Vous avez été nombreux à nous demander comment pratiquement démarrer cet accueil de réfugiés qui fait débat dans de nombreuses villes et municipalités de France.
Je crois en effet utile d’échanger sur nos pratiques – échecs et réussites – devant un événement aussi inédit.
Permettez-moi donc dans cet état d’esprit de recherche des bonnes pratiques, forcément modeste, de vous rendre compte de notre démarrage Agenais.
Je crois utile et démocratique de commencer par un débat et une délibération devant le conseil municipal et a contrario, je ne crois pas aux démarches du genre « je le fais et j’en parle le moins possible ».
J’ai donc inscrit l’accueil des réfugiés comme première délibération de notre Conseil Municipal de samedi dernier. S’en est suivi un débat fort, émouvant que vous pourrez visionner sur www.agen.fr.
Et surtout s’en est suivi un vote clair qui engage toutes les sensibilités de notre assemblée : 36 pour, 3 contre (le FN).
Ce vote marquera durablement chacun des membres de notre assemblée – y compris celles et ceux qui ont refusé une solidarité humanitaire élémentaire. Mais ce vote n’était pas qu’un vote de principe. Il précisait notre démarche.
D’entrée, je me suis engagé à ce que l’action d’Agen soit «proportionnée, sérieuse et durable».
Proportionnée, bien sûr à ce que nous sommes, une ville moyenne de 35 000 habitants appartenant à un pays, la France, dont le Président de la République s’est engagé à recevoir 24000 réfugiés politiques en 2 ans.
Sérieuse, bien sûr, car au final, il s’agit d’accueillir plusieurs familles de réfugiés et de réussir leur intégration en France. Et nous savons qu’elle sera forcément compliquée, impliquant des mesures dans le domaine du logement bien sûr, mais aussi de l’alphabétisation, de la scolarisation des enfants , de la santé, etc... Pour cela, nous nous coordonnerons d’abord avec les autorités de l’Etat qui devront assumer leur rôle régalien d’instruction des demandes d’asile politique. En clair, nous n’accueillerons que des personnes préalablement autorisées par l’Etat à séjourner en France dans le cadre de la démarche du droit d’asile. Le premier Ministre s’est engagé à nommer un responsable de l’accueil des réfugiés par Préfecture. Cette personne sera notre correspondant naturel et quotidien.
Sérieux aussi, nous avons l’intention de l’être au niveau de l’accueil concret offert aux réfugiés. Pour cela, travailler en commun avec les associations compétentes dans ces domaines (associations caritatives, religieuses, sociales, etc…) s’impose somme une évidence. Agen a donc décidé de créer une commission extra-municipale présidée par Bernard Lusset, notre adjoint aux finances, pour coordonner les différentes initiatives qui seront librement prises par les uns et les autres. La Ville, et non l’agglomération, est dans son rôle pour assumer cette coordination. Face à un évènement majeur et exceptionnel, elle a, à la fois, la compétence générale pour agir, la légitimité démocratique directe qui fonde son action et les outils sociaux indispensables (CCAS, écoles primaires, etc….)
Enfin, nous voulons que notre action soit durable et que sa réussite au final soit elle aussi durable. Pour cela, nous n’avons pour l’instant fixé aucun objectif quantitatif en terme de nombre de familles de réfugiés accueillis. Nous le ferons dans le cadre de l’établissement d’un plan d’action détaillé que nous nous sommes donnés trois mois pour construire. Je me suis donc engagé à inscrire à nouveau l’accueil des réfugiés à l’ordre du jour de notre Conseil Municipal de Décembre où le Conseil délibérera sur la base du plan détaillé proposé par la Commission extra-municipale.
Voilà comment nous démarrons à Agen, forcément en tâtonnant, forcément en faisant au passage quelques bêtises, mais avec fierté et détermination. Nous sommes bien sûr preneurs de toutes les bonnes pratiques qui se feront jour dans le monde territorial qui j’en suis sûr répondra présent et sera l’honneur de la France.