Marine Le Pen vient de lancer sa campagne samedi dernier à Lyon autour de 144 propositions.
Comme nous l’avons fait pour les différents programmes des compétiteurs lors de la primaire de gauche, il est maintenant indispensable d’analyser en profondeur ce programme, porté par un parti dont l’étiage électoral est annoncé à plus de 25% au premier tour de cette fameuse élection présidentielle du printemps 2017.
Il nous faut donc prendre ce programme au sérieux et l’étudier en profondeur.
Certaines propositions sont d’un archaïsme assez incroyable comme la proposition n°6 qui supprime les régions et les intercommunalités à savoir les deux "locomotives" actuelles du monde territorial. D’autres sont carrément démagogiques et ruineuses. Je pense notamment à la proposition n°52 "fixant l’âge légal de la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisations pour percevoir une retraite pleine".
Nous reviendrons sur le caractère dangereux parce qu’intenable de la politique économique et budgétaire du Front National.
Mais il nous faut d’abord nous intéresser au cœur de ce programme. Ce cœur est anti-européen, anti-parlementaire, et il faut bien le dire, xénophobe.
Ce cœur est d’abord anti-européen : la proposition n°1 de celui-ci consiste tout simplement en "retrouver notre liberté et la maîtrise de notre destin, en restituant au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique). Pour cela, une négociation sera engagée avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne». Bref, le Front National prépare, en toute sérénité, un BREXIT à la française.
Sur ce point, il est temps, grand temps que soit porté à nouveau, fièrement, le drapeau des pro-européens. Soyons simples aussi.
Sur ce point, le choc doit être frontal entre l’extrême droite d’une part et la droite et le centre d’autre part.
Pour nous, même s’il y a actuellement des dysfonctionnements importants devant être corrigés en urgence dans le fonctionnement européen, l’Europe est pour le 21ième siècle le projet politique pertinent pour les enjeux majeurs de notre époque : environnement, régulation des flux migratoires, défense...
Mais le cœur du projet Front national est aussi anti-parlementaire. En effet la proposition n°2 place la démarche référendaire au cœur de la machine législative du FN en affirmant vouloir "créer un véritable référendum d’initiative populaire, sur proposition d’au moins 500 000 électeurs".
Et une chose est de prévoir le référendum comme une procédure exceptionnelle et dérogatoire (et à ce titre nécessitant une initiative du Président de la République ou une majorité qualifiée difficile à atteindre pour le mettre en œuvre), une autre est de le placer au cœur du processus législatif.
Là encore, le choc doit être frontal entre extrême droite et partisans de la démocratie représentative et donc parlementaire.
Nous savons depuis 1791 et la loi Le Chapelier qui supprima tous les corps intermédiaires entre le peuple et l’Etat, avec pour résultat mécanique la terreur de 1793-1794, que ce face à face entre le gouvernement et le peuple est, à terme, mortel pour la démocratie.
Enfin, le projet du Front National reste xénophobe comme en atteste la proposition n°26 : "réduire l’immigration légale à un solde annuel de 10000, mettre fin à l’automaticité du regroupement et du rapprochement familial ainsi qu’à l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage, supprimer les pompes aspirantes de l’immigration".
Pour les Centristes comme moi, dont l’ADN politique est libéral, social et pro-européen, les révélateurs que sont les programmes du Front National d’une part et de la Droite et du Centre d’autre part, montrent une opposition irréductible et frontale entre les deux familles de convictions.
A nous de l’assumer carrément, fortement pendant toute la campagne présidentielle qui démarre.
A nous de le garder lucidement en tête alors que le Front National déroulera sa petite musique populiste redoutablement efficace.
Notre message doit être clair: "le programme du Front National est une impasse pour la France"