Mesdames et Messieurs, chers Amis,
J’ai annoncé ma candidature à la présidence de l’UDI par un courrier adressé aux membres du Comité exécutif hier soir et je souhaitais, par cette rencontre, préciser un certain nombre de choses.
Je mesure pleinement les responsabilités et les difficultés de la charge à laquelle je me porte candidat : aussi bien du point de vue de la situation interne de l’UDI que de la situation de notre pays.
Pour l’UDI, l’enjeu est selon moi de deux ordres.
Le premier est à succéder à Jean Louis Borloo. Ce n’est pas le plus simple, c’est clair. Grâce au travail qu’il a mené pendant près de deux ans, les centristes ont retrouvé une maison commune, une densité politique aussi, et surtout, ils peuvent maintenant s’imaginer non seulement un futur mais aussi un avenir.
Je m’engage bien sûr à poursuivre et à amplifier ce travail. Avec un objectif très simple : faire de l’UDI un vrai parti de gouvernement capable de construire autour de lui une majorité d’idées.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement être un parti de gouvernement ? C’est simple. C’est constituer une véritable alternative. Aujourd’hui, l’UDI est un nom, une marque qui commence à être bien installée dans le paysage politique – je vous rappelle que nous avons repris 53 villes de plus de 20.000 habitants sur les quelques 150 reprises par l’opposition et qu’avec le Modem, sans renier notre engagement européen, nous avons fait un bon score aux Européennes. C’est bien, inespéré même en moins de deux ans, mais nous n’incarnons pas encore aux yeux des Français une alternative. C’est cela le défi du futur Président de l’UDI. Et pour le devenir, cela suppose notamment de répondre à une série de questions.
Faut-il plus d’intégration dans nos structures ? Comment faire vivre nos fédérations en dehors des contextes d’élection ? Comment mieux débattre pour construire notre projet ? Comment préparer les hommes et les femmes qui auront mission de faire vivre et de mettre en œuvre notre projet politique ? Comment mieux associer les jeunes qui s’impliquent beaucoup ? Toutes ces questions, et d’autres, j’y répondrai durant la campagne si nous voulons faire de l’UDI un parti de gouvernement.
D’ores et déjà, afin d’être en mesure d’assurer l’unité de notre parti, je m’engage à démissionner de la présidence du Nouveau Centre dans l’hypothèse où je serais élu.
Et puis se pose bien sûr la question des présidentielles de 2017. Vous m’imaginez dire « l’UDI doit être un parti de gouvernement » et ignorer cette échéance. Ce serait malhonnête voire irresponsable. Donc, c’est bien clair pour moi, nous devrons tout faire pour y être présents. Mais tout faire ne veut pas dire faire n’importe quoi. Et être présent, ne veut pas dire être présent n’importe comment.
Mettre un parti en capacité de présenter un candidat pour la présidentielle et ensuite décider collectivement ou non d’une candidature sont deux étapes distinctes. La première est notre devoir, la seconde fait partie des options.
Si je suis président, l’UDI ne sera pas le responsable d’un nouveau 21 avril et encore moins d’un 21 avril à l’envers. Le poids du Front National nous impose de regarder les choses avec lucidité et responsabilité.
Donc je me répète, deux questions distinctes, deux périodes séparées, deux temps différents. La première nous bâtissons un projet, nous faisons en sorte d’être réellement différent de l’UMP et sur la forme et sur le fond, nous sommes destinés à être ensemble mais nous sommes différents. Dès lors, il devient logique pour les Français que nous ayons un candidat à l’élection présidentielle. Mais logique ne veut pas dire obligatoire. C’est pourquoi il y a cette seconde étape du choix collectif. En aucun cas, le futur président de l’UDI ne devra mener une aventure personnelle. Je prends cet engagement car je suis d’autant plus fondé à le dire que je sais de quoi je parle. La responsabilité première du président de l’UDI n’est pas d’être candidat mais de mettre en place un mode de décision collectif sur le fait d’y aller ou pas et sur le candidat ou la candidate à designer. C’est pour moi un engagement clair que j’affirme et que je tiendrai dans l’hypothèse où je suis élu.
Ce qu’il faut pour notre famille et pour l’UDI, et quoiqu’il arrive c’est dans tous les cas, qu’aucune majorité ne se fasse sans nous, qu’aucune loi ne puisse être adoptée sans notre accord et que nos idées soient enfin respectées.
Etre un parti de gouvernement, c’est donc, je l’ai dit, être capable de construire un projet de gouvernement réellement efficace et différenciant. Cette mission est d’autant plus cruciale que le PS est et restera exsangue et que l’UMP n’est plus qu’une addition d’écuries présidentielles. Des lors, l’UDI doit être prête à redresser la France.
Je voudrais d’abord que l’UDI soit le parti qui réussisse à convaincre les Français que notre constitution n’est plus la bonne. Oui, je crois que la Ve république est à bout de souffle et oui je crois qu’il y a un lien très fort entre la déréliction de nos institutions, à commencer par cette folie de l’élection présidentielle, et notre incapacité à reformer et à remettre notre pays dans la bonne direction. A l’inverse, je crois que les institutions allemandes parlementaires et fédérales comptent beaucoup dans la réussite économique de notre voisin.
Je voudrais aussi que l’UDI soit le parti qui fasse vraiment entrer la France dans la mondialisation. Regardons le scénario pathétique de la SNCF : des syndicats qui s’opposent à ce pourquoi il s’était battu et avait fait grève il y a 15 ans ; des millions de Français pris en otage par quelques centaines de grévistes pour des motifs aussi obscurs que politiques – l’extrême-gauche et la CGT qui règlent leurs comptes avec le PS – et au fond le vrai sujet, la préservation de leur statut. Et je vous pose seulement une question : qu’est-ce qui motive au fond en 2014 un tel statut dérogatoire pour les agents de la SNCF ? Est-ce une nécessité pour le service public ? Est-ce une juste contrepartie comparé à ce que vivent les Français dans leur travail quotidien ? Est-ce enfin un modèle pour lequel il faut se battre pour qu’il soit généralisé afin d’améliorer la performance globale de l’économie française ? Les questions ainsi posées rendent je crois la réponse évidente…
Tout cela en dit long sur l’impératif de pédagogie qui s’impose aux politiques français. Sans une pédagogie inlassablement répétée, nous ne réussirons pas à faire évoluer le modèle français. Et d’ailleurs tout cela renvoie à la question de l’élection présidentielle où on se fiche de la cohérence du projet et où la démagogie n’a pas de limite. Et d’ailleurs les difficultés des socialistes aujourd’hui sont directement liées au fait que François Hollande a raconté un autre film que celui qu’il joue aujourd’hui.
Mon deuxième défi est de faire de l’UDI le parti de la confiance et de la confiance retrouvées, donc le parti de l’emploi.
« Sans changement de politique économique, sans présentation d’une stratégie économique crédible (…) la France dans trois ans, c’est 3 millions de chômeurs, 3-4% de déficit, une dette à 100% du PIB, des jeunes très diplômés qui continuent de s’installer à l’étranger ». Ces propos ne sont pas de moi mais de la nouvelle conseillère économique de François Hollande, une sorte d’économiste humanitaire pour ainsi dire… En tout cas, je n’ai rien à enlever à ses propos. Je pense juste qu’elle aurait dû nous rejoindre à l’UDI plutôt que de rejoindre l’Élysée.
L’UDI doit être aussi le parti de la cohésion sociale. En aucun cas, nous ne devons opposer l’économique au social. Les ressources humaines doivent être au cœur de toute action publique.
L’UDI doit être le parti de l’écologie responsable. Nous devons miser sur le développement durable et la croissance verte, pari gagnant pour l’emploi et pour nos enfants.
Je voudrais enfin que l’UDI soit le parti de l’école, de l’université et des jeunes.
Constitution à bout de souffle, économie à bout de souffle et aussi école à bout de souffle. Toutes trois ont des raisons communes. Trop de centralisation, trop de règles, trop de lourdeurs car au fond faute de pouvoir réformer nous avons fabriqué des normes.
L’UDI doit être aussi le parti de la République et de la laïcité. Face à la tentation mortelle du chacun pour soi et du repli sur soi, nous devons réconcilier les Français avec la diversité d’une société de plus en plus complexe, en dépassant les clivages politiques, culturels et religieux, bref en redonnant du sens à cette formidable communauté de destin qu’est la République.
Construire tous ensemble un projet différent pour la France est la plus essentielle des missions du futur président de l’UDI. Ma conviction est qu’on ne bâtit pas un parti autour d’une élection, on le bâtit avec une équipe autour d’une pensée et d’un engagement, autour de valeurs, autour d’une volonté de dépassement.
Oui je veux construire une force politique qui soit vraiment le porteur de nos valeurs humanistes et républicaines, une force qui donne aux jeunes l’envie de s’engager et de se dépasser.
Oui je voudrais que notre parti ré-intéresse les jeunes et au-delà tous les français à la démocratie, qu’ il porte un idéal de société et qu’il ne soit pas simplement une machine à se répartir des postes et des honneurs, qu’il apporte un supplément d’âmes et pas un supplément d’égoïsmes et d’ambitions.
Je voudrais qu’il sache affronter le quotidien mais qu’il sache aussi ne pas s’y enliser.
Je voudrais qu’il parle aux Français mais qu’il sache aussi parler au monde.
Je voudrais qu’il donne du souffle et de l’oxygène à la vie politique française, qu’il sorte des sentiers battus, qu’il sache oser, risquer, déranger, parfois même déplaire, si nous sommes convaincus de penser juste, ou si nous avons raison trop tôt.
Je veux que l’UDI incarne le respect de la parole donnée et le courage, les deux vertus cardinales pour qu’enfin les Français se réconcilient avec les politiques.
L’élection du président de l’UDI au mois d’octobre sera très regardée dans ce contexte de déliquescence démocratique que je vous ai décrit. Le cauchemar continue, semaine après semaine, pour toute la classe politique française avec les nouvelles révélations sur les petits arrangements financiers de la grande maison UMP. Toute la vie politique française se trouve une nouvelle fois arrosée par leurs histoires et moi j’en ai marre. C’est heureux que, Philippe Vigier, notre nouveau Président de groupe, ait présenté les comptes du groupe la semaine dernière. Cela va nous permettre de dire aux Français que tous ne se comportent pas de la même façon et je l’invite vraiment à rendre publique la comptabilité de notre groupe pour que les Français puissent comparer et distinguer.
Je reviens à notre sujet. Pour cette campagne, l’UDI doit être exemplaire dans l’organisation de cette élection. Respect des statuts. Respect de notre charte. Campagne interne propre. Election la plus transparente possible de notre président ou de notre présidente. Et surtout, évidemment, rassemblement immédiat derrière lui ou elle sitôt son élection. C’est aussi mon engagement.
Si nous ne respectons pas nos règles, je vous le dis, c’est toute notre union qui sera menacée car dès lors plus personne ne sera engagé sur rien. Tout redeviendra comme du temps d’avant l’UDI et, en moins de 6 mois, je vous le garantis ce sera l’OPA assurée, de l’UMP ou du Modem ou des deux à la fois sur notre formation. Sans unité, poussière nous étions et poussière nous redeviendrons. Et ça, je ne le veux pas.
Dans toute ma vie politique, je n’ai jamais changé de ligne, jamais changé de parti, jamais changé d’alliance. J’ai toujours été fidèle à mes convictions et à ma famille politique : quand beaucoup ne résistaient pas au chant des sirènes de l’union, je suis resté à l’UDF. Quand François Bayrou a proposé un nouveau schéma d’alliance, j’ai créé Les CENTRISTES. Quand Jean-Louis Borloo, en dépit de notre histoire parfois compliquée, a su rassembler les centristes, j’y ai immédiatement participé et je n’ai ménagé ni mon temps, ni ma peine, pour faire vivre l’UDI dans les territoires par des dizaines de déplacements, sinon des centaines. J’ai toujours tenu mes engagements et suis resté fidèle à mes convictions même si nous avons connu des périodes difficiles ou des traversées du désert qui nous semblaient bien longues. Et qu’on se le dise bien, je n’ai pas fait tout ce chemin, je n’ai pas pris tous ces coups sans jamais dévier, pour mettre l’UDI dans les bras de l’UMP ni pour préparer le lit à quelqu’un d’autre, en l’occurrence François Bayrou, qui, au demeurant, doit déjà s’occuper de son propre lit ? A bon entendeur, salut !
L’UDI a retrouvé une densité, insuffisante encore mais elle existe et c’est pour moi très précieux. J’en ai assez que les indépendants, les démocrates, les humanistes soient quantité négligeable dans la vie politique française, décoration dans l’assiette, strapontins au cinéma. Et c’est pour cela que je veux que cette période électorale soit le début d’un nouveau départ et que nous retrouvions la place qui a été la nôtre il n’y a pas si longtemps, c’est-à-dire avec les premiers.
Je vous remercie.