Chers amis,
Merci à tous de votre invitation en ce moment si important de la vie de votre parti et de nos familles politiques
Vous le savez, samedi dernier à Versailles, en présence de Jean-Louis, nous avons décidé avec Les CENTRISTES d’emprunter un chemin identique au votre
Et c’est un joli clin d’œil d’ailleurs la rencontre de nos deux parti :
- le plus vieux des partis et le plus jeune des partis
- le vôtre, plus que centenaire, chargé d’histoire, un parti presque consubstantiel à la République
Ce parti Radical toujours protégé par ses grands aînés Gambetta, Clemenceau, Edouard Herriot.. Un parti toujours en charge de protéger leur héritage, la laïcité, les droits de l'Homme, l'égalité des chances
- Rencontre donc entre vous et nous, Les CENTRISTES, encore tout récent, forcément moins connu mais avec des fondations désormais solides, avec son groupe parlementaire, ses 2 000 élus locaux et ses 17 000 militants
On annonçait dans tous les milieux autorisés, dans tous les couloirs, dans toute la presse, que votre décision serait difficile parce qu’il fallait quitter le navire-amiral, l’UMP
A la difficulté, vous avez répondu par le courage de l’indépendance
A l’emprise des liens partisans, vous avez répondu par la volonté de l’expression d’une alternative politique
A la protection tutélaire, vous avez répondu par l’émancipation et la maîtrise de votre destin.
Je sais très bien ce que cela représente ; ce n’est pas une petite décision, ni une mince affaire
Et je veux, du fond du cœur, la saluer
Chapeau bas Jean-Louis !
Chapeau bas Mesdames et Messieurs du Parti Radical !
Chapeau bas pour une décision difficile prise à 93 %
Je peux d’autant plus le dire que pour Les CENTRISTES, aussi, cela n’a pas été une décision aussi simple à prendre
- Nous aspirions au rassemblement mais nous étions heureux entre nous ;
- Nous voulions porter une alternative et donc être plus forts, mais nous craignions la dilution ;
- Nous cherchions à déverrouiller les portes mais nous voulions garder la clé de la maison.
Et ce n’était pas si facile car notre histoire est courte mais elle est celle d’un combat.
Ou plus exactement d’un déchirement et d’un combat
Le déchirement, vous le savez tous c’est le divorce du printemps 2007 avec François Bayrou
Un divorce douloureux pour nous tous
La loyauté de dizaines de compagnons de route – d’une route qui était loin d’être un boulevard quand à un an de la présidentielle nous étions à 3% dans les sondages – et que l’on a ensuite présenté comme une trahison, nous qui avons toujours assumé notre alliance à droite
La loyauté de dizaines de compagnons de route mais aussi l’énergie de milliers de militants, la confiance de millions d’électeurs, tout cela sabordé en quelques jours au nom d’une ambition personnelle sans équivalent
Nous l’avons vécu comme un immense gâchis : gâchis humain et gâchis politique.
Pensez-vous que le quinquennat aujourd’hui si diversement apprécié par les Français aurait eu la même physionomie si l’histoire politique s’était écrite autrement et si notre majorité avait pu marcher sur deux jambes
Je suis aujourd’hui convaincu que NON
- Est-ce qu’une vraie coalition aurait accepté le bouclier fiscal tel qu’il a été conçu ?
- Est-ce qu’une vraie coalition aurait toléré le discours entre la France de la diversité et l’accroissement de la délinquance ?
- Est-ce qu’une vraie coalition n’aurait pas été plus ambitieuse en matière d’éducation car mes chers amis, un pays qui accepte dans une complicité coupable et suicidaire que 20% de nos enfants à la sortie du CM2 sont en situation d’illettrisme est un qui court de graves dangers et qui créé toutes les conditions de ses difficultés de demain : le chômage, l’exclusion, la précarité, la délinquance
- Est-ce qu’une vraie coalition n’aurait pas été plus ambitieuse en matière de financement de la protection sociale pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés ; et je continue à dire que la TVA sociale est le seul moyen de réduire massivement les cotisations pesant sur les salaires et que les Chinois et les Indiens doivent financer notre sécurité sociale au moment où les Français achètent leurs produits.. Sincèrement, je crois que les choses se seraient passées différemment et que le Président de la République lui-même y aurait gagné s’il avait pu disposer d’une coalition certes loyale mais exigeante sur les principes et sur la conduite du pouvoir
Oui, notre impuissance à peser suffisamment sur les choix nous a coûté cher mais elle a coûté cher à toute la majorité et cela, je le dis à l’UMP qui redoute notre démarche : les Français n’oublieront pas cela au moment de la présidentielle
Ils voudront une majorité plus équilibrée, avec des garde-fous
Des garde-fous non pas pour empêcher mais pour agir mieux
En 2007, au Nouveau Centre, nous avons fait le choix de ne pas nous fondre dans l’UMP dont nous avions combattu non pas les hommes mais le principe même depuis des années
En 2007, nous avons fait le choix de reconstruire brique après brique la maison centriste
Et ce chemin que nous avons choisi en 2007, nous ne le regrettons pas aujourd’hui ! Non seulement par ce que cela a été une belle aventure humaine mais surtout, nous ne le regrettons pas aujourd’hui car vous êtes là
Car nous sommes ensemble, enfin retrouvés !
Je vous le dis, c’est notre plus belle récompense, et merci de nous l’avoir donnée
Nous sommes à nouveau ... et ils sont nombreux – vont poursuivre trois objectifs en permanence :
- Le premier sera de marteler que nous ne représentons pas le Centre et que François Bayrou, lui, le représente
- Le deuxième, c’est de faire la démonstration que nous ne représentons rien de sérieux
- Le troisième, c’est de chercher en permanence à nous diviser, surtout Jean-Louis et moi
Et bien je vous le dis, vous ne me trouverez jamais sur ce chemin-là
Vous ne me trouverez jamais sur le chemin de la division ; jamais sur le chemin du combat personnel
Je vous le dis clairement : je ne veux qu’une chose : que nous soyons assez unis pour porter une alternative ; assez forts pour que cette alternative soit crédible ; assez soudés pour que nous puissions gagner
Mes Chers amis,
Nous n’avons pas vocation à être d’éternels strapontins
Nous n’avons pas vocation à être d’éternels supplétifs
Nous n’avons pas vocation à être l’alibi d’un pouvoir concentré dans les mains d’un homme ou d’un parti
Et je vais vous faire une confidence : j’en ai marre, à bientôt 50 ans, de n’avoir jamais voté au premier tour pour le candidat qui ait gagné la présidentielle
Oui je veux construire avec vous une force politique qui soit vraiment porteuse de nos valeurs humanistes, républicaines et libérales ; une force qui donne aux jeunes l’envie de s’engager et de se dépasser
On dit qu’il n’y a plus beaucoup de jeunes dans les réunions politiques
Mais qu’est-ce que les partis donnent aux jeunes comme raison de venir et de s’engager ?
Un jeune ça marche aux valeurs et à l’éthique, pas à l’opportunisme et aux calculs ; ça marche à la justice pas aux inégalités ; ça marche à la générosité pas à l’affrontement ; ça tend la main aux autres peuples ça ne ferme pas les frontières ; ça voit l’avenir et pas seulement le quotidien
Oui, je voudrais que notre confédération ré-intéresse les jeunes, car si elle ré-intéresse les jeunes c’est qu’elle aura touché le cœur de tous les Français
Je voudrais que notre futur parti porte un idéal de société et qu’il ne soit pas simplement une machine à se répartir des postes et des honneurs, qu’il apporte un supplément d’âmes plutôt qu’une addition d’égoïsmes
Je voudrais qu’il sache affronter le quotidien mais qu’il sache aussi ne pas s’y enliser
Je voudrais qu’il parle aux Français mais qu’il sache aussi parler au monde et dire aux Français qu’il faut regarder le monde tel qu’il est
En fait, ce portrait c’est aussi pour moi celui de notre candidat à l’élection présidentielle
Nous avons un double devoir devant nous, celui de se rassembler mais de manière concomitante celui d’avoir notre propre candidat à l’élection présidentielle
Cette candidature, je ne la vois certainement pas comme une simple candidature de témoignage
Je la vois comme une vraie candidature alternative
Et je vous le dis comme je l’ai dit la semaine dernière au Nouveau Centre : je ne serai pas d’une confédération qui renonce à présenter un candidat à l’élection présidentielle ou qui serait aux ordres
J’ai lu comme vous que nous devrions nous retirer, que le risque d’un 21 avril à l’envers était trop fort, que nous devrions nous sacrifier sur l’autel de l’union
Mais je vous le dis solennellement, mes chers amis : si le seul moyen pour passer le 1er tour, c’est un candidat UMP unique pour la majorité, cela veut dire une chose très simple : c’est que nous avons déjà perdu
Et quand on nous dit que la division fait perdre, c’est une contre-vérité historique
Semaine après semaine, la candidature centriste est devenue une hypothèse puis aujourd’hui une évidence et bientôt chez beaucoup une formidable espérance
Qui aurait pensé cela il y a encore quelques mois alors que nous n’avions comme destin, comme aurait dit Georges Bidault du temps du MRP, que celui du « froment broyé entre deux meules » ?
Avoir un candidat centriste devient une évidence pas seulement parce que toute l’histoire de la Ve République est l’histoire de cette offre plurielle au premier tour mais parce que qui mieux qu’un centriste peut aujourd’hui répondre aux problèmes que se posent nos concitoyens ?
Qui mieux que les partis des pères fondateurs de l’Europe, des pères fondateurs de la laïcité, des pères fondateurs de l’économie sociale de marché peuvent répondre aux grandes questions qui se posent aujourd’hui ?
- sur la capacité de l’Europe à peser sur les affaires du monde grâce à une Europe fédérale
- sur la capacité de notre modèle républicain à intégrer ceux qui savent que le bleu, le blanc et le rouge ne sont pas seulement les couleurs du drapeau américain mais aussi celle du drapeau français
- sur la capacité de notre capitalisme à recréer une espérance de progrès social pour chacun
Pour conclure, je voudrais vous dire une nouvelle fois mon bonheur de nous voir à nouveau réunis grâce à cette confédération
Mais maintenant, je veux aussi vous dire que j’aspire à l’action.
Alain disait : « Qui délibère oublie de vouloir »
Et il avait raison
Il était important d’acter et de structurer notre rassemblement
Nous l’avons fait mais ce n’est pas l’essentiel, c’est désormais derrière nous
Il faut maintenant des preuves de vie
Et nous avons douze mois pour les donner
Douze mois pour transformer ce contrat en une réalité
Douze mois pour transformer cette réalité en espérance
Douze mois pour transformer cette espérance en une victoire de nos idées et de notre candidat
Je vous remercie.