Alors que se tenait mardi la dernière manifestation contre la loi travail, laquelle mobilise plus de 1 200 policiers et gendarmes, j’aimerais rendre hommage aux forces de l’ordre, qui depuis quatre mois assurent la sécurité des Français avec professionnalisme et dévouement. Malgré leur fatigue, elles sont sur tous les fronts : immigration clandestine à Calais, menace terroriste, Euro de football, zadistes en colère, violences urbaines tolérées par l’exécutif qui ne donne pas les ordres nécessaires à l’interpellation d’individus préalablement identifiés…
Il y a une dizaine de jours, la préfecture de police a justifié une interdiction par l’« épuisement des forces de police qui ont été mobilisées au plan national dans le service d’ordre de plus de 1 500 manifestations ». La seule journée du 14 juin avait engendré la dégradation d’un hôpital et blessé 200 policiers et gendarmes ! Débordées, elles sont en colère parce que ce qui était interdit hier est aujourd’hui autorisé, alors que l’on sait pertinemment que les rassemblements peuvent se terminer par des débordements insupportables.
Conscientes que le droit de grève est sacré même sous l’état d’urgence, elles font tout pour protéger les manifestants, dans des conditions de maintien de l’ordre particulièrement difficiles.
Amères, elles subissent de plus en plus les violences de voyous venus expressément pour les frapper – on se souvient de l’incendie en plein Paris d’une voiture de police avec deux fonctionnaires à son bord. Depuis le début du conflit, près de 600 policiers et gendarmes ont été blessés…
Frustrés, elles sont lasses du décalage entre les discours du gouvernement et la réalité de leur travail quotidien sur le terrain. Alors que leurs missions s’empilent, aucun jour de récupération ni aucune prime ne leur a été proposée.
Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, 12 500 postes de policiers et gendarmes ont été supprimés. François Hollande avait de son côté promis 9 000 emplois supplémentaires : seuls 390 ont été créés sur la période 2012-2015. Quant à ceux inscrits au budget 2015, ils ont été amputés de 2 685 postes : en plein état d’urgence, le gouvernement a donc privé le pays de 1 390 policiers et de 1 077 gendarmes !
Notre priorité absolue devrait être de soulager nos forces de police et de gendarmerie, afin de faire disparaître chez elles un sentiment de perte de sens du métier et d’améliorer des conditions de travail rendues impossibles par le manque d’effectifs et les difficultés matérielles.
Il y a urgence à restaurer l’autorité de l’Etat, c’est une question de volonté politique. Non, la violence n’est pas une fatalité : si les forces de l’ordre avaient des instructions claires, elles auraient les moyens de protéger nos concitoyens.
Je demande une nouvelle fois que les manifestations soient interdites pendant l’état d’urgence, comme le gouvernement aurait dû le faire depuis le début. Il ne peut y avoir un état d’urgence à géométrie variable, seule compte la sécurité des Français.
Nous devons enfin être particulièrement vigilants sur la question du volontariat qui subit, depuis plusieurs années, une crise entraînant une diminution importante et régulière des effectifs. Il faut tout mettre en œuvre pour rendre plus attractif l’engagement volontaire par une politique nationale ambitieuse.
Solidarité indéfectible et sincères remerciements à nos forces de l’ordre, dont la mobilisation de tous les instants exige notre respect le plus profond.