En termes d’égalité salariale hommes-femmes, la France occupe la 129e place dans le monde, sur 136 pays. Et la cinquième puissance du monde se place au 45e rang pour la représentation des femmes dans les instances politiques. Pas de quoi pavoiser...
Comment en est-on arrivé là dans un pays où les femmes ont largement conquis leurs droits ? Faut-il rappeler qui a tenu la "maison France" pendant les deux conflits mondiaux du siècle dernier ?
L'égalité réelle ne se mesure pas au sein des conseils d'administration
Et dire que la loi pour l’égalité professionnelle entre hommes et femmes date d’il y a plus de 30 ans ! Depuis, seules de vagues demi-mesures brandies en étendard ont permis à quelques voix de s'indigner de leur insuffisance. Puis rien, aucune véritable démarche concrète n’est venue en écho.
Ainsi, le thème continue de nourrir tables rondes et colloques multiples, où des femmes parlent aux femmes de situations qu’elles connaissent déjà, approuvées pour le principe par des hommes toujours compréhensifs.
Il y a bien cette présence féminine obligatoire dans les conseils d’administration, MAIS des entreprises cotées, c'est-à-dire une infime partie du monde économique. Une bien maigre obole. Car l'égalité réelle se mesure au cœur de l’entreprise et non seulement au sein des conseils d’administration.
Comment comprendre la place accessoire des femmes alors même qu'elles s’avèrent statistiquement plus diplômées que les hommes ? Aussi compétentes donc, mais moins bien rémunérées !
Montant de la retraite inférieur de 20% à la pension des hommes
Sans compter les répercussions illustrées récemment par le débat sur la réforme des retraites : le projet de loi porte dans ses objectifs prioritaires la situation des femmes, mais le texte s'empresse de repousser les mesures à 2020. Or, le nouveau visage de la pauvreté en France comme en Europe sera celui la femme âgée, à la carrière plus courte et moins bien rémunérée.
En 2012, le montant moyen de la retraite de base des femmes est de 42% inférieure à celles des hommes. Réplique maintes fois entendue à cette assertion : "Oui, mais si on ajoute la pension de réversion..." Comme si le veuvage était une source naturelle de revenus supplémentaires !
L'observation qui suit tout aussitôt met en lumière que cette situation est liée au passé : cette remarque selon laquelle les nouvelles générations de femmes actives ne supporteront plus les inconvénients de ces différences. Faux ! La génération des jeunes femmes quadra sait d’ores et déjà que le montant de sa retraite sera inférieur de 20% à celui de la pension des hommes. Alors qu’elle a grandi bercée par le discours de l'altérité : différentes mais égales.
Pourtant, plusieurs études sérieuses démontrent que l'emploi féminin représente une source de croissance : l’une d’elles met notamment en évidence que les femmes qui travaillent investissent par exemple volontiers dans l’éducation de leurs enfants, et qu'elles délèguent certaines tâches domestiques au bénéfice de la vie professionnelle, ce qui crée de l’emploi et peut représenter jusqu’à un tiers du PIB... Le FMI a également fait sienne cette approche.
La faute à l'Europe ne peut servir de paravent à la frilosité française
La France à la recherche de croissance ne s'inscrit pas dans cette dynamique. Pas plus d'ailleurs que dans la volonté d'installer les femmes dans le champ opérationnel de la vie politique. Souvenons-nous du débat au Sénat sur le conseiller territorial : un mandat partagé entre deux élus, un homme, une femme. La révolte sénatoriale n'a pas porté sur l'absurdité du partage mais sur le fait que le partage soit entre un homme et une femme !
La France se montre tristement incapable d’aller au-delà de l'intention. Le Parlement européen a, quant à lui, déjà engagé sa propre réflexion. Le 12 septembre 2013, il a adopté une résolution pour l'égalité salariale et prié la Commission européenne de réviser sa directive de 2006.
Il faut dire que dans le top 10 des 136 pays classés en matière de respect de l’égalité entre les genres, quatre sont européens : l'Islande, la Finlande la Suède, et le Danemark. Pour une fois, "la faute à l’Europe", inlassable excuse, ne pourra pas servir de paravent à la frilosité française.
Pour l'heure, les femmes possèdent 1% de la richesse mondiale et devraient travailler presque deux mois de plus que les hommes, dans notre pays, pour égaler leur salaire. Et dire que le principe de l'égalité hommes-femmes, constitutionnel en France depuis 1946 et inscrit dans le traité de Rome en 1957, fait encore débat.
Oui, les stéréotypes ont la peau dure et, décidément cher Oronte, le temps ne fait rien à l'affaire !