. Je trouve regrettable d’avoir refusé la participation des Centristes à cette primaire alors que, contrairement à l’UDI, nous n’avons jamais changé de ligne politique.
Je rappelle que j’ai été au combat jusqu’au dernier jour quand une partie des Républicains s’était planquée durant la campagne de François Fillon, comme je l’étais aussi durant la campagne européenne de François-Xavier Bellamy. Nous étions sans doute plus solides que certains qui refusent notre participation aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, toutes les dernières élections ont démontré que les favoris de septembre n’étaient pas les vainqueurs d’avril. Il est plus que temps que nous parlions enfin aux Français.
La prétendue popularité d’Emmanuel Macron, dans les sondages, se heurte à une réalité que j’invite à ne pas oublier : l’échec d’En marche ! à toutes les élections intermédiaires.
Les sondages donnent Bertrand, Pécresse et Barnier en tête. Croyez-vous à une inversion des courbes ?
Je trouve ahurissant que le début de cette campagne présidentielle ne tourne qu’autour des résultats des sondages du jour quand on sait à quel point ils se sont trompés massivement ces derniers mois! Les débats sur la présidentielle en sont réduits à commenter les résultats du loto que sont les projections hebdomadaires des instituts. Il est impossible d’extrapoler le vote des militants LR à partir de telles projections, si peu fiables. Et, d’abord, parlons du fond !
Que pensez-vous du grand Parti démocrate voulu par François Bayrou, président du MoDem ?
En dépit de toute l’affection que je peux avoir pour lui, je trouve incroyable qu’un homme opposé depuis toujours au parti unique soit prêt à dissoudre son propre mouvement en considérant que personne n’est à la hauteur pour lui succéder.
Mais au-delà de ce projet, la volonté de marginaliser Édouard Philippe et ses amis est très claire. Quant à la réorganisation de la macronie, j’y vois surtout une volonté d’avoir enfin un parti qui marche. La prétendue popularité d’Emmanuel Macron, dans les sondages, se heurte à une réalité que j’invite à ne pas oublier: l’échec d’En marche! à toutes les élections intermédiaires.
Le «phénomène Zemmour» peut-il inquiéter la droite ?
Éric Zemmour prend probablement des voix à droite comme à l’extrême droite mais je ne vois pas les Français confier les clefs de la France à un amateur.
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