L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing est décédé ce mercredi à 94 ans. « On lui doit la modernisation de la démocratie française » confie le président de la région Normandie.
« Giscard, c'est l'homme le plus intelligent que j'ai jamais rencontré ». Lâche ça, Hervé Morin. Joint par téléphone, le président des Centristes a appris la mort de Valéry Giscard d'Estaing, comme tout le monde, en fin de soirée ce mercredi. Un peu groggy, alors qu'il venait de savourer la victoire du PSG sur Manchester à la télé.
Il savait pourtant depuis la mi-journée que ce ne devait plus être qu'une question d'heures. Le mot est passé d'une bouche de centriste à une autre - « tu sais, Giscard est mourant », lui a-t-on murmuré. Le premier et seul président de leur sensibilité jamais élu dans l'histoire de la Ve République (tous ne sont pas d'accord sur le fait qu'Emmanuel Macron en soit une forme d'héritier), parti pour toujours.
« Il avait beaucoup de classe »
« Il avait la parole acerbe, beaucoup de classe, un homme racé comme on dit », poursuit Hervé Morin, qui, alors ministre de la Défense sous Nicolas Sarkozy, allait prendre un petit-déjeuner avec l'ancien président centriste, deux fois par an, rue Bénouville (XVIe arrondissement) où il résidait.
Giscard, il l'avait rencontré en vrai pour la première fois à l'Assemblée nationale, alors que lui devenait tout juste député. Le jeune parlementaire qu'il est le consulte, profite de sa connaissance encyclopédique de l'histoire politique récente. « C'était un régal, si seulement j'avais pu enregistrer ça. Il avait été un des acteurs majeurs de la vie politique française », poursuit Morin, précisant par ailleurs que l'intéressé ne semble avoir jamais digéré sa défaite de 1981, « convaincu que la trahison de Chirac l'avait fait perdre ».
Selon le président de la région Normandie, la France lui doit « la modernisation de la démocratie française ». VGE est élu en 1974, quelques années après les événements de Mai 68 qui ont considérablement bousculé la société. « Il a été le premier persuadé que l'expression politique devait changer, détaille Morin, rappelant que c'est lui qui abaissera la majorité et le droit de vote à 18 ans. Il avait la volonté d'apaiser la société française. »
(Article de Quentin Laurent pour le Parisien)