Les centristes doivent-ils discuter avec Emmanuel Macron comme vient de l’annoncer Jean-Christophe Lagarde dans la perspective de la présidentielle ?
C’est une faute. Comment peut-on dire, quelques heures après la démission de Macron, qu’on pourrait faire cause commune à la présidentielle ? Avant de s’exprimer, la moindre des choses aurait été d’en parler d’abord devant les instances de l’UDI. Que Jean-Christophe Lagarde engage notre parti dans une discussion avec Macron est un renversement d’alliance puisque nos partenaires naturels sont les Républicains. Avec Jean-Louis Borloo, nous avons construit l’UDI dans la clarté des alliances.
Vous trouvez cela précipité ?
Se précipiter ainsi vers quelqu’un dont on ne sait pas ce qu’il fera en 2017, ni qui il est, ni ce qu’il pense, me stupéfie. A croire que l’UDI serait une famille d’orphelins cherchant fébrilement l’adresse d’une famille d’accueil. Sur tous les débats politiques du moment, l’UDI a été ces derniers mois une exoplanète muette et totalement absente. La priorité, c’était de rallumer la bande-son.
Pourquoi Macron vous poserait-il un problème politique ?
Emmanuel Macron est en partie responsable de la situation actuelle de notre pays. Pendant deux ans à Bercy, il a inspiré la politique économique de François Hollande pour un bilan proche de zéro. On est en droit, avant d’effacer quarante ans d’alliance avec les Républicains, de savoir qui il est. D’autant que son comportement humain, lui qui a abandonné le capitaine qui l’a sorti de l’ombre, est une interrogation.
En quoi est-ce un renversement d’alliance alors que l’UDI veut exister par elle-même ?
Discuter avec Macron, c’est rompre les négociations avec les Républicains pour les législatives. Il va falloir expliquer cela aux parlementaires et aux candidats qui étaient en train de construire des candidatures communes de la droite et du centre. Quand on dirige un parti, on tient son agenda et on ne se précipite pas pour faire l’intéressant ! La reconstruction d’une force politique moderne allant de Valls à Juppé ou de Macron à Sarkozy, cela se fait devant les Français, au soir du premier tour de la présidentielle. Et pas avant.
Est-ce la fin de l’UDI ?
Avec de telles déclarations, les germes de l’éclatement sont introduits. Depuis 2002, j’ai toujours refusé la dilution des valeurs centristes. Je n’accepterai pas qu’elles disparaissent sur une tocade sans lendemain pour chercher à exister.