Discours d’Hervé MAUREY
Sénateur de l'Eure
Conseiller régional de Normandie
Sénat
Paris
Mercredi 3 novembre 2021
Madame la présidente, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, « Soit nous stoppons le réchauffement climatique, soit c'est lui qui nous stoppe. » Cet avertissement du secrétaire général de l'ONU lors de l'ouverture de la COP26 fait suite à de nombreuses mises en garde formulées depuis maintenant des décennies, comme l'appel lancé par Jacques Chirac en 2002.
Nous le savons tous : les nombreux rapports des scientifiques sur le réchauffement climatique, notamment ceux du GIEC, se succèdent et sont, hélas, de plus en plus alarmants.
Le rapport publié en août dernier indique que la fourchette basse d'un réchauffement climatique à 1,5 degré serait atteinte vers 2030, soit dix ans plus tôt que ne l'annonçaient les prévisions antérieures.
Plus que jamais, il y a donc urgence à agir réellement et à ne pas se contenter de grandes déclarations.
L'accord de Paris de 2015 fixe un objectif commun : le maintien de l'augmentation de la température moyenne de la planète à un niveau inférieur à 2 degrés et la poursuite des efforts pour limiter l'augmentation de cette température à 1,5 degré.
Il prévoit également une méthode pour atteindre cet objectif. Les États parties doivent prendre des engagements, actualisés tous les cinq ans, dans la perspective d'un relèvement continu de l'ambition environnementale.
À ce stade, la deuxième vague de contributions n'empêcherait pas d'atteindre une hausse des températures d'environ 2,7 degrés d'ici à la fin du siècle.
C'est pourquoi nous ne pouvons que soutenir cette proposition de résolution qui appelle à un rehaussement des contributions déterminées au niveau national, comme l'ont déjà fait un certain nombre d'États – pas tous, malheureusement.
Quant à l'Union européenne, elle a fixé un nouvel objectif de réduction des émissions de 55 % en 2030 par rapport à 1990, contre 40 % précédemment.
Le rehaussement des engagements est l'un des principaux enjeux de la COP26, mais il en existe d'autres comme la question du financement et de l'accompagnement des pays en voie de développement, notamment des pays africains, responsables d'une part infime du réchauffement climatique.
Mais au-delà des engagements qui seront, je l'espère, pris à Glasgow, l'essentiel sera de les tenir. Malheureusement, force est de constater que tel n'est pas toujours le cas, tant s'en faut. À cet égard, je constate avec regret que la France est loin d'être exemplaire.
Le Haut Conseil pour le climat estime ainsi dans son dernier rapport que les émissions de la France devraient baisser presque deux fois plus vite pour atteindre les objectifs climatiques qu'elle s'est fixés. La récente condamnation de la France par la justice administrative pour son inaction climatique est un autre rappel à l'ordre.
Face à cette situation, les parlements, et tout particulièrement notre assemblée, doivent veiller au respect des engagements pris. Nous ne devons pas laisser les nombreuses associations, les ONG ou la justice jouer le rôle de vigie des engagements gouvernementaux en matière d'environnement.
N'oublions pas que nous votons la loi permettant la mise en œuvre des engagements internationaux ! Le Sénat a ainsi joué pleinement son rôle, notamment lorsqu'il a renforcé l'ambition de la loi Climat et résilience. Il faut aller encore plus loin, au travers d'études d'impact plus approfondies.
C'est nous qui votons le budget. Nous devons veiller à ce que les moyens soient mis en adéquation avec les ambitions annoncées et que la loi de finances donne la priorité à la lutte contre le réchauffement climatique.
Conformément à notre mission de contrôle de l'action du Gouvernement, il nous revient également de vérifier que celui-ci prend les mesures nécessaires et suffisantes. J'ai ainsi pu observer que l'État est loin de respecter la loi en ce qui concerne la part minimale d'acquisition de véhicules propres lors du renouvellement de sa flotte.
Vous l'aurez compris : au-delà du caractère crucial de cette COP, le plus important sera ensuite de maintenir le cap pour atteindre les objectifs fixés. C'est un travail que nous devons mener au quotidien en tant que parlementaires, mais aussi en tant que citoyens.