Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Mes chers collègues,
Cette déclaration de politique générale s’inscrit dans un contexte complètement différent de celui de 2007 : le monde a connu une crise économique et financière sans précédent.
La France comme l’Europe restent confrontées à une cette crise majeure ; et il ne faudrait pas laisser croire à nos compatriotes qu’aujourd’hui nous en serions sortis.
La majorité, j’en suis convaincu, a fait les bons choix. Nous avons évité le pire grâce aux décisions qui ont été prises par le Président de la République et le Gouvernement.
Mais de nouvelles secousses sont là : après la Grèce, c’est l’Irlande qui est confrontée à une révision drastique de sa politique, à une dégradation violente de ses capacités de financement.
Les conséquences sociales sont préoccupantes pour les pays qui n’ont pas fait les efforts de rigueur dans la gestion de leurs dépenses publiques et qui doivent faire face à des taux d’intérêts qui continuent de flamber. Et c’est l’euro qui est aujourd’hui malmené.
Ce contexte impose à nous tous un esprit de responsabilité et de courage. Et c’est avec une pleine conscience des enjeux que nous abordons cette nouvelle étape.
En premier lieu, la crise a mis en évidence l’urgence d’une gouvernance politique et financière de la zone euro. Au Nouveau Centre, nous souhaitons que la France prenne des initiatives fortes pour jeter les bases d’un véritable fédéralisme de la zone euro.
La première condition pour y parvenir, c’est la convergence économique, fiscale et sociale.
La convergence fiscale avec l’Allemagne, notre principal partenaire et concurrent européen, nous la souhaitons. C’est l’une des clés de la solidarité européenne, car nous ne pouvons accepter l’idée de dumping fiscal ou social dans certains pays de la zone euro comme d’ailleurs nous ne pourrons pas accepter durablement d’être appelé en solidarité pour des pays qui n’ont pas fait les efforts.
La convergence fiscale que vous avez annoncée doit d’abord être au service de la croissance et du développement économique ; au service de l’innovation. La fiscalité ne doit pas être une entrave à l’efficacité économique.
Il nous faut une véritable stratégie économique et industrielle de croissance, et notamment de la croissance verte.
Cela veut dire aussi poursuivre les réformes en France.
La réforme, ce n’est pas un dogme. L’esprit de réforme n’est pas un style.
Réformer le pays, c’est une nécessité pour garantir notre modèle social, pour garantir notre solidarité qui est fragile et qui est menacée par le poids de nos déficits.
Depuis 2007, nous avons été, avec notre groupe, très engagé à vos côtés pour porter les réformes nécessaires ; nous avons été aussi à vos côtés dans l’effort de maîtrise des dépenses publiques.
Il ne faut pas sous-estimer les efforts qui ont été accomplis mais il faut le dire très clairement : ce défi de l’équilibre des comptes publics reste devant nous.
Nous aurons, dans un consensus national, à fixer cet objectif de l’équilibre de nos comptes comme étant une règle, une règle d’or.
Il faudra que nous soyons audacieux ; c’est le périmètre même de l’intervention de l’Etat qu’il faut revoir, parce qu’on voit bien la limite du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Dans le domaine de l’éducation, dans le domaine de la sécurité, dans les tâches régaliennes, à terme, cela posera problème.
Ce défi vaut aussi pour le budget de la Sécurité sociale. Dès l’an prochain, il nous faudra en assurer l’équilibre. Car reporter à après-demain le remboursement de la dette n’efface pas la dette, ça l’aggrave.
S’ouvrira donc inévitablement le débat sur l’évolution de la CSG et de la CRDS, car s’il faut maîtriser la dépense, il nous faudra aussi assurer des recettes pérennes garantissant l’accès à la santé pour tous.
J’ai eu l’occasion de vous le dire Monsieur le Premier ministre, ces efforts nécessitent un large rassemblement. Et pour nous, le rassemblement passe par la reconnaissance de la diversité comme une chance : diversité sociale, diversité politique, diversité syndicale.
Je pense qu’il faudra retisser et renouer un vrai dialogue social. Pas d’une manière frileuse, mais pour faire de chacun des acteurs de l’avenir pour rendre notre société plus juste.
Cette exigence de justice passe également par une fiscalité plus équitable.
En effet, nos compatriotes doivent être assurés que l’effort sera partagé, que les plus riches ne seront pas exemptés de l’effort nécessaire de solidarité.
C’est pourquoi le bouclier fiscal, perçu comme injuste par les plus modestes, doit être supprimé. Ce qui nous imposera de réformer notre fiscalité du patrimoine, en taxant les revenus du patrimoine plus que le patrimoine lui-même.
Je me réjouis qu’une grande partie de la majorité et du Gouvernement se soient ralliés à cette thèse.
Et puis la justice, c’est aussi simplifier la fiscalité. On ne parle plus d’impôt à la source. Je vous fais la proposition d’y retravailler.
Je puis vous dire que, sur toutes ces questions fiscales et de maîtrise de la dépense, de justice, le groupe Nouveau Centre restera très engagé.
Cet assainissement de nos finances publiques, l’engagement pour le retour de la croissance doivent être mis au service d’une vraie solidarité : ils en constituent même le socle.
Enfin, pour nous centristes, la qualité d’une société se distingue par le sort fait à ses aînés et à sa jeunesse.
Assurer la prise en charge de la dépendance, c’est probablement l’un des plus grands défis auquel nos sociétés occidentales vont être confrontées. Il ne faudra pas, dans les mois qui viennent, simplement ouvrir un débat ; mais il faudra qu’il aboutisse et qu’il assure, là aussi, la solidarité avec nos compatriotes les plus fragiles pour que ceux-ci ne se retrouvent pas exclus à l’automne de la vie mais puissent bénéficier d’un accompagnement auquel chacun a droit.
Et puis l’autre grand défi, c’est celui de notre jeunesse : on s’intéresse à elle, on s’inquiète quand elle descend dans la rue. Mais bâtir une France solidaire, c’est ouvrir des perspectives à notre jeunesse.
Je souhaite que l’on fonde un véritable pacte avec la jeunesse de France : comprendre ses aspirations, ses craintes ; soutenir et accompagner son autonomie, la préparer à sa vie professionnelle.
Quand on voit que 25% de nos jeunes sont au chômage, qu’un jeune sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté, que nombre d’entre eux sortent du système scolaire sans diplôme et sans qualification : cela, pour nous, c’est un constat cruel.
L’alternance, les parcours professionnalisant doivent être portés comme des filières d’excellence. Et arrêtons de former des jeunes dans des filières qui ne conduisent qu’à des impasses désespérantes.
Voilà Monsieur le Premier ministre, parce que les temps sont durs, parce que le chemin de la rigueur dans notre gestion collective reste devant nous, parce que nous avons une responsabilité majeure à assumer ensemble, parce que nous avons conscience des enjeux, les députés du groupe Nouveau Centre voteront la confiance, mais cette confiance, elle doit être fondée sur le partenariat qui repose sur une conception politique simple : c’est qu’il n’y a pas de succès possible pour un pays hors du rassemblement et pas de rassemblement possible sans considérer que la diversité est une chance pour construire l’avenir.