Actuellement en pleine navette parlementaire, le projet de loi pour la transformation de la fonction publique vient d'hériter d'un amendement qui veut changer la façon dont les fonctionnaires sont formés à l'outil numérique. Porté par notre sénatrice Catherine Morin-Desailly, Présidente de la commission culture, éducation et communication, membre de la commission d'enquête sur la souveraineté numérique, "cet amendement vise à sensibiliser les fonctionnaires à la connaissance et à la compréhension des enjeux liés à l'écosystème numérique, ainsi qu'aux modalités de protection des données personnelles”. Le Sénat tente donc de pousser l'administration et les fonctionnaires à l'utilisation de logiciels libres et de plateformes loin des Gafam.
Deux leviers sont invoqués pour réussir cette opération : “l'utilisation de logiciels libres” tout d'abord, mais aussi de “moteurs de recherche qui garantissent la neutralité des résultats et la protection de la souveraineté nationale”. Derrière cette neutralité, c'est bien évidemment Google qui est dans le viseur, souvent accusé de conserver les utilisateurs et utilisatrices dans une bulle de filtre avec des résultats personnalisés qui s'appuient sur les données personnelles récoltées. Quant à la “souveraineté”, on imagine que cela signifie que l'administration utilisera de préférence Qwant plutôt qu'un autre moteur de recherche.
Cet amendement fait suite à une disposition similaire introduite dans le projet de Loi pour une école de la confiance qui demandait aux écoles supérieures du professorat de former “à la maîtrise des outils et ressources numériques (…) ainsi qu'à la connaissance et à la compréhension des enjeux liés à l'écosystème numérique” dans le même but avoué de “préserver notre souveraineté et la neutralité du service public face aux Gafam”, rappelle Catherine Morin-Desailly.