Rudy Salles, député des Alpes-Maritimes, estime qu'il ne lui appartient pas de réclamer la démission de Bernard Cazeneuve mais laisse à l'État le soin «de constater des fautes éventuelles et d'en tirer les conséquences».
LE FIGARO. - Comment réagissez-vous aux déclarations de Bernard Cazeneuve?
Rudy SALLES. - Je suis très en colère. L'État est responsable de la sécurité. Il n'est pas normal qu'il se défausse sur Nice d'une responsabilité qui lui incombe. La police municipale est là pour assurer la circulation. La sécurité est une prérogative régalienne.
Comment l'organisation de tels événements est-elle préparée?
Je peux vous dire ce qui s'est passé quand nous avons décidé d'organiser le Carnaval de Nice, en février, qui accueille un million de personnes pendant trois semaines. Nous avons contacté Bernard Cazeneuve. Il nous a dit que cette manifestation était possible et que l'on nous donnerait les moyens. Mais le ministère nous a indiqué que certaines manifestations ne pourraient pas être sécurisées correctement. Nous les avons supprimées. Si on nous avait dit la même chose à propos du feu d'artifice du 14 Juillet, ou de la promenade des Anglais, nous n'aurions pas hésité à les supprimer.
La police nationale aurait-elle pu mieux s'y prendre?
La police nationale n'est pas en cause. C'est l'organisation générale de la protection du périmètre qui pose question. J'ai bien vu la différence entre la sécurité qui était très renforcée pour la fans zone de Nice, pendant l'Euro, et la protection proposée le soir du 14 juillet. Il y a eu une baisse de vigilance.
La police municipale est armée…
Elle est équipée d'armes de défense. Mais elle n'est pas formée pour réagir à l'attaque d'un camion de 19 tonnes. J'ai fait observer à Manuel Valls que la piétonisation de la promenade des Anglais supposait plus de moyens. L'avenue et la chaussée sont très larges. Il aurait dû y avoir des soldats ou des policiers avec des armes lourdes à l'entrée du périmètre piéton. Et si l'État jugeait qu'il fallait des herses ou des chicanes en béton, elles auraient évidemment été installées.
Pourquoi un tel ce relâchement?
Il y a eu une banalisation du 14 Juillet dans l'esprit du gouvernement. François Hollande a annoncé la fin de l'état d'urgence, et cela a démobilisé les esprits. De nombreux témoignages attestent que c'était essentiellement la police municipale qui était présente ce soir-là à Nice. C'est elle qui a immédiatement alerté la police nationale, qui a pu neutraliser le terroriste.
La préfecture a-t-elle fait le service minimum?
Je dirais en tout cas qu'ils n'ont pas assuré le service maximum.
Demandez-vous la démission de Bernard Cazeneuve?
Ce n'est pas à moi de la demander. C'est à l'État de constater les fautes éventuelles et d'en tirer les conséquences. Lors de son passage à Nice, Bernard Cazeneuve a exclu le maire de Nice, Philippe Pradal, le président de la Métropole et président de région, Christian Estrosi, et le président du département Éric Ciotti, de la réunion avec le préfet et les services. Qu'avait-il à leur cacher?