A l’approche de l’élection présidentielle, le centre est inlassablement confronté à l’épineuse question du leadership. Il faut pourtant que la boussole soit vraiment désorientée pour expliquer les mains tendues qui ont suivi la démission d’Emmanuel Macron. Se jeter dans les bras de celui qui, depuis 2012, a défini puis mis en œuvre la politique que nous combattons me semble au mieux précipité, au pire imprudent. Est-il un seul instant imaginable que le canot de sauvetage utilisé par Emmanuel Macron pour quitter le pédalo de François Hollande fasse office de point d’ancrage pour le centre ? Non.
Je regrette que le centre ne puisse pas présenter une candidature crédible à la primaire mais j’ai la conviction que l’exigence est d’y prendre part. La non-participation du centre à la primaire serait une erreur.
Tout d’abord parce que notre alliance avec Les Républicains est naturelle. Nous avons gouverné avec eux de 2007 à 2012. Nous nous sommes opposés ensemble à la politique de François Hollande. Cette alliance est aujourd’hui indispensable tant le second tour semble promis à Marine Le Pen. Ne pas participer à la primaire, tenter une aventure solitaire ou un renversement des alliances, ce serait ajouter de la division et de la confusion à un climat politique instable et prendre le risque que la droite et le centre soient absents du deuxième tour de l’élection présidentielle.
Dynamique de l’alternance. Ensuite parce que la primaire est au cœur de la dynamique de l’alternance et qu’il s’agit par conséquent de la meilleure manière de peser sur le futur projet présidentiel. Nous devons y faire passer des messages : nous sommes les seuls à dire que les vrais patriotes sont européens, qu’une réforme des institutions est un préalable à toute autre réforme, que l’Etat ne peut être fort que si nous faisons confiance à l’intelligence des territoires. Nous sommes les seuls à dire que les batailles pour la compétitivité et pour les droits des salariés se confondent, les seuls à considérer que l’éducation, la transition écologique et la maîtrise de la dépense publique sont les différentes facettes d’un même modèle de développement soutenable. Si nous n’allons pas voter à la primaire, ces idées ne seront pas prises en compte.
Enfin, ce n’est pas à huit mois de l’élection présidentielle qu’une vraie refondation politique peut s’opérer. En revanche, la participation du centre à la primaire nous permettra, dans le cadre d’un accord de gouvernement, de réussir cette indispensable recomposition. Elle passera par la création d’un groupe central à l’Assemblée nationale. Ce groupe réunira celles et ceux qui, sur des sujets aussi essentiels que l’emploi, la sécurité ou la modernisation de la France, veulent dépasser les clivages partisans qui nous divisent artificiellement et apporter leur concours loyal et exigeant à l’action d’un président de la République issu de la droite et du centre. Dans ce cadre seulement, le temps du dialogue avec Emmanuel Macron viendra sans doute. Il ne pourra se faire que sur la base des propositions que nous avons défendues pendant quatre ans sans qu’elles ne rencontrent de vrai écho auprès du gouvernement actuel et autour d’un collectif que nous avons patiemment construit.
J’appelle toutes celles et tous ceux qui se sentent proches des valeurs du centre, militants ou pas, à prendre part à la primaire, à peser dans la balance avec leurs suffrages, et à participer ainsi au projet d’alternance et au quinquennat à venir pour redresser le pays.