François Bayrou tend la main à Jean-Christophe Lagarde qui, lui, semble vouloir couper les ponts avec LR. Est-ce le retour du vieux serpent de mer de l'union des centres ?
Il faut être conscient qu'aujourd'hui, l'espace du centre est occupé par la formation politique du président de la République. D'autant que le MoDem est une composante de cette majorité. La recomposition politique qui touche la gauche et la droite ne peut pas se résumer à un énième mariage arrangé.
Comment le choix de Jean-Christophe Lagarde peut-il donc se traduire ?
Reconnaissons au patron de l'UDI une grande mobilité intellectuelle depuis deux ans sur la construction des alliances. Il dit vouloir prendre ses distances avec LR tout en se déclarant prêt à faire quelque chose avec Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, qui sont eux de véritables Républicains. J'y vois déjà au moins une contradiction sérieuse.
Mais François Bayrou lui a tendu la main !
La question de la recomposition politique ne se limite pas à un rapprochement entre deux hommes. Elle sera le fruit d'une longue période au cours de laquelle les idées et les projets vont s'affiner et s'affirmer. Personne ne peut dire aujourd'hui quelle sera la tendance définitive d'Emmanuel Macron qui, avouons-le, mène une politique économique plutôt à droite, ni comment vont évoluer Les Républicains. Le pôle centriste dont rêve François Bayrou existe déjà : c'est la majorité LREM.
Si tout le monde veut partager l'espace central au côté d'En marche!, quel rôle pour les constructifs ?
Recomposer le spectre politique, ce n'est pas recycler des briques existantes ici ou là. On est en train de fabriquer le nouveau mortier de la politique française et on ne sait pas comment cela va prendre ! Les constructifs ont deux faiblesses : l'absence de leader et un espace politique occupé. Quelle place peuvent-ils avoir quand il y a déjà le MoDem et La République en marche ? La question qui finalement se posera pour beaucoup – et pas simplement pour eux –, c'est d'intégrer purement et simplement LREM.