10.04.2010

Conseil national du Nouveau Centre avril 2010 : Discours d'Hervé Morin

Mes Chers amis,

J’ai souhaité que nous puissions réunir rapidement notre Conseil national – le Parlement du parti – pour dresser les perspectives des deux années à venir.

Je voudrais dire à Nicolas About que je suis très heureux de sa présence parmi nous aujourd’hui. Il joue un rôle de catalyseur important pour que nous soyons tous rassemblés avant l’été. Nicolas, ton discours nous a beaucoup touchés, nous a beaucoup émus, et nous fait dire que nous sommes sur la bonne voie. Merci Nicolas d’être là aujourd’hui.

Nous avons, depuis trois ans engagé une phase de reconstruction de la famille centriste avec les imperfections que tu évoquais à l’instant.

Cette phase de reconstruction, je sais qu’elle a parfois été frustrante pour vous. Parce que lorsqu’on est militant, lorsqu’on est engagé, on a envie de partir au combat électoral. Mais permettez-moi de vous dire que nous avons eu raison et la démarche qui a été la notre depuis trois ans a été la bonne. Elle a été la bonne car elle a permis de reconstruire le maillage territorial de nos fédérations – 70 à 80 fédérations en état de marche – 13 000 adhérents, près de 2 000 élus locaux, et aujourd’hui 78 nouveaux conseillers régionaux. Je crois que cette démarche là était nécessaire même si parfois elle vous a coûté.

Mais après cette phase de reconstruction, il nous faut désormais passer à une nouvelle étape : c’est la phase de la conquête dont ont parlé François Sauvadet et Nicolas About et dont ont parlé chacune et chacun d’entre nous qui avons pris la parole ce matin, Valérie Létard expliquant bien quel était le chemin qui devait être le nôtre.

Cette phase de la conquête passe par trois axes majeurs.

Le premier c’est d’abord, bien entendu, le rassemblement de la diaspora centriste ; un rassemblement qui doit être le plus ouvert possible. Nicolas, nous avons les bras très, très, très ouverts. Pour nous, il ne s’agit en aucun cas de régler les comptes de 2007 même si nous avons eu raison. Il ne s’agit en aucun cas d’exclure tel ou tel de ce rassemblement. Nous estimons que toutes celles et tous ceux qui veulent participer franchement, sincèrement, avec un esprit de construction et qui veulent retrouver et faire grandir notre famille ont toutes et tous leur place. Qu’ils soient issus du MoDem, qu’ils soient issus de l’UMP, mais aussi celles et ceux qui n’ont pas été dans une famille politique depuis trois ans : nous leur disons bienvenue ! Venez-nous rejoindre et nous construirons une maison ensemble. 

Le deuxième axe, cher Jean-Marie Cavada, c’est la construction d’un projet dont tu as la charge avec Philippe Vigier. Il faut absolument que nous puissions porter progressivement notre projet, le relayer avec nos parlementaires à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen, et le faire connaître à nos compatriotes. Lorsqu’on participe à des débats comme ceux de ce matin, on constate qu’il existe déjà sur bien des sujets un projet parfaitement structuré. Quand Jean-Luc Préel évoque les retraites, quand Jean Dionis du Séjour évoque la question des libertés sur le net, quand Sophie Auconie parle de la construction européenne de demain, quand Hervé Maurey et Jean-Léonce Dupont évoquent la réforme des territoires, quand Charles de Courson aborde la question des déficits publics : vous constaterez que sujet après sujet, nous avons déjà une pensée construite. Il nous faut désormais faire en sorte qu’elle soit connue.

Notre troisième horizon, c’est la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle. C’est une histoire qui n’est pas pour aujourd’hui bien entendu mais pour la fin de l’année 2011. Et nous devons en faire un objectif à part entière, quel que soit l’homme ou la femme qui portera nos couleurs. Cela pour une raison extrêmement simple : ce n’est pas seulement une question d’indépendance, c’est une question d’existence. Si nous allons de renoncement en renoncement, notre existence de toutes façons sera définitivement une histoire du passé. Si nous renonçons à l’élection présidentielle, notre existence est définitivement morte. Nous n’avons pas d’autre choix de porter ce message.

Mes Chers amis,

Je voudrais vous parler de ce que nous sommes. Rudy Salles disait que nous sommes nécessaires à la démocratie française et nécessaires à la majorité. Permets moi de te dire Rudy que nous sommes nécessaires à la démocratie française et utiles à la majorité.

Nous sommes d’abord nécessaires à la démocratie française car notre famille de pensée à toujours existé. Notre courant de pensée c’est un attachement profond à la construction politique de l’Europe, c’est un humanisme que nous portons au plus profond de nous-mêmes, c’est une vigilance permanente sur la question des libertés, et c’est l’idée de porter un projet nouveau fondé sur la conception d’une société moderne. Nous devons être celles et ceux qui, dans la vie politique, portions cette idée de modernité. Le courant de pensée que nous représentons est très profond. C’est un courant qui est océanique et qui ne s’est jamais éteint depuis des décennies. Ce courant de pensée recherche l’idée de l’équilibre. Il recherche les clés de la tolérance et de l’unité du pays. Il fait appel à l’intelligence des femmes et des hommes plutôt qu’à leurs reflexes et à des réactions mécaniques. C’est un courant de pensée profondément attaché à l’équilibre des pouvoirs. Quel que soit le renforcement des pouvoirs du Parlement, quelle que soit l’indépendance assurée à l’autorité judiciaire, l’équilibre des pouvoirs n’est réellement garanti que lorsque le pouvoir exécutif est obligé d’entrer dans un dialogue. Et ce dialogue n’est possible que si les majorités que vous construisez ne reposent pas sur un seul parti mais sur une coalition. Toutes les démocraties européennes, à l’exception des Britanniques qui ont un passé politique radicalement différent du nôtre, sont construites sur l’idée de la coalition. Est-ce que la coalition les a empêchées de se réformer ? C’est souvent l’inverse : c’est notre pays qui n’a pas su se réformer. Nous réussirons l’équilibre des pouvoirs, qui est inscrit dans nos gênes, le jour où le dialogue et le débat sera obligatoire au sein de la majorité qui a les reines du pouvoir.

Nous sommes nécessaires à la démocratie française, mais nous sommes aussi utiles à la majorité. Pour nous, et je veux le rappeler en permanence car cela nous différencie des autres, nous sommes clairement dans la majorité. Nous considérons qu’être au centre signifie d’avoir comme allié un parti à droite. Les valeurs qui sont les nôtres  – la tempérance fiscale, la bonne gouvernance publique, la liberté d’entreprise, la responsabilité – font que de toutes façons nous sommes associés à un parti de droite, comme l’UDF et le RPR avant nous. L’idée que nous pourrions être nulle part ,ni à droite ni à gauche, on sait où cela mène… Et l’idée que nous pourrions être éventuellement à gauche – cette gauche avec laquelle ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous sépare pour reprendre la formule utilisée l’été dernier à Marseille par Marielle de Sarnez à la même tribune que Robert Hue – est pour moi une fable. Quand on est un parti du centre, on est associé à un parti de droite.

Et permettez-moi de vous dire que je ne regrette pas un seul instant le choix qui a été le notre en 2007. D’une part parce qu’il correspondait à nos convictions profondes mais au-delà, et les Français finiront par le constater, je suis fier du bilan de l’action du Gouvernement et de la majorité à laquelle certains d’entre nous participent au sein du Gouvernement et d’autres au Parlement. L’autonomie des universités, la réforme du RMI transformé en RSA, la réforme de l’Etat, le crédit impôt-recherche, la réforme des ports : ce sont des réformes que nous avons défendues, que nous avons proposé à nos électeurs pendant des décennies élection après élection. A chaque fois, les électeurs doutaient de notre capacité à tenir nos engagements. Ces réformes ont enfin été engagées et elles finiront par porter leurs fruits. N’ayez aucun doute : ce qui a été engagé est utile et nécessaire. Nous n’avons aucun regret mais au contraire l’enthousiasme de ceux qui ont porté et soutenu des réformes indispensables au pays !

Voilà ce qui nous distingue aussi des autres. Nous ne portons pas une candidature d’opposition. Nous ne portons pas un projet d’opposition. Nous portons nous un projet de proposition et un projet de construction. Aux journalistes qui nous demandent sans cesse ce qui nous oppose à l’UMP, je réponds que nous ne cherchons pas à nous définir par rapport aux autres. Je veux que nous nous définissions nous-mêmes et que nous propositions notre propre projet aux Français à travers les références qui sont les nôtres. C’est cela qui doit nous différencier de Dominique de Villepin et de François Bayrou. L’un et l’autre ont un projet qui sont du domaine de la haine ou de la revanche et de toutes façons du registre de l’opposition. Pour notre part, nous voulons porter au sein de la majorité notre propre projet dans un esprit constructif et de proposition.

Une seconde chose nous différencie. Notre projet, notre ambition, notre horizon de 2012 ne doit pas être l’ambition d’un homme. Cela doit être l’ambition d’une famille politique portée par une personne. Ne soyons pas simplement dans une démarche individuelle mais dans une démarche collective qui nous amène à considérer que l’un d’entre nous sera celle ou celui qui portera le mieux nos idées. Cela aussi, c’est une démarche politique qui me semble nouvelle.

Mes Chers amis,

Notre famille politique correspond à une réalité électorale. Pierre Fauchon rappelle toujours que lorsque Jean Lecanuet, dont il fut le directeur de campagne, a pris la décision de se présenter à l’élection présidentielle de 1965, il était alors crédité de moins de 1% dans les sondages si bien qu’aucun élu centriste ne voulait le recevoir dans sa ville pour lancer sa campagne jusqu’à ce que Charles Bosson l’accueille à Annecy. Et finalement, face au Général de Gaulle et à ce qu’il représentait, Jean Lecanuet a été capable d’obtenir 15,5 % au premier tour de l’élection présidentielle. Mais je pourrais aussi vous mentionner Alain Poher en 1969, l’immense Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et en 1981 où nous étions encore au second tour. En 1988 nous avions Raymond Barre. En 1995, c’est l’annonce de la mort de l’UDF parce que les leaders qui la composaient ont préféré s’annihiler en choisissant quelqu’un d’à côté pour empêcher tout leadership. Mais nous faisons tout de même 18,5 % à travers celui que nous soutenons et qui vient de l’autre famille. Et puis en 2002, alors que notre famille est éclatée, dispersée, en voie d’effondrement, nous obtenons tout de même 11 % des suffrages en additionnant les voix de François Bayrou à celles d’Alain Madelin. En 2007, François Bayrou qui portait alors les couleurs du centre droit a totalisé 18,5% des voix.  

Celles et ceux qui pourraient douter que notre courant de pensée ne correspond pas à une réalité électorale se trompent puisque depuis 1965, quelles qu’aient été les ambitions des hommes, il y a toujours eu des Français pour le rejoindre.

Mes Chers amis,

Cette réalité électorale, nous devons la marteler tous les jours. Et permettez-moi de vous dire une autre chose car je sens le débat monter. Ce débat qui monte consiste à mettre en garde contre la division. Nous y avons droit à chaque élection ! Pourtant, la pluralité de la droite et du centre a été au contraire un vecteur de victoires ! Des victoires ininterrompues pendant 23 ans, de 1958 à 1981. Nous perdons la présidentielle de 1981 mais nous regagnons en 1986. Nous perdons en 1988 parce que la cohabitation permet à François Mitterrand de se refaire une virginité ; mais nous regagnons en 1993 et en 1995. Nous perdons en 1997 après cette triste et lamentable dissolution. Mais nous regagnons en 2002 et encore en 2007. A chaque fois, nous regagnons sur le même modèle de deux partis qui composent la majorité et non pas d’un seul. La réalité historique révèle que c’est la polyphonie de la majorité, à travers la diversité et la pluralité qui nous a permis de gagner. Et pour une raison simple qui est que plus encore aujourd'hui qu’hier, les sociétés modernes sont des sociétés complexes qui portent en elles beaucoup de contradictions tout en aspirant à l’unité. La diversité de cette société française ne peut se satisfaire d’une offre politique unique à droite ou unique à gauche. Je suis absolument convaincu que pour répondre à l’aspiration à la diversité de la société française, il nous faut dans notre camp, plusieurs familles politiques et plusieurs voix qui portent les aspirations de la société, chacune avec ses spécificités, chacune avec ses traditions.   

Que devons nous porter ?

Je voudrais qu’à travers notre projet nous portions l’idée de la modernité de la société française. Je vous propose ainsi que nous portions l’idée d’une de la reconnaissance, d’une société apaisée et d’une société de la tolérance.

Je voudrais d’abord que nous portions le projet d’une société de la reconnaissance car depuis des années et des années, notre société est fondée sur l’idée que la réussite n’est que pécuniaire. Au point d’en oublier les fonctions sociales majeures que sont notamment l’éducation, la formation, la culture, l’alimentation. Et permettez-moi de le dire en parlant d’agriculture. Je suis récemment allé dans l’Allier participer à une table ronde sur la ruralité. Je connais bien le monde rural car j’y ai mes racines et en même temps c’est aussi ma terre électorale. Les agriculteurs connaissent une crise comme jamais ils n’en ont connue. Aujourd’hui, un paysan – je préfère employer ce mot tellement plus beau que celui d’exploitant agricole –  à la tête d’une exploitation de plusieurs centaines de têtes de bétail sur 100 ou 200 hectares ne peut pas retirer 1 000 euros par mois pour vivre alors même qu’il travaille plus de 70 heures par semaine. Mais plus que cela, les paysans français ont besoin de reconnaissance car depuis des années la technocratie et une partie de l’Europe explique qu’in fine, on a tort de financer l’agriculture à travers la politique agricole commune alors qu’il y a des sujets beaucoup plus importants. Je veux au contraire dire à nos paysans qu’ils sont une puissance économique, et pas seulement une puissance économique d’hier mais bel et bien pour demain. Vous êtes une puissance économique du futur, assurant à la fois l’alimentation du pays et l’alimentation des Européens, nourrissant les femmes et les hommes de France tout en développant de nouvelles filières notamment énergétiques. Vous êtes une puissance économique qui se prépare à nourrir dans les cinquante prochaines années une population mondiale toujours plus importante qui rendra nécessaire d’augmenter de 70 % la production agricole de la planète. Vous êtes aussi les acteurs économiques du futur ! Votre activité est stratégique car elle doit nourrir l’humanité, se préoccuper de diversification et en même temps elle façonne nos territoires et nos paysages. Les 365 000 chefs d’exploitation en France ont la responsabilité incroyable de nous faire la France belle comme elle l’est aujourd’hui.

Et si l’on disait engin à nos paysans qu’au-delà de leurs difficultés économiques ils ont une responsabilité majeure et exercent un pouvoir considérable ! A ce titre là, nous devons demander à l’Europe de financer convenablement la politique agricole commune ; à ce titre là, nous devons demander la mise en place de systèmes de régulation et de stockage pour maintenir les prix agricoles à des niveaux décents. Voilà un message politique qui démontre qu’au-delà des problématiques purement technocratiques et financières, il y a pour chacune et chacun d’entre nous un profond besoin de reconnaissance de son utilité pour la construction de la société française et son avenir.

Ce message que je viens de vous adresser pour les agriculteurs, nous devons aussi le porter pour tous ces métiers que sont notamment la santé, l’éducation, la formation, la culture et dont nous avons besoin au quotidien.

Mes Chers amis,

Je voudrais qu’à travers notre projet nous portions aussi l’idée d’une société apaisée. Cela fait dix ou quinze ans que l’on cherche toujours des boucs émissaires. On est constamment en train d’opposer les Français les uns aux autres :

-          les policiers aux magistrats, comme si nous n’avions pas besoin des uns et des autres pour assurer la sécurité du pays ;

-          les fonctionnaires aux salariés du privé, comme si l’on pouvait se priver d’un système public qui fonctionne bien pour que l’économie marchande soit au sommet de sa performance ;

-          les patrons aux salariés, comme si les uns pouvaient se passer des autres ;

-          les agriculteurs aux écologistes, comme si les uns et les autres n’étaient pas des amoureux de la terre.

Et les exemples pourraient être multipliés à l’infini.

Et aujourd’hui, à travers le débat sur le bouclier fiscal, nous en sommes à opposer une partie des français les uns aux autres.

Je n’ai jamais cru que c’était en appauvrissant les plus riches que l’on rendrait les pauvres moins pauvres. Je pense en revanche que le système fiscal doit être juste. C’est parce que certains seront en capacité d’investir que les plus modestes pourront augmenter leurs revenus. Je veux rappeler que le bouclier fiscal est un engagement du Président de la République pendant sa campagne électorale de 2007. C’est une promesse qui a été tenue. Je veux aussi rappeler que le bouclier fiscal a d’abord été instauré par Dominique de Villepin en 2005 pour lutter contre les effets pervers de l’Impôt sur la fortune, c’est-à-dire la fuite des capitaux et l’évasion fiscale. C’est l’impôt sur la fortune qui a conduit des entreprises de taille significative à changer de mains, passant d’un actionnariat responsable de familles – des personnes vivant dans notre pays pour porter un projet d’entreprise respectueux de ses salariés – à un actionnariat dépendant de fonds d’investissement dont le siège social est souvent situé à des milliers de kilomètres et sans aucune préoccupation de la situation de nos compatriotes qui travaillent dans ces entreprises. La philosophie du bouclier fiscal était ainsi de construire ce qui existe chez nos voisins Allemands, à savoir un capitalisme familial d’hommes et de femmes qui mettent tout leur cœur et tout leur argent au service de leur entreprise et animés par la conviction que le développement de leur entreprise va de pair avec le projet qu’ils ont pour leurs salariés ; cette conviction que l’un que l’un ne va pas sans l’autre.

Comment faut-il aborder la question du bouclier fiscal dans l’avenir ? La fiscalité est une question qui touche aux ressorts profonds de la société française. La question de la fiscalité impose la stabilité car on ne peut pas changer de système fiscal tous les jours. La question de la fiscalité touche au pacte républicain lorsque l’on se présente devant les électeurs pour leur proposer un projet de société. Nous devons aborder la question du bouclier fiscal en nous projetant sur les prochaines échéances électorales lorsqu’il faudra rééquilibrer nos comptes sociaux. Il bien évident que s’il faut augmenter la CRDS pour financer le déficit de la sécurité sociale, on voit mal un pouvoir quel qu’il soit dire : « nous allons augmenter la CRDS pour financer la dette sociale » pour ajouter aussitôt : «  vous allez tous payer, sauf ceux qui sont au bouclier ». Personne ne peut résister à cela !

C’est pourquoi je vous propose que nous continuions à défendre une idée simple dans la perspective de l’élection présidentielle. Cette idée, que portent depuis des années Jean Arthuis au Sénat et Charles de Courson à l’Assemblée nationale, consiste à faire ce qu’ont fait tous les pays européens sans exception, le gouvernement socialiste espagnol en tête il y a quelques mois, en proposant la suppression de cet impôt idiot qu’est l’ISF tout en supprimant en même temps le bouclier fiscal. Et pour compenser la suppression de l’ISF, nous proposerons l’instauration d’un taux marginal supplémentaire d’impôt sur le revenu qui donnera le sentiment de mettre en place un système économiquement efficace et fiscalement juste. Voilà ce que nous devons proposer en 2012.

 

Mes Chers amis,

Permettez-moi avant de conclure d’aborder un dernier sujet. Celui de la société de la tolérance à laquelle nous devons aspirer. Et je voudrais à travers cela évoquer devant vous la question de la burqa.

La burqa, c’est quelque chose de totalement insupportable pour chacun d’entre nous. Cela nous révulse ; c’est une agression contraire à l’image et à l’idée que l’on se fait de la personne humaine.

Pour nous, une personne c’est un visage et un visage cela ne se dissimule pas. La burqa est un phénomène qui concerne 300 ou 400 personnes, peut-être un millier au maximum. Il ne s’agit pas d’un problème qui aurait subitement envahi le cœur de la cité et le cœur de la société française. Je voudrais qu’on l’aborde en écoutant ce que disent les sociologues et les spécialistes de ce sujet. La plupart de celles qui portent la burqa ne le font pas contraintes par la famille ou par le mari mais par revendication identitaire voire par provocation, souvent dans le cadre d’un choix religieux nouveau. 

A partir de ce constat, allons-nous risquer de provoquer encore un peu plus de fragmentation de la société française ? Je dis aux parlementaires que l’idée d’une loi générale et absolue qui concernerait l’ensemble de la sphère publique n’a pas de sens. En effet, il faut interdire la burqa quand il s’agit d’aller à l’hôpital. En effet, il faut savoir qui vous êtes quand vous vous rendez dans un service public ou que vous allez chercher votre enfant à l’école. En effet, on peut envisager une interdiction pour des motifs de sécurité. Mais quand on se dit comme nous dans une famille politique attentive aux libertés individuelles, on ne commence pas par une loi d’interdiction générale et absolue en prohibant un code vestimentaire dans la rue. Parce que demain, vous pourrez estimer par exemple – même si je pousse peut-être le trait un peu loin –que le gothic est un code vestimentaire qui porte aussi atteinte à la dignité de la personne. Avant de s’engager dans cette voie, et sans compter les difficultés d’application – car je serais curieux de voir comment on appliquera cette loi dans des quartiers difficiles où la police a du mal à entrer ou à l’inverse devant les boutiques des Champs-Elysées que fréquentent les femmes issues des pays du Golfe – nous devons aborder cette question avec les principes qui sont les nôtres.

Faces aux difficultés économiques et sociales aussi profondes auxquelles nous sommes confrontés tels que le chômage, les déficits budgétaires et sociaux, la difficile reprise de la croissance, évitons de mettre sur la table des sujets qui risquent de fragmenter encore un peu plus la société française.

 

Mes Chers amis,

Un mot enfin sur l’Europe, pour vous dire que nous devons continuer à porter l’idéal européen. Et nous devons le faire avec l’idée que si l’Europe est un projet politique, c’est aussi une transcendance. Nous avons besoin de rappeler en permanence que l’intérêt européen n’est pas la somme des intérêts nationaux, comme l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers.

Or nous sommes aujourd’hui de plus en plus enlisés, en dépit du traité de Lisbonne, dans une Europe intergouvernementale où la Commission n’est plus en situation d’être le fer de lance d’un nouveau projet européen. C’est pourquoi il nous appartient de porter l’idée que la construction européenne c’est une transcendance et que nous devons promouvoir cet intérêt général européen qui, sans être en contradiction avec l’intérêt national, n’est pas la somme des égoïsmes nationaux.

« L’Europe se cherche. Elle sait qu’elle a entre ses mains son propre avenir. Jamais elle n’a été si près du but. Qu’elle ne laisse pas passer l’heure de son destin », écrivait Robert Schuman dans  Pour l’Europe.

Aujourd’hui, pour notre famille politique, les mots de ce père fondateur, qui fut aussi une figure marquante de la démocratie chrétienne, résonnent d’un écho particulier.

Nous aussi, nous sommes à l’aube d’une belle aventure.

 Nous aussi, nous savons que nous avons en main notre propre avenir.

C’est à vous de le bâtir demain.

Je vous remercie

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