Ces derniers jours ont été endeuillés à nouveau par des attentats terroristes à Orlando en Floride et chez nous en France, à Magnanville dans les Yvelines. Pour ces deux attentats, leurs auteurs ont déclaré avoir porté allégeance à l’Etat Islamique qui, pour sa part, les a revendiqués.
Rien de nouveau me direz-vous dans la séquence odieuse et tragique qui frappe le monde et la France spécialement depuis les attentats de Charlie hebdo et du Bataclan. Malheureusement, si.
A Orlando, la communauté homosexuelle était clairement la cible. A Magnanville, un officier de la Police nationale l’était et une ligne rouge a été franchie dans l’horreur puisque sa femme a été assassinée dans des conditions atroces sous les yeux de leur petit garçon de 3 ans. L’Etat Islamique a montré de la manière la plus odieuse qu’il n’épargnerait pas les familles et les proches des cibles qu’il choisirait.
La nation rassemblée doit d’abord apporter son soutien le plus clair et le plus ferme aux nouvelles cibles choisies par les terroristes, à la communauté homosexuelle, et bien sûr à nos policiers, légitimement choqués de voir que leurs propres familles peuvent être prises comme cible.
Il y a des décisions à prendre immédiatement pour améliorer la sécurité autour de ces nouvelles cibles du terrorisme : l’autorisation pour nos policiers de porter leur arme de service en dehors de ce service va dans le bon sens. La demande légitime des policiers de travailler le plus possible de manière anonyme est à prendre en considération.
Mais les derniers événements nous font de la réflexion en profondeur sur la nature même du terrorisme une ardente obligation.
Il y a 18 mois, au lendemain des attentats meurtriers de Charlie hebdo en janvier 2015, j’écrivais que nous étions engagés dans une guerre longue et meurtrière avec le terrorisme islamiste, qu’il y aurait d’autres attentats, d’autres victimes. Les faits m’ont malheureusement donné raison. Il y a eu d’autres attentats meurtriers en France bien sûr avec notamment le Bataclan, mais aussi en Belgique, au Mali, en Côte d’Ivoire, en Irak, aux Etats-Unis…
Certains d’entre nous espèrent que ces attentats disparaîtront avec la défaite militaire de l’Etat Islamique qui a l’air de se préciser en Syrie et en Irak. Quelque soit l’utilité de mener et de gagner militairement contre celui-ci – ce qui est encore loin d’être fait sur le terrain – il faudrait être naïf pour ne pas voir que celui-ci va garder encore longtemps très longtemps la capacité d’organiser des attentas terroristes sur notre sol national. Pour mémoire, ni les morts de Ben Laden et Zarkaoui n’ont empêché Al Quaïda de se restructurer puis « de laisser la place à l’Etat Islamique ».
Affaiblir et si possible vaincre militairement l’Etat Islamique est important. Mais cela ne sera pas suffisant. La vraie victoire devra être idéologique et politique.
Pour cela, à court terme, il faut d’abord une nouvelle résistance citoyenne. Les terroristes agissent maintenant par le biais de « loups solitaires » n’hésitant à frapper des cibles symboliques (policiers, juifs, homosexuels…) et leurs familles. A nous de faire évoluer vigoureusement notre résilience et résistance citoyennes en fonction de ce changement stratégique.
Un pays peut nous servir d’exemple en matière de mobilisation citoyenne contre les attentas « imprévisibles » des loups solitaires souvent agissant à l’arme blanche. Ce pays, c’est Israël, et ceci quelque soient nos opinions politiques sur les politiques publiques Israéliennes.
Le résultat est là. Israël a contenu le terrorisme alors qu’il y est directement et massivement exposé. Comment ?
D’abord en consacrant un effort budgétaire important à tout ce qui fait l’Etat régalien (police, mais aussi justice et armée) et je ne crois pas que nous, aussi, pourrons faire l’économie de ce « réarmement de l’Etat ».
Ensuite en mobilisant toute la population consciente de la menace derrière ses dirigeants, en prenant des mesures décriées par certaines belles âmes dans le monde entier (la barrière de sécurité) et surtout en menant une action résolue dans le domaine du renseignement, de l’infiltration des milieux où se fomentent les attentats et plus spécialement dans le domaine du cyber renseignement sur Internet.
Cette terreur ne s’est pas éteinte en un jour : il a fallu du temps, des moyens, des méthodes adaptées, dont la création d’un réseau efficace d’indicateurs, pour atteindre ce but, mais cet effort paye.
Au-delà de cet effort « de résistance» indispensable, la guerre contre le terrorisme ne se gagnera définitivement que sur le terrain des idées.
Le terrorisme islamisme est une impasse politique absolue pour les jeunes qui s’y engagent : au bout il y a la prison et la mort et une immense mystification religieuse. La guerre contre le terrorisme sera gagnée lorsque chacun des jeunes de nos cités en sera convaincu.
C’est certes un long combat, mais j’ai la conviction intime que ce combat, nous allons le gagner. Car les jeunes de nos cités aspirent pour l’essentiel, comme nous, à vivre décemment. Un jour, le terrorisme leur apparaîtra pour ce qu’il est : une impasse mensongère et meurtrière.
Et en attendant, pour fonder notre nouvelle résistance, une touche britannique ne fait pas de mal : « Keep calm and carry on ! » - On ne s’affole pas et on continue.