Président UDI de la région Normandie, Hervé Morin enchaîne les plateaux télé depuis l'attentat qui a coûté la vie au prêtre Jacques Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, au sud de Rouen. L'ancien ministre de la Défense estime que la France "a basculé dans un état de souffrance" et demande la réalisation d'un "texte commun d'union nationale" pour "se donner les moyens de gagner cette guerre".
Le Point.fr : Les terroristes ont frappé dans une petite ville normande au sud de Rouen. La Normandie, terre historiquement catholique, est-elle plus exposée ?
Hervé Morin : On dit qu'il y aurait bien plus d'une centaine de personnes radicalisées en Normandie. Rien qu'en Seine-Maritime, il y en aurait 80. Pour autant, cela n'a pas de lien avec son histoire catholique. Aujourd'hui, les risques sont tels que le prochain dingue peut attaquer en pleine campagne. Pendant très longtemps, de Nice à Saint-Étienne-du-Rouvray en passant par Saint-Quentin-Fallavier en Isère, nous avions ce sentiment d'être plus en sécurité en province. Que seul Parisétait concerné. Personne ne se sent vraiment à l'abri. Ils se sont attaqués à deux symboles, le 14 Juillet à Nice puis une église. Cela rappelle les périodes sombres de l'histoire de France.
C'en est une ?
Nous avons basculé d'un état de paix à un état de souffrance. D'un pays optimiste à un pays pessimiste, inquiet pour sa propre cohésion. Il faut que les autorités recréent les conditions de la sécurité. Je ne vois pas pourquoi on se refuserait à procéder à la rétention administrative des fichés S les plus dangereux.
Le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve juge pourtant cette proposition de la droite et du centre contraire à l'État de droit.
Le plus grand danger pour notre démocratie, c'est de ne pas prendre de mesures. Quand j'entends que c'est contraire à la Constitution, je dis : changeons-la ! Rédigeons au mois d'août, tous partis politiques confondus, un texte commun d'union nationale afin de tenir un congrès et ensuite le faire adopter par les deux chambres dès septembre. On ne tient pas longtemps en disant que toutes les mesures ont déjà été prises. Il faut se donner les moyens de gagner cette guerre.
Les Français qui partent faire le djihad sont des traîtres.
Que préconisez-vous ?
Il faut une réponse pénale à la hauteur pour ces gens qui rentrent d'Irak et de Syrie. Outre la rétention administrative, il faut également renvoyer dans leur pays d'origine les immigrés qui font l'objet de condamnations. En ce qui concerne les mosquées où règne le salafisme : il faut non seulement les fermer mais lancer des procédures judiciaires contre leurs imams. Tous ceux qui véhiculent la propagande de nos ennemis, et je pense notamment aux réseaux sociaux type Facebook, doivent être poursuivis. Personne n'aborde une question primordiale : ces Français qui partent faire le djihad en Syrie ou en Irak partent pour combattre l'armée française. Ce sont des traîtres et ils doivent donc avoir le traitement judiciaire qui s'impose.