Chers amis,
Laissez-moi d’abord vous dire le bonheur de vous retrouver ici en Normandie, à Epreville-en-Lieuvin.
Merci à François-Xavier Priollaud, notre nouveau conseiller régional, d’avoir eu, avec toute son équipe, l’idée de cette fête et de l’avoir organisée d’aussi belle manière. Ils ont même pensé à la météo !
Merci à Madame Degrain, à Nicole, qui nous accueille avec tant de gentillesse dans son magnifique Manoir. Elle qui depuis dix ans ouvre sa maison pendant plusieurs mois pour le spectacle vivant du Vievre.
Merci aussi à tous nos voisins qui ont fait le déplacement. Je sais qu’il y a aujourd’hui des picards, des franciliens, des bretons, des nordistes. Bienvenue à tous, et surtout merci d’être venus car je sais à quel point ces week-ends de rentrée sont chargés en sollicitations familiales de toutes sortes.
Mais vous voyez, je suis heureux et fier de vous accueillir dans cette Normandie où j’ai grandi, entre mer et bocages.
Ma France à moi, comme dirait la chanteuse Diams, elle est ici, auprès de chacun d’entre vous dans les réussites et les difficultés mais aussi avec le souvenir des anciens, ceux qui ont connu le temps des marchés aux bestiaux, des couteaux de poche qu’on offrait au petit-fils et des costumes de velours côtelés qu’on sortait pour les fêtes de famille. Ce sont les souvenirs de mes deux grands-pères normands, mendésistes, maires tous les deux pas loin d’ici. Et ils me sont d’autant plus chers qu’ils m’ont transmis l’amour de la terre et le bon sens paysan.
Pour moi cette rentrée politique normande est un peu une première mais je sais que pour beaucoup de centristes normands cette rencontre a un petit air de déjà-vu. En réalité avec ce rendez-vous dominical, nous renouons avec une vieille tradition de l’UDF normande, une tradition que nous devons à Michel d’Ornano.
Michel d’Ornano, Jean Lecanuet, et tant d’autres moins connus, les centristes et la Normandie, c’est vraiment une belle histoire de fidélité.
Et ce n’est pas tout à fait un hasard car la Normandie porte au plus profond d’elle-même toutes les valeurs du centre : la modération, l’exigence, la fidélité aux hommes, le goût du rassemblement et de la conciliation, la détestation de l’excès, de la radicalité, de l’outrance. De l’outrance des mots, des comportements, de l’argent.
Et notre rassemblement normand d’aujourd’hui, il est bien la démonstration que l’unité de la Normandie doit rester notre combat. On célèbre cette année le 1 100 anniversaire de la Normandie quand les socialistes, eux, continuent de s’accrocher à la Haute et à la Basse-Normandie.
- Quel dommage dans cette compétition impitoyable européenne et mondiale de se priver de la taille, de la dimension, de la capacité d’investissement, de l’influence politique qui nous permettrait de faire la Normandie la 4e région française pour peser comme il faut face à nos concurrents ;
- Quel dommage de ne pas utiliser la notoriété de la marque Normandie, qui est connue dans le monde entier grâce aux plages du Débarquement ;
- Quel dommage de retarder encore et toujours notre union alors que des projets tels que le grand Paris, le réseau TGV ou l’implantation de nouveaux sièges sociaux peuvent s’offrir à nous !
Nous sommes la plus vieille région française. Nous avons donné nos institutions aux Britanniques. Nous avons conquis tout le Bassin méditerranéen.
Notre culture est faite de dix siècles d’identité commune, de paysages communs, d’églises et de villages à l’identité si marquée et enveloppés de la même lumière.
Et dans le même temps nos défis de demain s’appellent Shanghai, Delhi ou Sao Paulo mais aussi les grandes régions allemandes ou espagnoles.
Notre histoire et notre géographie font de nous les passeurs naturels de notre pays vers l’Angleterre et les Etats-Unis et pourtant certains sont encore à disserter sur la Haute-Normandie, « pays de culture », et la Basse-Normandie, « pays de prairies », ou à se demander si la frontière entre les deux Normandie s’interrompt au-dessus de la plaine de Caen ou au niveau de la vallée de la Risle.
En dépit de l’évidence, de tous les rapports, de toutes les études, toutes positives sur la réunification de la Normandie, cette question n’avance pas et elle n’avancera, je vous le dis, que par la reconquête politique de nos deux régions.
Voilà c’est le petit message normando-normand que je voulais passer.
Mes Chers amis,
Je l’ai dit à quelques-uns tout à l’heure autour d’un verre, cette année j’avais pris mes vacances en juillet et donc j’étais sur le pont tout le mois d’août. Et je peux vous dire je n’ai pas chômé.
D’abord une journée avec les jeunes centristes pour faire la promotion de l’euro tout cela en plein krach boursier. C’était au cap d’Agde dans un camping. Savez-vous comment s’appelait ce camping ? Le camping de l’Elysée. Ca ne s’invente pas !
J’ai fait aussi une visite dans un centre de planning familial à Paris car on m’avait alerté sur les conditions d’accès de plus en plus difficiles à ces structures médicales au mois d’août pour que les femmes soient respectées dans leurs droits.
Et enfin une journée à Calais pour aller voir sur le terrain la situation de l’après Sangatte.
Et il y a eu ce dimanche 14 août où j’ai passé toute la journée en Bretagne avec les familles des soldats tués en Afghanistan du 3e RIMA qui avaient organisé une belle manifestation, très conviviale, en leur souvenir.
Vous savez, on dit que c’est une rencontre avec des mères de soldats décédés pendant la seconde guerre mondiale qui a décidé John Kennedy de se lancer en politique, et cela ne m’étonne pas. Il est des moments où l’on ne peut pas, où l’on ne peut plus tricher et où on voit si on n’est vraiment fait pour la politique.
En allant voir ces familles en Bretagne, je voulais aussi que leurs fils ou leurs maris ne soient pas des victimes anonymes.
Parfois je me faisais la remarque en regardant les 20 heures à la télé. Je faisais le parallèle entre ces journalistes otages, dont les noms, les prénoms et la photo revenaient chaque soir en fin de journal télévisé, et nos soldats tués en opération extérieure, qui, eux dans les medias apparaissaient souvent comme des numéros, le 51e tué, le 52e soldat tombé, etc. Aujourd’hui, le 74e soldat tombé.
Je vous avoue que cette inégalité de traitement m’a toujours choqué. Mais je crois que le président de la République et le Premier ministre ont eu les mots et les gestes nécessaires le 19 juillet aux Invalides lors de l’hommage national à nos huit soldats morts. Non, ils ne sont pas morts pour rien. Ils sont morts pour la France, pour la paix, pour la démocratie, pour leurs camarades, et en même temps il faudra savoir partir de façon organisée et planifiée car nous sommes là-bas depuis dix ans.
Alors, ces sacrifices ne doivent jamais restés anonymes. Il y a bien sûr des associations qui perpétuent le souvenir comme celle à laquelle j’ai rendu visite, mais j’espère aussi que le moment venu, quand la guerre en Afghanistan sera terminée, la Nation saura érigée un monument national en mémoire de ces soldats. Combattants de la paix, ils y ont droit au même titre que les combattants d’Afrique du Nord ou que les paras de Bigeard.
Mes Chers amis,
Je vous ai parlé tout à l’heure de la réunification de la Normandie. Je voudrais vous parler maintenant d’une autre réunification. Mais au moins celle-là, elle avance : c’est celle des centristes.
Il y a un an, au centre, nous étions une simple addition de formations politiques plus ou moins grandes, mais à coup sûr dispersées, et donc sans influence : Aujourd’hui, l’union progresse.
Les CENTRISTES, le Parti Radical, la Gauche moderne et la Convention démocrate : toutes réunies ensemble sous le même étendard de l’Alliance Républicaine, écologiste et sociale.
Ce message d’unité, nous l’adressons d’abord à tous ceux qui ont annoncé un peu vite la mort du Centre :
- un message à celui qui nous a souvent dit que le Centre n’existait pas ;
- un message à tous ceux qui clamaient que nos divisions étaient trop fortes ;
- un message à tous ceux qui affirmaient que nos idées n’avaient plus d’avenir parce qu’elles avaient été absorbées par les autres ;
- un message, donc, à tous ceux qui nous ont enterrés un peu vite.
Cette unité est nécessaire mais je le dis très franchement, je ne veux pas que cette union devienne un marché de dupes, et certainement pas pour Les CENTRISTES que nous avons mis tant d’énergie à construire depuis 2007 dans l’indépendance et dans un accord politique clair.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
UN : Cela veut dire que nous aurons un candidat à l’élection présidentielle d’avril 2012, et je dis bien un candidat pour le printemps 2012 pas un candidat seulement pour l’hiver 2011. Celui qui sera désigné, en clair Jean Louis Borloo ou moi, devra prendre l’engagement d’aller jusqu’au bout. Quels que soient les sondages. Quelles que soient les pressions. Quelles que soient les difficultés d’une campagne. Moi, en avril prochain, je veux voir des bulletins de vote avec le nom de notre candidat. Je ne me contenterai pas d’une belle annonce de candidature en octobre ou novembre et ensuite pschitt, plus rien.
DEUX : Il faut que ce candidat soit réellement indépendant de l’UMP. Indépendant financièrement. Indépendant intellectuellement. Mais aussi indépendant politiquement. Si je dis ça, ce n’est pas tout à fait par hasard. Savez-vous combien de députés radicaux ont quitté le groupe UMP à l’Assemblée nationale depuis les grandes déclarations d’indépendance du printemps ? Je vais vous le dire, ce n’est pas difficile à calculer. Zéro. Aucun. Je leurs dis à nouveau, comme le leur disait François Sauvadet, notre porte est grande ouverte pour un groupe commun.
Et surtout je vous pose la question quelle sera la crédibilité d’un candidat soutenu par des élus qui auront une jambe dans chaque parti ? Oh, je connais par cœur les arguments.
J’entends bien les appels à l’unité à droite et au centre. A chaque élection depuis 1965 on y a droit.
Vous jouez contre votre camp… Vous crachez dans la soupe… Vous faites le jeu du Front national… Chaque fois la même histoire, chaque fois le même refrain inventé par nos amis de l’UDR, du RPR puis de l’UMP.
C’est pourtant une contre-vérité historique, car la pluralité des candidatures à droite et au centre nous a permis de gagner à de multiples reprises sous la Ve République. De Gaulle et Lecanuet en 1965, Pompidou et Poher en 1969, Chaban et Giscard en 1974 mais aussi Balladur et Chirac, Bayrou et Chirac, Bayrou et Sarkozy. Et quand nous avons perdu, c’est parce qu’il y avait des raisons objectives de perdre ou des erreurs politiques ahurissantes comme la dissolution de 1997.
C’est toujours dans la diversité que la droite a gagné ; jamais dans l’uniformité. Et je vous le demande, pourquoi ce qui est un atout à gauche serait un handicap à droite ? Vous connaissez un candidat aux primaires socialistes qui se plaint de la candidature d’Eva Joly ou de Jean-Luc Mélenchon ? Pas un. Ils savent qu’ils se retrouveront au second tour. Ils savent que leur diversité fait leur force. L’élection présidentielle c’est finalement notre vraie élection proportionnelle et c’est important que la démocratie s’y exprime, à gauche comme à droite.
La France est diverse. Elle ne se résumera jamais en un seul parti, à une seule candidature au 1er tour de l’élection présidentielle.
A la diversité de pensée, de culture, de racine de la société française. A la complexité des problématiques et des solutions doit correspondre la polyphonie de notre expression politique.
J’ai encore en souvenir ma conversation avec Nicolas Sarkozy en avril 2010 lorsque pour m’intimider, il m’a dit de façon très accorte que si je voulais continuer à vouloir un candidat centriste, je serais viré du Gouvernement. Et de me soutenir qu’il n’y avait pas besoin de candidat centriste car nous pensions la même chose sur tous les sujets et même sur l’Europe. Eh bien non, nous ne pensons pas la même chose sur l’Europe !
Pour lui, l’Europe se résume à des négociations entre chefs d’Etat alors que moi je crois qu’il nous faut au contraire des institutions européennes fortes pour penser, construire, réagir. L’harmonisation fiscale, le fédéralisme économique, la convergence sociale, la protection de nos frontières européennes sont intimement liés au respect et à la construction d’institutions européennes en charge de l’intérêt général européen.
Mes Chers amis,
Il n’est pas question pour moi que les centristes restent dans les coulisses de la prochaine élection présidentielle. Et je ne veux pas non plus qu’ils en soient de simples figurants.
Si j’ai décidé de m’engager dans l’Alliance avec Jean-Louis Borloo, c’est justement pour permettre à notre famille politique de se donner les moyens de gagner les élections de 2012.
Gagner ou peser. Etre dans la majorité n’a d’intérêt, et surtout de dignité, que si on peut appliquer ses idées, et en tout cas celles qui vous sont essentielles, dont vous vous êtes portés garant devant les Français, et si on peut discuter celles de ses partenaires, pas simplement s’y soumettre.
Le bouclier fiscal était une erreur. Dommage que nous n’ayons pas été entendus en 2007. Plusieurs nominations étaient des erreurs. Dommage que nous n’ayons pas été entendus. La défiscalisation des heures sup’ ne règle pas l’erreur historique des 35 heures. Dommage que nous n’ayons pas été entendus.
Si nous sommes au second tour, nous gagnerons.
Et si nous ne sommes pas au second tour, nous pèserons dans le cadre d’une véritable coalition au pouvoir, pas dans le cadre d’un ralliement des hommes et encore moins d’une capitulation. A ceux qui disent « négocions des sièges de députés et abandonnons le combat présidentiel » je réponds que si nous ne sommes pas là pour défendre nos idées, nos valeurs et notre projet, alors quel est le sens de notre existence ? Que représentons-nous, sinon nous-mêmes ? Et il sera toujours temps de construire des candidatures d’unité pour les législatives comme au bon vieux temps de l’UDF et du RPR, qui prendront en considération le poids électoral et l’influence de chacun.
Ce que je veux, c’est une coalition comme dans la plupart des pays d’Europe ;
- une coalition qui empêche la monarchie républicaine et l’hyper-concentration des pouvoirs ;
- une coalition qui respecte la diversité de la société française ;
- une coalition qui permet la confrontation des idées et des projets.
Mes chers amis, je le répète, nous devons être ceux qui portons cette idée que la majorité de second tour se fera sous forme d’un contrat de gouvernement et non du ralliement des hommes à un autre, comme on éplucherait un oignon.
Nous serons les gardiens et les garants vigilants de principes, de mesures et de réformes qui nous semblent fondamentales. Ce doit être notre engagement auprès des Français.
Et sur la sujet majeur du moment, le retour à l’équilibre de nos finances publiques, je vous le dis très clairement :
- Si les centristes avaient pu peser sur la majorité depuis 2007, et bien notre dette ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ;
- Si les centristes avaient pu peser dans la majorité, la règle d’or serait adoptée depuis belle lurette.
Oui, je le dis sans ambiguïté, j’ai apprécié l’engagement du président de la République dans cette crise financière et les solutions qu’il a tenté d’apporter mais s’il avait traité la composante centriste de sa majorité avec un peu plus d’écoute, il n’aurait pas eu besoin de passer l’été come un pompier dans un canadair au-dessus d’une Europe monétaire en flammes.
J'entends encore le président de la République, lors de la révision constitutionnelle de 2008, balayer d’un revers de main définitif la règle d'or. A quoi bon une règle d’or ? La réduction des déficits n’était selon lui qu’une affaire de volonté politique et pas une question d’engagement constitutionnel.
Que ce virage à 180° soit un coup politique pour mettre le PS en difficulté, sans aucun doute ! Qu’il s’agisse d’un coup politique qui permet au président de la République de se refaire une virginité alors que depuis le début du quinquennat, la dette s’est accrue de 600 milliards d’euros, sans aucun doute ! Les esprits malins ne pourront s’empêcher de rappeler que c’est lorsqu’il était ministre du budget entre 1993 et 1995, que le déficit budgétaire a atteint des sommets. Au point qu’Alain Juppé devenu Premier ministre avait réagi avec des propos peu amènes au lendemain de l’élection présidentielle.
Peu importe tout cela. Je serai totalement à ses côtés pour voter cette règle d’or. Et je trouve irresponsable l’attitude du Parti socialiste qui, en s’opposant pour des raisons purement électoralistes, prend la France en otage et la met en danger. Si les socialistes s’obstinent dans ce jeu politicien, à l’inverse des autres socialistes européens comme en Espagne, et bien moi je demande l’organisation d’un référendum sur la règle d’or.
Ce débat montre bien à quel point la campagne de 2012 sera rude. Ce ne sera pas, comme je le croyais il y a encore quelques mois, une campagne où les Français rechercheront une présidence de rassemblement et d’apaisement. Oui, on recherchera un président qui rassemble mais on voudra aussi un président capable de renverser la table. Car les Français enragent de la sclérose des structures. Enragent de l’impuissance publique. Enragent des règles qui changent tout le temps. Enragent aussi des affaires qui secouent régulièrement une partie de la classe politique : Tapie, Bettencourt, Guérini…
Et le dernier feuilleton en date : les socialistes qui traitent aujourd’hui DSK comme un pestiféré ou comme un « malade mental » comme l’a dit Michel Rocard sur Canal +, alors que le même DSK était il y a trois mois celui qui avait toutes les qualités pour devenir président de la République.
En clair, ce ne sera pas une élection de poètes, de fébriles et d’indécis. Il nous faudra une candidature centriste qui porte un projet de rupture et de transformation de la société française et qui saura s’appuyer sur notre culture de rassemblement et d’ouverture.
Mes Chers amis,
Ma détermination à être candidat, à porter les couleurs du centre est intact. En aucun cas, je ne me déroberai à mes responsabilités. Je ne laisserai pas torpiller le message centriste.
Je sais que je ne suis pas le candidat des sondages.
Je sais que je ne suis pas le candidat des medias.
Je sais que je ne suis pas le candidat des milieux parisiens moi le fils de maçon et de paysan.
Moi, je veux être le candidat de la vérité, du courage et de la modernité.
La vérité, c’est porter un regard sans concession sur notre situation économique, sur l’état calamiteux de nos finances publiques. Pas un seul budget en équilibre depuis Raymond Barre ! Vous vous rendez compte !
Des pans entiers de notre économie s’effilochent progressivement. Des friches industrielles dans bien des régions françaises nous rappellent notre glorieux passé et aujourd’hui, même les secteurs qui nous semblaient invulnérables comme l’agroalimentaires se font tailler des croupières.
Notre commerce extérieur enregistre des déficits sans précédent mois après mois, et notamment avec la plupart de nos partenaires européens. 60 milliards d’euros de déficit commercial au 1er semestre 2011, c’est un record, quand l’Allemagne affiche des excédents gigantesques, y compris avec la Chine, tirant les fruits des réformes entreprises au début des années 2000.
Nous devons refaire de la France un pays de production, un pays d’industries, un pays de PME innovantes et conquérantes. Je veux un projet politique présidentiel qui concentre sa politique économique et fiscale en faveur des PME et je ne soutiendrai pas un projet qui n’en fait pas sa priorité.
Dire la vérité, cela suppose d’avoir du courage. Et notamment en matière de fiscalité. Qui peut croire que nous rembourserons 1 800 milliards d’euros de dette par un malheureux coup de rabot sur dix niches fiscales ? Il nous faudra autre chose que le plan gouvernemental de la semaine dernière. Un méli-mélo de mesures sans cohérence qui amène à taxer dans le même salmigondis les mutuelles, les résidences secondaires et les parcs à thème.
Comme tout cela n’a ni cohérence, ni vision d’ensemble, on a en retour, et très logiquement, le réveil des petits intérêts catégoriels, y compris un ancien Premier ministre qui se lance dans la défense de son Futuroscope, comme si la patrie était en danger.
Quant à l’impôt exceptionnel sur les Français les plus riches, vous savez qu’il a été mis à 500 000 euros de revenus. Vous en connaissez beaucoup vous des gens à 500 000 euros de revenus ? C’est clair, ce n’est pas à 500 000 euros qu’il aurait fallu placer la barre, mais bien au-dessous. Je propose pour ma part à 200 000 euros. A l’inverse, ce n’est certainement pas en proposant la réduction de l’indemnisation chômage des cadres qui trinquent comme les autres, surtout quand ils ont plus de 50 ans, et qui cotisent plus que les autres salariés, que l’on donnera le sentiment de plus de justice dans l’effort.
Ce n’est pas d’un coup de rabot fiscal dont notre pays a besoin mais d’un grand « Grenelle » de la fiscalité pour mettre l’impôt sur le capital au niveau de celui sur le travail, pour réduire massivement les cotisations et les charges en instaurant la TVA sociale afin de favoriser l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés et restaurer notre compétitivité et pour enfin rééquilibrer l’impôt des grandes entreprises et celui des PME.
- Trouvez-vous normal, comme l’a montré un rapport cet été, que des entreprises du CAC 40 paient en moyenne 8% d’impôt sur les sociétés quand les PME de province sont à 33 % ?
- Trouvez-vous normal que, malgré la crise et les besoins de financement des PME, les banques continuent d’engranger des profits records sans pour autant être mises à contribution pour le rétablissement de la zone euro ?
- Trouvez-vous normal que les grands groupes non délocalisables de l’assurance ou de la pétrochimie bénéficient des exonérations de charge sociale au même titre que les dernières entreprises survivantes du secteur du textile ?
Je n’aime pas le dire car je déteste les impôts en bon normand que je suis, et nous sommes le pays d’Europe où on paye le plus d’impôt avec la Suède mais je vous le dis et je prends date : compte tenu de la faiblesse de la croissance, nous aurons besoin d’augmenter les impôts pour nous éviter de connaître le drame de la Grèce. Ou bien ce seront nos créanciers qui nous dicteront notre politique.
Je vous le dis, je ne soutiendrai pas un projet politique qui n’aura pas le courage de clairement indiquer les voies du retour à l’équilibre. Cela passe, selon moi, par la réduction de la dépense. Et il ne suffit pas de le dire. Il faut expliquer comment.
Cela passe par l’accroissement des recettes le temps nécessaire. Et cela passe par une politique économique et fiscale en faveur des vrais créateurs d’emploi : le commerce, l’artisanat, les PME.
Vérité, Courage et enfin modernité.
La modernité de comprendre que le réveil de notre pays ne viendra ni d’en haut, ni de Paris, ni d’un homme ou d’une femme providentiel mais au contraire de la confiance que nous saurons accorder aux Français. Il y a dans notre pays des trésors d’inventivité, d’innovation et de création qui ne demandent qu’à s’épanouir.
Faire confiance dans un nouveau pacte social aux corps intermédiaires, aux initiatives de terrain, aux associations, aux syndicats, aux entreprises, aux collectivités locales. A tous ceux qui sont capables de porter la transformation du pays et qui sont bridés chaque jour par l’instabilité des normes et des contrôles des administrations.
Je le mesure à chaque étape du Tour de France que j’ai engagé il y a plus d’un an.
Ces rencontres, ce sont elles qui me donnent la foi et la force d’agir. Parce que je vois bien que si les tuyauteries de notre pays sont rouillées, si le système est archaïque et usé, les Français eux ne le sont pas. Parce que je vois bien aussi que la tâche est à la fois immense et en même temps assez simple. Que souvent, c’est juste un peu de bon sens – ce bon sens paysan dont je parlais tout à l’heure – qui nous remettrait dans le droit chemin :
- Comprendre que c’est à l’école que tout commence et tout se joue et que s’il y a une chose, un seul capital à préserver, c’est bien celui-ci.
- Comprendre qu’il n’y aura pas de progrès social possible dans l’avenir si nous ne parvenons pas à résorber massivement notre dette et à rétablir notre performance économique.
- Comprendre qu’il n’est plus acceptable qu’un patron du CAC gagne au moins cent fois plus que ses salariés quand il n’en gagnait que dix fois plus il y a vingt ans.
- Comprendre que la classe politique doit montrer l’exemple en matière de sobriété du pouvoir, de comportement, et en particulier en matière de cumul des mandats, si elle veut demander quoi que ce soit aux Français.
- Comprendre que face à la Chine ou à l’Inde, rien ne sera possible en dehors du cadre européen.
Et puis surtout comprendre que le marché, l’économie, le matériel, et bien ça ne fait pas une société, ça ne fait pas une communauté et même parfois ça la défait.
C’est cela ma société de la reconnaissance : une société du respect.
Du respect des Français : leur dire la vérité sur la gravité de la situation.
Du respect de notre démocratie et de nos libertés.
Une société du respect de ceux qui triment tous les jours.
Une société du respect attentive aux plus modestes et aux retraités dans laquelle chacun doit avoir sa chance grâce, notamment, à une école réformée en profondeur.
Mes Chers amis,
Les CENTRISTES se prononcera avant la fin de l’année sur son candidat à l’élection présidentielle. Libre à chacun de développer son projet, d’annoncer sa candidature, de former ses équipes.
Pour ma part, mon calendrier est clair : continuer à aller à la rencontre des Français, décliner mon projet comme je l’ai fait dans mon livre, me préparer pour l’élection présidentielle dans un cadre politique clair.
Ma route est tracée et je vous le dis aujourd’hui, sur ma terre natale, aussi sûr que je suis normand, je n’en dévierai pas.
Je vous remercie.