INTERVIEW - Le président du Nouveau Centre et président du conseil régional de Normandie pose ses conditions à la participation de l'UDI à la primaire.
LE FIGARO. - Les centristes doivent-ils participer à la primaire organisée par les Républicains?
Hervé MORIN. - Tout nous amène à penser que Marine Le Pen se qualifiera pour le second tour de la présidentielle en 2017. L'union de la droite et du centre derrière un candidat au premier tour n'est pas simplement une nécessité. C'est un devoir. Ce sera d'autant plus facile qu'aujourd'hui, s'il subsiste des divergences sur la question européenne avec Les Républicains, nous sommes tous d'accord sur la nécessité d'une libéralisation de l'économie, sur la priorité que constitue l'école ou sur le renforcement de la sécurité qui devra être mis en œuvre. Dès lors, notre participation à la primaire me semble évidente et nécessaire. Encore faut-il que les militants centristes sachent à quelles conditions nous nous rangerons à cette initiative.
Une participation de l'UDI à la primaire se traduirait-elle par la présence d'un candidat?
Nous pourrions présenter un candidat, ou plusieurs même. Mais je considère que le candidat UDI capable de réaliser un bon score à la primaire n'existe pas aujourd'hui. Ou nous pouvons choisir de soutenir celui qui, parmi Les Républicains, correspond le mieux à nos positions. Un certain nombre d'élus centristes se sont d'ailleurs déjà engagés auprès de tel ou tel. La plupart d'entre eux ont intégré les équipes de campagne d'Alain Juppé. D'autres conservent des affinités avec Nicolas Sarkozy ou militent en faveur de Bruno Le Maire. Alors même que nous n'avons pas arrêté de position collective, ni même négocié un certain nombre de points importants.
«Face à la gauche et au FN, personne ne peut gagner sans rassembler. Ni LR, ni l'UDI. Ceux qui pensent le contraire se trompent lourdement.»
Qu'est-ce qui conditionne votre participation?
Il faut d'abord, et dès aujourd'hui, négocier avec LR les conditions d'organisation de cette primaire. On ne peut pas demander à nos militants de voter le principe de notre participation sans avoir notre mot à dire sur les règles du jeu et les garanties d'équité de ce scrutin. Il faut également que nous nous mettions d'accord sur une plateforme programmatique qui définit les quelques réformes absolument indispensables qui seront mises en œuvre, quel que soit le résultat de la primaire. Chaque candidat aura son programme, on l'imagine bien, mais on ne peut imaginer que les centristes soient tenus par un projet qui irait à l'encontre de leurs valeurs fondamentales. Enfin, nous devons aborder la question des législatives et de la constitution de la majorité parlementaire de demain.
Chez les Républicains, beaucoup considèrent que la part offerte aux centristes lors des départementales et des régionales était déjà trop belle
Ce que tous les derniers scrutins nous enseignent d'abord, c'est que la droite et le centre, additionnés, font à peine 30 % au premier tour. C'est cela que je retiens en priorité. Face à la gauche et au FN, personne ne peut gagner sans rassembler. Ni LR, ni l'UDI. Ceux qui pensent le contraire se trompent lourdement. Dès lors, je ne demande pas que l'on pèse au trébuchet le poids respectif de chacun, mais que l'on constitue une alliance suffisamment forte et équilibrée pour l'emporter. C'est comme cela, et seulement comme cela, que nous incarnerons un espoir d'alternance et que nous retrouverons la confiance des électeurs qui nous ont abandonnés pour aller voir ailleurs.
Ce rassemblement doit-il comprendre le MoDem de François Bayrou?
François Bayrou a déjà fait son choix: il soutient Alain Juppé dans le cadre de la primaire. Et annonce qu'il serait libre de se présenter à la présidentielle si Juppé n'était pas choisi… C'est sa responsabilité.
