Jean Hingray, maire de Remiremont, une commune de près de 9 000 habitants des Vosges dans la Région Grand Est, président du Conseil d'Administration d'un hôpital et de quatre EHPADs, est en première ligne face à la crise sanitaire qui sévit particulièrement dans sa Région. Il témoigne.
Vous êtes maire d'une commune de la Région Grand Est qui est particulièrement touchée. Comment gérez-vous cette crise du COVID-19 en cette période de confinement ?
C'est une période difficile pour nous, maires, car on doit gérer les choses à distance par téléphone. Il faut avouer qu’en terme d’organisation et d’actions coordonnées, ce fut la cacophonie au début. Mais les différents services et institutions ont fini par réussir à s'organiser. En tant que Président du Conseil d’Administration de l’hôpital et de quatre EHPADs, il m'a fallu gérer un manque de matériel évident au début de la crise. J’ai dû faire fonctionner mon réseau pour livrer des blouses et des masques. Nous avons en peu de temps réussi à mettre en place à proximité de l’hôpital dans l’école Jules Ferry un accueil scolaire et périscolaire ouvert 7 jours sur 7 aux enfants des personnels soignants (auxiliaires de vie, IME, Foyers, Médecins généralistes, infirmiers libéraux…) avec toutes les précautions sanitaires requises. C’est une aide précieuse.
Un peu avant la crise, j’ai annulé toutes les manifestations organisées et ai fermé notre mairie au public. Nous avons mis en place un numéro d’urgence avec le CCAS pour gérer les personnes âgées et les cas de violences faites aux femmes. Ce numéro est également une cellule d'écoute et d'accompagnement pour les personnes isolées. J’ai fait désinfecter les rues, le mobilier urbain, et ai pris des mesures plus strictes que préconisées par l’État pour interdire les balades sur la voie verte et sur le plan d’eau.
Quel regard portez-vous sur l'action du gouvernement ?
Je trouve que le gouvernement est dépassé par les événements malgré les bonnes mesures mises en place. Ils doivent gérer l’inaction du bilan passé de François Hollande. On le voit sur le dossier de l’hôpital : il y a eu des restrictions budgétaires et des fermetures de services. Or la population a besoin de services de proximité. J’espère que le plan d’actions sur l’hôpital annoncé par le chef de l’État portera ses fruits. Il faudra à un moment régler les comptes avec les personnalités politiques précédentes qui n’ont pas pris leurs responsabilités.
Les maires sont directement au front mais sans les moyens d’actions et d’informations nécessaires. Le poids de l’élu est diminué par rapport à celui de l’administration. Les élus locaux ne peuvent plus décider autant qu’avant, l’administration gère les règles du jeu. C’est une guerre d’influence dans laquelle le politique a perdu le pouvoir. On a besoin d’un hôpital fort et d’élus forts.
Je tiens en ces moments difficiles à saluer l’abnégation du personnel santé, des services de police, des sapeurs-pompiers… en somme, de tous les héros ordinaires. Ils sont les maillons de la République, leur travail acharné devra être revalorisé à l’issue de cette crise.