François Hollande n’était pourtant pas venu les mains vides au 99ième Congrès de l’Association des Maires de France.
- Il annonce qu’il divise par deux la baisse prévue de la dotation globale de fonctionnement (DGF) prévue pour 2017, qui s’élèvera donc à 1 milliard d’euros au lieu de deux.
- Le gouvernement reconduit également le fonds de soutien à l’investissement public lancé en 2016 et remet 200 000 euros au pot, soit un total de 1,2 milliard pour l’an prochain. Soit, selon l’Elysée, un geste «raisonnable et crédible» de 2,2 milliards - qu’il faudra bien trouver ailleurs pour boucler le dernier budget du quinquennat. Au passage, Hollande précise que le fonds pour l’investissement sera pour moitié dévolu aux communes petites et rurales, les plus en difficulté. Soit 600 millions d’euros : de quoi mettre de l’huile dans les rouages auprès de nombreux élus locaux, ce qui n’est jamais inutile avant une campagne. Elle n’est pas belle, la vie ?
Tout cela, à défaut d’une « standing ovation », aurait du valoir au Président de la République des applaudissements nourris. Or des applaudissements, il n’y en eut que très peu. Des sifflets et des huées, pour le moins inhabituels de la part de maires, généralement courtois et républicains, il y en eut nettement plus. Et surtout la salle est restée de marbre, glaciale.
Entre les maires et François Hollande, le courant ne passe plus du tout.
Les raisons de cette défiance profonde remontent loin, très exactement au Printemps 2014.
A cette date, un jeune Premier ministre, fraîchement nommé, Manuel Valls, annonce sans trembler un plan de 50 Milliards d’économies à faire sur 3 ans de 2015 à 2017. Sur ces 50 milliards, 11 milliards devront être faits par les collectivités locales et dans ces 11 milliards, 6 devront être faits par les communes. Fort bien, fort beau.
Sauf que 2 ans après, en 2016, les collectivités locales ont effectivement fait plus de 7 milliards d’économies dont 4 milliards par le biais de la baisse de la fameuse dotation globale de fonctionnement que l’Etat verse aux communes.
Cela a été pour les communes un choc violent.
Un seul chiffre pour l’illustrer : en 2 ans, l’investissement public des collectivités locales a chuté de 25% ! Avec toutes les répercussions imaginables sur l’activité des entreprises et l’emploi local.
Le premier grief des maires, ce n’est pas tant d’avoir eu à faire ces économies drastiques. C’est d’être un peu les cocus de l’histoire, puisqu’à l’exception des collectivités locales et spécialement des communes, personne et surtout pas l’Etat n’a fait d’économies.
Le gouvernement socialiste a une très lourde responsabilité dans cette incapacité de l’Etat à baisser ces dépenses : recrutement de 60000 enseignants supplémentaires, abandon de la règle de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, suppression du jour de carence pour les congés maladie.
Les communes et plus largement les collectivités ont été les seules à économiser alors qu’elles ne sont en rien responsables du déficit des comptes publics français (elles n’ont pas le droit d’en faire) et si peu responsables de la dette publique (la dette des communes ne représente que 4,5% de la dette publique des français).
Le deuxième grief des maires vis-à-vis de François Hollande, c’est clairement le transfert des charges, c'est-à-dire le fait que l’Etat continue à légiférer et règlementer en envoyant les factures de ces transferts aux communes : temps animation périscolaires, normes accessibilité, cartes d’identité et tutti quanti.
Décidé à Paris, payé par les communes !
Tout cela n’est pas sans intérêt. Mais, comme le disait avec justesse ma grand-mère : « quand on n’est pas riche, on ne joue pas aux riches ».
Rajouter des dépenses obligatoires au moment même où l’Etat diminue fortement son soutien financier aux communes : cette incohérence majeure de François Hollande ne passe pas auprès des Maires.
Reste le troisième grief : le pompon pour les maires, c’est de faire le malin avec le carnet de chèques du futur Président de la République.
Le Budget 2017 sera certes élaboré par le gouvernement de François Hollande. Mais à partir de début mai prochain, il sera exécuté par son successeur. Et à ce jour, la probabilité que François Hollande se succède à lui-même est – soyons gentils – assez faible.
Aussi, jouant son va-tout, la grande distribution de François Hollande a commencé avec frénésie : + 0,6% pour les fonctionnaires au 1er juillet prochain, revalorisation de la carrière des enseignants, gestes pour les routiers, les cheminots, et maintenant pour les maires !
Trop beau pour être vrai. Les maires le sentent. Ils sentent que les chèques du Président de la république risquent d’être en bois.
Alors là ! Trop, c’est trop. Polis, ils sont restés de marbre Porte de Versailles. Mais dans leur for intérieur, ils grommellent : « Hollande, basta ! »
Et, à mon avis, ils n’ont pas tort. Vive les maires !!