>>Quel bilan tirez-vous de la campagne de vaccination contre la grippe ?
Cette campagne de vaccination contre la grippe a été lancé dans le contexte de l’épidémie de COVID-19. pour protéger les personnes les plus vulnérables et éviter l’engorgement des hôpitaux. Malheureusement, l’impréparation et l’absence de stratégie nationale de vaccination nous mènent droit dans le mur. Deux fois plus de personnes ont souhaité se faire vacciner mais en l'absence d'un plan vaccinal cohérent et d'une commande suffisante de vaccins, des personnes à risque (personnes âgées, atteintes de cancers, de maladies rares ou chroniques par exemple et même personnel soignant) ne peuvent en bénéficier. Selon l'Union syndicale des pharmaciens d'officine, près de 80% des officines sont en rupture et le gouvernement cherche actuellement 3 millions de doses de vaccins sur le marché européen, voire mondial.
>>Quelles solutions préconisez-vous ?
Avec les anticancéreux et les médicaments traitant des troubles neurologiques, les vaccins représentent plus la moitié des pénuries constatées au sein de l'Union Européenne. La création d’une pharmacie européenne d'urgence (stocks de médicaments et vaccins prioritaires) est aujourd’hui impérative, tout comme la mise en place de politiques permanentes de coordination et de coopération sanitaire entre États membres. C’est en effet sur le long terme que doit se faire cette coopération si l’on veut éviter à l’avenir ces ratés et ces situations dramatiques en période de crise sanitaire.
>> Concernant le vaccin contre la Covid19, l’Europe va-t-elle participer à le diffuser ?
Les politiques de vaccination relèvent de la compétence des autorités nationales. Cela dit, la Commission européenne aide les États membres à coordonner leurs stratégies et leurs programmes pour augmenter la couverture vaccinale. Il y a quand même des choses qui se font dans le cadre de cette pandémie, qui sont une avancée extrêmement importante parce qu’on a des contrats d’achat anticipé qui ont été conclus par la Commission européenne au nom des États membres avec les producteurs de vaccins. Cela s’est fait par la mobilisation de l’aide d’urgence avec pratiquement 3 milliards d’euros.
>> C’est l’agence européenne du médicament qui doit valider les essais cliniques ?
Tout à fait et elle est extrêmement rigoureuse en la matière. Ce qu’il faut maintenant que des vaccins vont être produits, c’est définir une liste commune de la population et du nombre de personnes prioritaires. Ensuite, il va falloir que dans chaque État membre, il y ait les structures capables de stocker les vaccins., comme le vaccin Pfizer qui demande une conservation à moins 70 °C
Nous allons aussi avoir besoin de matériels : seringue, blouse et gants. La Commission européenne a déjà lancé sept appels d’offres pour le matériel des laboratoires, les gants, les combinaisons, les médicaments destinés aux soins intensifs ou le matériel médical nécessaire à la vaccination. Aujourd’hui, on va vers une gestion beaucoup plus harmonisée et intégrée au niveau européen..
>>Il reste aussi la question de la confiance, l’enjeu est que la population ait confiance pour qu’elle se vaccine
C’est quelque chose que l’on a voulu souligner dans la résolution dont nous discutons lors de cette session plénière. On luttera contre la réticence à la vaccination en faisant d’énormes campagnes d’information et en rappelant que ce vaccin répondra aux normes les plus élevées en matière de sécurité. Il faut aussi une certaine transparence aussi dans les contrats passés entre la Commission et les producteurs de vaccins. On sait bien que tout ne peut pas être transmis, c’est évident, mais au moins que les éléments principaux le soient.
On note aussi une volonté des producteurs de vaccins d’avoir un partage des responsabilités avec les États membres en cas d’effets secondaires. Ça n’est pas forcément de nature à instaurer un vrai climat de confiance. Nous devons éviter toute polémique inutile parce que ce serait de nature à mettre le doute dans la tête des citoyens alors que vraiment, ce vaccin est essentiel. Il est essentiel pour se sortir de cette crise non seulement sanitaire, mais économique et sociale.
(Propos receuilli par Fabien Cazenave pour Ouest France)
Nathalie Colin-Oesterlé
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