Lundi 16 novembre 2015, lorsque François Hollande annonçait sa volonté de réformer la Constitution suite aux attentats, je me suis levé pour l'applaudir, comme l'immense majorité des parlementaires prompts à prendre leurs responsabilités lorsque la sécurité des Français est menacée. Quatre mois et demi plus tard, il préfère les intérêts de la gauche à l'intérêt supérieur de la Nation, en annonçant qu'il renonce au Congrès.
Ainsi donc, le président de la République abandonne deux mesures dont il avait lui-même fait des priorités: la première permettait de s'assurer que l'état d'urgence était parfaitement efficace pour lutter contre la menace terroriste; l'autre symbolique la déchéance de nationalité- démontrait la détermination de la France à exclure de la communauté nationale tous ceux qui s'attaquaient à ses valeurs et à ses membres.
François Hollande ne peut accuser la droite sénatoriale. Il porte seul la responsabilité de son propre échec, qui n'a d'égal que son amateurisme. Comment l'exécutif pouvait-il ignorer qu'une loi de 1998 prévient la création d'apatrides, que la France a signé la convention de New-York de 1961 ou que l'apatridie est contraire au droit européen?
En lançant ce débat de manière improvisée, sans même avoir l'appui de sa majorité, il a enlisé notre pays dans des discussions interminables et stériles, sans qu'aucune mesure n'ait été décidée pour assurer la sécurité des Français. Cet énième renoncement de François Hollande démontre son incapacité à rassembler.
Il nous faut maintenant agir, pour armer la France face aux dangers du terrorisme. Le Parlement doit légiférer au plus vite, afin d'adapter l'état d'urgence aux menaces nouvelles et encadrer son utilisation. Nous devons prévoir des peines, à l'instar de l'indignité nationale, pour les Français partis apprendre la haine de la France et la barbarie du terrorisme dans les rangs de Daesh.
Les terroristes n'ont pas le moindre soupçon de considération pour la France et les Français. Je me souviendrai toute ma vie de l'attentat de la rue de Rennes, il y a trente ans, survenu alors que je faisais mon service militaire au Val de Grâce. Qu'attendons-nous pour attaquer le mal à la racine et stopper ceux qui déchirent le contrat national? Combien de victimes faudra-t-il encore pleurer pour que soit définitivement banni le prosélytisme de notre continent?
Le nombre de personnes radicalisées a plus que doublé en l'espace d'un an: il y en a aujourd'hui 8 250. Dans 20% des cas, ces personnes sont mineures. La radicalisation gagne nos écoles, nos prisons, internet, les lieux de culte et de travail, les associations, des centaines de familles désespérées par le départ d'un enfant pour la Syrie. La lutte contre ce phénomène doit devenir un chantier national prioritaire.
Par ailleurs, les attentats de Bruxelles devraient nous pousser à mettre en place une meilleure coordination au niveau européen - notamment s'agissant du contrôle aux frontières - et à débloquer les dossiers qui s'enlisent: l'accord sur les données "passagers" entre les Etats-Unis et l'Union européenne, la création d'un procureur européen pour les crimes graves transfrontaliers, l'institutionnalisation d'une Agence européenne du renseignement, la fusion des fichiers terroristes.
Quatre mois après le discours de Versailles, il n'y a pas de nouvelle possibilité de déchéance et le régime de l'état d'urgence est celui qui prévalait il y a plus de soixante ans. Pire, la parole publique ne vaut plus rien. On ne peut pas s'engager devant le Parlement réuni en congrès et revenir sur sa promesse en accusant l'opposition. Pas plus qu'on ne peut réécrire la Constitution pour apaiser les divisions de son propre parti.
Un "immense regret" pour Manuel Valls. Et pour l'ensemble des Français, à qui le gouvernement a, une fois de plus, menti.