Finalement, après plus de 4 mois de conflits sociaux, après 12 journées d'actions syndicales contre ce texte, après 2 utilisations de l'article 49.3 de notre constitution qui autorise l'adoption d'un texte de loi sans débats à l'Assemblée Nationale, la loi Travail a été enfin adoptée.
Au bout du compte, c'est d'abord et surtout un immense gâchis d'énergie et d'opportunité qui subsiste à la fin de cet épisode politique. Gâchis, car nous avons bien que nous avons besoin d'une réforme en profondeur de notre législation du travail sur le temps de travail et les heures supplémentaires, sur la formation, sur le droit du licenciement et ses contreparties, sur les allocations chômage, sur les retraites. Au final, nous disposons d'un texte plutôt famélique dans lequel seul l'article 2, qui donne la possibilité à une entreprise de fixer par référendum interne un certain nombre de règles spécifiques, a pu être préservé.
Le reste est, comme beaucoup de loi de ce mandat, bavard et pour tout dire assez insignifiant.
Pourquoi donc à nouveau la France en miette sur ce débat ? alors qu'il faut absolument la rassembler de manière consensuelle autour d'idées forces et simples (Oui l'entreprise est d'intérêt général ! Oui il faut tout faire pour rendre compétitive nos entreprises !).
Pourquoi ce malheureux texte vidé de sa substance hors son article 2 ?
Parce que le gouvernement a obéi à des objectifs politiciens plutôt qu'à une démarche profonde de long terme comme l'exigeait l'enjeu. Il a méprisé l'absence de mandat populaire et démocratique pour faire cette réforme.... pas un mot sur ce projet dans le programme présidentiel de Monsieur Hollande.
Il fallait donc impérativement aller chercher la légitimité parlementaire, elle a été bafouée à 2 reprises par l'utilisation du 49.3.
Sur un sujet aussi central que celui de la législation du travail, il fallait organiser une concertation à l'Allemande avec du temps, avec l'ensemble des parties prenantes, alimentées par de véritables comparaisons entre la France et ses concurrents internationaux. A l'invers, on a eu une démarche brutale, opaque et indigne de la grande démocratie qu'est la France.
Enfin, de telles réformes de fond doivent être faites avec une opinion publique favorable à ses réformes, une majorité soudée et mobilisée à l'Assemblée... bref ce sont des réformes de première mi-temps de mandat présidentiel, celle-ci arrive de manière catastrophique pendant la dernière année du mandat de François Hollande.
Lourde, très lourde est la facture de ce qui restera un nouvel échec de construction d'un consensus sur la question du travail en France.
François Hollande en porte la responsabilité.
Vivement 2017.