10.05.2016

"La jeunesse, grande oubliée de celui qui en avait fait sa priorité pour le quinquennat" par Philippe Vigier

Selon une étude de l'IFOP, plus de 80% des jeunes ne se sentent pas entendus par François Hollande et ne comprennent pas sa politique. Pourtant, les boursiers se sont récemment vu promettre une aide à la recherche du premier emploi et les organisations étudiantes une surtaxation des CDD pour "favoriser l'embauche en CDI".

Après avoir acheté le silence des syndicats en détricotant la loi travail, François Hollande essaie d'acheter celui des jeunes en leur promettant un chèque à la fin du mois. Celui qui a fait de la jeunesse "la priorité de son quinquennat" la sous-estime s'il croit qu'elle va se contenter de 200 euros mensuels. Elle veut trouver un emploi, pas faire la manche.

La situation des jeunes Français est alarmante. Selon l'Observatoire de l'Institut national de la jeunesse, le taux de pauvreté des 18-24 ans avoisine les 22,5%. Plus d'un quart des sans-domicile-fixe sont des jeunes de 18 à 29 ans et 34% des 15-39 ans ont un emploi précaire.

Heureusement, François Hollande a mis en œuvre une solution qui devait tout régler : les emplois d'avenir. Quel succès ! 23,2% des 15-24 ans sont encore au chômage... Même la moyenne européenne est plus satisfaisante. Le président de la République se félicite aussi d'avoir sorti de sa "boîte à outils" les contrats de génération. Fin juillet 2015, seulement 40 000 contrats avaient été signés, alors que 220 000 étaient espérés pour parvenir aux 500 000 promis en 2017. Leur effet sur le chômage est d'ailleurs quasiment négligeable : près des deux tiers des jeunes en ayant bénéficié travaillaient déjà dans les entreprises concernées.

L'impuissance de l'exécutif ne s'arrête hélas pas là. Le gouvernement s'est donné pour objectif de diviser par deux le nombre de décrocheurs d'ici 2017. Or, 150 000 jeunes quittent encore chaque année l'école sans diplôme. Lors de ses vœux à la jeunesse, François Hollande est même allé jusqu'à faire l'éloge du service civique, pour lequel plus d'un jeune sur deux ne trouve pas de mission... Bref, l'ambition affichée pour la jeunesse s'est transformée en une impasse généralisée. 

Aujourd'hui, on nous présente le projet de loi égalité et citoyenneté comme "le dernier grand texte du quinquennat". Que contient-il de si révolutionnaire ? La valorisation de l'engagement étudiant sous la forme d'un cours validé... Et le lancement d'une campagne de concertation sur l'insertion professionnelle des jeunes. A quoi va-t-elle servir quand syndicats et patronat ont déjà été invités à négocier des mesures d'accompagnement il y a quelques semaines ? Pire encore, le gouvernement essaie de faire diversion en voulant ouvrir un débat sur la dépénalisation du cannabis.

Parce que la jeunesse n'a pas vocation à demeurer la génération sacrifiée du quinquennat et qu'elle ne demande pas l'aumône, trois décisions doivent être prises sans délai.

Baissons le coût du travail et les jeunes trouveront un emploi. Une diminution massive des cotisations sociales familiales, que l'on pourrait compenser par l'augmentation du taux normal de TVA dans le cadre d'une TVA compétitivité, inversera la courbe du chômage si chère à François Hollande et dynamisera l'embauche.

Je crois ensuite que la façon d'améliorer le niveau de qualification de notre pays passe par la révolution qui consiste à réduire les formations générales au profit des formations qualifiantes, et cela ne peut passer que par l'alternance. N'ayons pas peur de lancer un grand chantier en faveur de l'apprentissage pour en faire une voix d'excellence et permettre à tous les jeunes de se former à un métier dès 14 ans.

Enfin, nous devons, une fois pour toutes, mettre un terme à la politique de l'autruche : les enveloppes distribuées à quiconque veut bien tendre la main sont des cache-misère. Un coup de pouce à la rémunération des apprentis ne va pas les aider à trouver un appartement : seule la construction d'un grand plan de logement étudiant est susceptible d'accompagner les jeunes dans leur démarche d'insertion dans la vie.

"Est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012 ?". Ainsi parlait le candidat Hollande quand il évoquait ce sur quoi il voulait être évalué... On sait désormais que la réponse est non.

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