Témoignage de Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon, une commune de plus de 30 000 habitants appartenant à la région Île-de-France.
Vous faites partie de ces maires qui ont demandé un report de la rentrée scolaire, prévue ce lundi 11 mai. Pour quelles raisons ?
J'ai en effet publié et signé une tribune avec 300 maires d'Île-de-France dans laquelle, je le rappelle, nous ne réintérrogeons pas la réouverture des écoles mais les conditions de cette réouverture.
Le protocole sanitaire adressé aux Maires pour protéger les enfants, les enseignants et les personnels communaux ne peut être appliqué en quelques jours. Il nous faut être pragmatique en donnant du temps à l'ensemble des acteurs de mettre en place les aménagements nécessaires pour garantir la sécurité sanitaire de tout le monde.
J'ai bien conscience que le décrochage scolaire est une véritable problématique. Mais il est important de rappeler que cette rentrée partielle et exceptionnelle ne pourra pas résoudre entièrement les inégalités sociales et d’apprentissage.
L'un des autres sujets majeurs de ce déconfinement est celui des transports. Quels dispositifs avez-vous mis en œuvre ?
La reprise du 11 mai bouleverse de nombreuses organisations et il est de la responsabilité des élus locaux de proposer des solutions aux habitants. Ainsi, depuis quelques semaines, la Région, le Département et les villes voisines de Viry-Chatillon travaillent ensemble pour proposer des solutions alternatives aux transports en commun, comme l'aménagement de la RN7 pour les cyclistes et les piétons et de certains itinéraires secondaires ; ou l'utilisation des cars de tourisme pour désengorger les RER.
J'appelle également les entreprises à favoriser le plus possible le lissage des horaires de travail et le maintien au maximum du télé-travail si elles le peuvent. Cela permettre d’éviter l’engorgement des rames lundi matin.
Comment avez-vous géré cette crise du COVID-19 en cette période de confinement ?
Nous avons fait le choix de concentrer nos actions sur la sécurité sanitaire des habitants de Viry-Chatillon et la solidarité envers les professionnels de santé, les pompiers, les policiers nationaux et municipaux et tous les métiers mobilisés depuis le début du confinement (caissiers, ripeurs, associations d’aides à domicile…) et envers les commerçants toujours ouverts (boulangeries…) afin qu’ils accomplissent leurs missions dans les meilleures conditions. Nous leur devons beaucoup en cette période très difficile.
Nous amenons régulièrement des masques de protection grâce à la dotation reçue de la Région Île-de-France. Notre ville ne manque pas de talents et de générosité, de nombreux habitants ont confectionné des masques (avec des imprimantes 3D) ou des blouses qui sont distribués régulièrement.
Nous avons une attention particulière pour les plus fragiles en travaillant en étroite collaboration avec les établissements de santé et les EHPADs du territoire mais également en contactant quotidiennement les habitants de plus de 70 ans.
Afin de faire respecter le confinement, nous avions pris un arrêté dès le 31 mars pour que les commerces alimentaires et de vente à emporter ferment leurs portes à 21h00 et rouvrent le lendemain à 6h00. Pour ne pénaliser aucun commerce, nous avions calé cet horaire sur l'heure de fermeture des supermarchés. Une mesure qui a ensuite été reprise par la Préfecture de l’Essonne.
Nous avons également ouvert un lieu pour les professionnels de santé afin qu’ils puissent se changer avant et après leur travail pour éviter qu’ils contaminent leur foyer. Ce lieu leur permet de prendre une douche, de laisser leurs affaires et de les récupérer une fois leur journée terminée.
Cette crise sanitaire inédite nous a imposé de penser autrement et d’innover pour permettre le respect strict du confinement et assurer la sécurité des habitants de Viry-Chatillon.
Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement face à cette crise ?
Je ne sais pas si c’est à moi de juger l’action du Gouvernement et surtout si c’est le bon moment. L’heure est à l’action pour protéger au mieux la population et non aux remises en question. Nous aurons tout le temps après de faire un bilan des actions et de la communication du Gouvernement.
Aujourd'hui, nous devons concentrer nos efforts pour sortir de cette crise et rassurer les Français. Demain, nous penserons au monde d’après, à notre façon de vivre et aux leçons à tirer de cette crise.
Jour après jour, nous nous interrogeons sur notre mode de vie et notre façon de consommer. De nature optimiste, je me plais à penser que cette crise nous permettra de (re)penser le monde de demain et de ne pas commettre les mêmes erreurs que ces dernières décennies.
Revoir l'interview de Jean-Marie Vilain dans l'émission C à vous