21.07.2016

"Un transfert des transports scolaires aux régions laisse craindre une dégradation" par Maurice Leroy

La France les pieds dans l’eau a fait la une des journaux et des réseaux sociaux. Une actualité chassant l’autre, les terribles inondations qui ont frappé une partie du pays paraissent déjà lointaines. Pourtant, ce que cet épisode dit de notre organisation territoriale est éclairant et les leçons à en tirer sont précieuses. Et si l’un des secrets d’une société qui fonctionne était la proximité ?

De ces dramatiques inondations, je veux retenir le bel élan de solidarité qui s’est exprimé dans nos territoires et l’efficacité des interventions menées par tous les acteurs locaux : sapeurs-pompiers, forces de sécurité civile, policiers, gendarmes, militaires, services de l’État, agents départementaux et communaux ainsi que des milliers d’habitants venus en aide à leurs concitoyens sinistrés.

En Loir-et-Cher, les agents ont travaillé d’arrache-pied pour tenir informés les habitants en temps réel, dégager les routes, mettre en place des itinéraires alternatifs et venir en aide aux personnes en difficulté. Les agents des transports scolaires ont assuré, là où cela était possible, le maintien des dessertes afin de garantir le transport des élèves et de permettre aux Loir-et-Chériens de se rendre à leur travail. 

Si ces opérations ont pu être menées avec autant d’efficacité, c’est grâce à la proximité des services départementaux et à leur connaissance fine du terrain et des problématiques du territoire.

Cette proximité est aujourd’hui remise en cause par la loi NOTRe qui impose le transfert de la gestion des transports scolaires des départements aux régions. Certains changements méritent d’être contestés quand la qualité du service public est menacée. Le transport scolaire, c’est du service d’ultra proximité par excellence ! Permettre un accès équitable, même aux habitations les plus reculées, exige des moyens humains adaptés et une connaissance fine du terrain :

- Les moyens humains pour mettre en place des arrêts réguliers, rapprochés, et assurer le suivi en temps réel des dessertes.

- La connaissance du terrain pour dialoguer avec les maires des communes et les habitants, comprendre leurs attentes, construire avec eux un service de qualité adapté aux besoins des habitants.

Un transfert des transports scolaires aux régions laisse craindre une dégradation. Avec un réseau dix ou vingt fois plus étendu et des moyens financiers et humains toujours plus limités pour les collectivités locales, comment assurer le même nombre de dessertes ? Comment maintenir la fiabilité des horaires ? Comment préserver la qualité du service dans nos territoires ruraux les plus isolés?

J’ai toujours plaidé pour un allégement de la "lasagne" territoriale. Mais simplification ne doit pas dire éloignement ! Ne perdons pas de vue cette évidence : la décentralisation a pour but de rapprocher les Français des services publics locaux ! Alléger la "lasagne territoriale" commence par mettre en place une organisation où l’on supprime les doublons, où les compétences sont clairement réparties et où les services publics sont accessibles à tous. Tout ce qui importe est d’offrir un égal accès aux services que l’on réside en ville ou à la campagne. Il faut pour cela des relais de proximité efficaces.

L’échelon départemental, que le Gouvernement a finalement choisi de maintenir après avoir annoncé sa suppression, est celui du service public de proximité, de la solidarité territoriale. Le Département est garant d’un lien social particulièrement menacé dans nos territoires ruraux, dans cette France périphérique, dans cette France des isolés et des inaudibles qu’est aujourd’hui la France des campagnes. Tirons d’utiles leçons de ces terribles inondations. Le lien et la proximité ont de l’avenir. Sont l’avenir !

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