17.10.2016

Président "normal" ? par Jean Dionis

François Hollande nous en aura fait voir de toutes les couleurs pendant ces cinq ans. Mais on a quand même atteint des sommets la semaine dernière avec la publication de "Un Président ne devrait pas dire ça", le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Ce livre rassemble plus de 60 entretiens donnés par François Hollande aux deux auteurs sur toute la durée de la Présidence. Ce livre a fait et fera un ravage considérable.

Il fera des ravages sur des dossiers graves, potentiellement chargés de violence comme l’aéroport de Notre Dame des Landes, où, avec une légèreté stupéfiante, le Président affirme qu’à son avis cet aéroport ne se fera jamais alors qu’à son initiative un référendum vient de décider le contraire et que son Premier Ministre Manuel Valls vient d’annoncer le début des travaux pour le début de l’automne.

Pourquoi ?

La question des causes profondes de ce livre qui, de toute évidence, rend quasi-impossible la victoire de François Hollande à l’élection présidentielle de 2017 m’obsède.

Député de 2002 à 2012, j’ai pu approcher François Hollande et acquérir la conviction qu’il maîtrisait parfaitement les règles des échanges médiatico-politiques. Il savait donc que ces entretiens déboucheraient mécaniquement sur un livre politiquement catastrophique pour lui. Et pourtant, il l’a fait.
Je n’ai pas vraiment de goût pour la psychanalyse de café de commerce. Mais l’explication du suicide politique me semble la plus plausible. Certains observateurs ont rapproché ce geste de l’agression sexuelle faite par DSK en 2011 comme deux démarches du même refus d’être candidat à la Présidence de la République. Je crois qu’ils ont raison.

Une chose est sûre : cet épisode enterre définitivement le Président normal. Ce Président est a-normal, dans sa relation quasi-addictive aux médias, dans son attitude schizophrénique et politiquement suicidaire, dans son inaptitude maladive à trancher certains dossiers.

Mais toutes ces ondes de choc qui frappent François Hollande nous obligent à dépasser sa personne et nous reposer la question de la "fiche de poste" du Président de la République dans la France d’aujourd’hui ?
Présidence normale ou Présidence exemplaire ? Reconnaissons honnêtement que nos cœurs balancent entre ces deux visions extrêmes de la fonction ? Entre les chefs d’Etat "normaux" des pays scandinaves et nos nostalgies gaullistes et monarchiques, nous hésitons.

Commençons par affirmer que le travail du Président de la République est tout sauf normal.
François Hollande lui-même avait trouvé des mots justes pour dire la charge affective qui lui est attachée : "la fonction présidentielle – avait-il dit – est habitée par la mort !". En effet, notre constitution de 1958-1962 fait du Président de la République, le chef de nos armées, celui qui préside le Conseil des ministres, dispose d’un droit de grâce. Bref, il n’y a pas de poste de travail plus chargé de tension et d’émotion, plus dur que celui de Président de la République…

Il faut donc répondre à cette fiche de poste exceptionnellement sévère et visiblement François Hollande n’y répond pas.

Rajoutons à cela qu’une fois pour toutes, il nous faut renoncer dans nos têtes de citoyens majeurs à un Président "qui marche sur l’eau". II nous faut revenir à une fiche de poste moins brillante et plus solide où les vertus cardinales seront l’expérience, la décence, l’intégrité et la capacité à décider. Rêve de boy-scout ? Je ne crois pas.

Regardons ensemble Barak Obama qui termine ses deux mandats présidentiels avec un niveau exceptionnellement élevé de popularité (plus de 50% d’opinions favorables, alors qu’Hollande est scotché à 15% !!!!). Son bilan est loin d’être parfait. Mais il a "tenu", il a "habité" la fonction présidentielle sur toute la durée de ses huit ans de mandat.

Je crois qu’au fond d’eux-mêmes, en France comme aux USA, les électeurs n’exigent d’un Président que le respect du contrat passé avec eux lors de l’élection présidentielle et un exercice de la fonction digne et compétent.

François Hollande, quant à lui, n’est pas fait pour cette fonction. La solitude extrême à laquelle elle condamne, le silence qu’elle impose, les décisions tragiques qu’elle exige lui sont insupportables, comme le montrent de manière explosive ses confidences permanentes avec les journalistes.

Humainement, on peut comprendre. C’est à lui et à lui seul d’en tirer la seule conclusion cohérente avec cet état de fait : à savoir ne pas se représenter.

Peut-être que toute cette histoire autour de ce livre invraisemblable n’est en fait que le premier pas vers cette décision raisonnable ? Nous verrons bien.

A nous les citoyens français, il nous revient de choisir notre prochain Président de la République. Pour cela, à nous de tirer les leçons de cette présidence "normale". Rien de plus dangereux que d’élire un président "normal" pour une fonction qui par essence ne l’est pas. La fonction a ses exigences, terribles, incontournables.

A nous d’y penser dès les Primaires de la Droite et du Centre, les 20 et 27 Novembre. 

 

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