Chers amis
Merci à toutes et à tous d’être là aujourd’hui. Et pour commencer un immense merci à Yvan et à son équipe pour son accueil, pour son organisation.
C’est ici en 2008 à Nîmes que l’aventure du Nouveau centre a commencé. Le premier Congrès. Je suis comme vous attaché à ces souvenirs, à ces moments fondateurs de notre parti mais je vous le dis tout net, pas question d’être ici en pèlerinage. Nous ne sommes ni à Solutré, ni à Colombey. Nous sommes ici pour avancer, pour aller de l’avant, pour construire de belles choses ensemble, pas pour regarder en arrière.
Et puis il y a une grande différence qui ne vous aura pas échappé entre 2007 et 2012. En août 2007, nous sortions d’une victoire. Aujourd’hui, en août 2012, nous sortons d’une défaite. Défaite de notre candidat, défaite de notre majorité, défaite de nos idées.
Il faut avoir le courage de regarder les choses en face. Avec nos divisions internes, avec le voyage en solitaire de François Bayrou, le Centre au sens large, sort affaibli de cette élection. Le Centre, c’est un peu aujourd’hui comme la voie lactée, cette espèce de traînée blanchâtre qu’on peut apercevoir à l’œil nu certaines nuits, une écharpe de brouillard blanc avec son halo de constellations et de nébuleuses. Nous lui ressemblons. Le parti radical, la gauche moderne, une micro étoile qui vient de s’éteindre, la convention démocrate mais aussitôt remplacée par une autre Force Européenne Démocrate. Bon, qui d’autres encore dans notre voie lactée ? L’Alliance centriste, le Modem, Alternative libérale et enfin Les CENTRISTES. Cela fait sept structures au total, une pour chaque jour de la semaine !
C’est vrai, ce n’est pas la première fois que la famille centriste vit ce type de situations : la division a quelque chose de génétique chez nous, de consubstantielle presque, et en particulier en période d’élection présidentielle. Cela dit, celle de 2012 sera vraiment à marquer d’une pierre blanche !
Moi, et encore en faisant simple, j’ai compté 5 stratégies différentes chez les centristes à cette présidentielle. Je vous les rappelle un peu, même si tout cela n’est pas très vieux :
- Un : Les centristes de l’UMP qui ont fait le choix de Sarkozy au premier et au second tour.
- Deux : Les Modem de François Bayrou avec chez eux des pro Sarkozy et des pro Hollande au premier et au second tour. Mais ne compliquons pas, donc je ne les compte que pour un.
- Trois : Les Nouveau Centre qui ont appelé à voter Bayrou dès le premier tour pour finir chez Sarkozy au second.
- Quatre : Les Nouveau Centre qui ont opté d’abord pour Borloo puis pour Sarkozy et se sont opposés d’emblée à la mienne.
- Cinq, c’est vous, les Nouveau Centre qui avez soutenu dès le départ ma candidature puis qui vous êtes ralliés comme moi à Nicolas Sarkozy quand je n’ai pas pu réunir mes 500 signatures.
5 stratégies, et au final, toute la famille centriste qui sort essorée de cet épisode présidentiel. «Éparpillé par petits bouts, façon puzzle», aurait dit Audiard.
Alors je sais, certains ont dit que cette campagne n’était pas faite pour les centristes. Trop extrême, trop violente, trop manichéenne. Moi je ne le pense pas. Entre l’État-providence de François Hollande et l’homme providentiel de Nicolas Sarkozy, entre le populisme de Jean-Luc Mélenchon et celui de Marine Le Pen, je persiste à dire que le centre-droit aurait pu avoir toute sa place. À condition d’être soudé. À condition d’être respecté au sein de la majorité. À condition de ne pas être achetables à la moindre occasion. À condition que…À condition que….Oui cela faisait sans doute trop de conditions.
Chacun, au sein de la famille centriste, aura sa part de vérité sur ce qui s’est passé tout au long de ces derniers mois. D’ailleurs si l’on veut reconstruire notre famille - et je ne doute pas que cela soit une volonté unanimement partagé - nous ne pourrons éluder d’importantes clarifications. Certaines ont commencé et notamment chez nous. C’est une bonne nouvelle. Nous avons mis un terme à la confusion, à la division, une division qui allait jusqu’à la haine organisée, comme ce qui s’est produit au pavillon Baltard en avril. Contrairement à ce que certains racontent ici ou là, ces départs nous renforcent. Nous avons retrouvé notre unité, notre vérité, notre densité et surtout, pour moi c’est le plus important, nous avons retrouvé notre bonheur d’être ensemble. D’ailleurs je peux vous faire un serment : je ne laisserai personne, je dis bien personne, briser ce trésor là et jeter à nouveau parmi nous le poison de la division.
Oui, du coup nous sommes un petit peu moins nombreux ; et encore, nous sommes près de 500 aujourd’hui, mais en vérité nous sommes plus forts. Et si vous voulez bien examiner l’état des forces que je vous ai décrit tout à l’heure, de toute façon rien ne peut se faire sans nous. Ce qui n’est pas une raison pour rester sans rien faire. Au contraire.
Philippe Vigier nous montre l’exemple. Il a pris l’initiative d’une tournée dans toutes les fédérations les 12, 13, 14 septembre prochains. C’est important car il nous appartient, il vous appartient, de développer les fédérations, de faire remonter des idées nouvelles, d’être aussi des sergents recruteurs pour les prochains combats électoraux. Pour ma part, j’ai décidé aussi de reprendre mon bâton de pèlerin. Je repartirai à votre rencontre et à celle de nos concitoyens en effectuant un à deux déplacements par semaine à partir du mois d’octobre. Cette année et les suivantes. Ça c’est le travail pour demain mais aujourd’hui à Nîmes, je voudrais que nous réfléchissions à notre stratégie. C’est quand même la moindre des choses après une défaite. On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé.
Alors quel est le paysage politique devant nous et quels sont les scenarios possibles pour notre formation. Chacun a ses avantages et ses inconvénients, car s’il y en avait un de parfait cela se saurait. Je veux faire cette analyse sans aucun faux semblant et le plus lucidement possible. Nous sommes entre nous et je veux vous dire ma vérité même si elle sera peut-être difficile à entendre. Nous devons accepter de regarder la vérité en face. Si nous ne le faisons pas, l’histoire se répètera, s’il y a encore un parti centriste pour qu’elle veuille bien se répéter.
Le premier scenario c’est celui que j’appelle le scenario de la longue marche. Nous restons ensemble, le parti se construit pierre après pierre, élection après élection, avec l’idée un jour, en tout cas c’est son objectif, d’être en position de peser réellement sur l’autre partenaire de la majorité, voire de le concurrencer et même de le dépasser. En clair, le scenario que nous avons mis en œuvre depuis 2007 et que nous voudrions poursuivre.
Quel bilan peut-on faire 5 ans plus tard ? En positif, avoir sauvé le centre droit d’une mort certaine, avoir des centaines d’élus locaux et nationaux, avoir conquis une notoriété incontestable. Grâce au combat que nous avons mené tous ensemble, nous sommes aussi autonomes financièrement. Mais, et oui il y a un mais, nous n’avons pas réussi à peser suffisamment politiquement. Nos élus ont été très souvent le résultat d’un accord avec nos partenaires de la majorité et le rapport de forces est toujours extrêmement déséquilibré.
Le deuxième scénario, je passe vite dessus, parce que je crois que personne ici n’en veut, c’est mettre les chaises sur les tables, passer un bon coup de balai dans la maison, éteindre la lumière, couper le chauffage, fermer la maison à double tour et décider de rejoindre nos amis centristes qui sont partis à l’UMP il y a 10 ans. Celui-là pour moi c’est Niet.
Le troisième scénario quel est-il ? C’est la Fédération des centres. Il n’est pas simple ce scenario, on le sait, mais il me semble indispensable. D’emblée je dis qu’il ne s’agira pas d’une fusion ou d’une absorption. Qui peut croire un seul instant que le Parti radical, parti centenaire serait prêt à signer sa disparition ? Nous-mêmes ici je crois que nous n’avons pas très envie non plus d’abandonner Les CENTRISTES, de liquider d’un seul coup 5 années de travail. Donc, une fusion non, mais une organisation fédérale la plus intégrée possible et qui préserve l’existence du Nouveau Centre, il nous la faut.
En quelque sorte c’est l’UDF avec des partis associés et des adhérents directs mais en recherchant plus d’intégration.
Cette construction-là est indispensable si nous voulons faire ré émerger politiquement notre courant de pensées et être autre chose qu’un supplétif.
En même temps, ne rêvons pas. Cette seule organisation ne suffira pas si dans le même temps nous n’engageons pas un énorme travail pour renouveler notre pensée, en clair pour être les modernes face aux anciens comme l’UDF de Giscard avait su l’être.
Bien sûr, nous avons toujours des différences, la volonté d’une Europe fédérale, la croyance dans les corps intermédiaires comme facteurs de modernisation, le respect de la singularité de l’être humain, l’attachement à des territoires plus autonomes, mais ça ne suffit pas. Nombre de nos idées ont depuis longtemps cheminé au sein de l’UMP.
Et d’ailleurs à ce sujet je vais vous raconter une petite anecdote. Juste avant les législatives anticipées de 1997, François Léotard m’avait confié le soin de rédiger la plateforme de l’UDF puis d’aller la négocier avec le RPR, en l’espèce à l’époque avec Jean-François Copé. Je le fais, je défends notre programme. Copé accepte quasiment tout et Juppé et Leo valide la synthèse finale ; Quelques jours plus tard, je vois un édito d’Alain Duhamel avec ce titre «l’UDF est mort». Je regarde, interpellé par ce titre, et je comprends ce que voulait dire Duhamel. «Toutes les idées fondatrices de l’UDF sont reprises dans le projet de la majorité sortante, l’Europe, la décentralisation, c’est la victoire de l’UDF mais c’est aussi sa mort car plus rien ne la distinguera du parti gaulliste et elle est donc désormais inutile».
Et bien, c’est exactement ce qui se passe encore (la règle d’or, la TVA sociale par exemple).
Ce fut d’ailleurs une de nos difficultés durant la campagne : avoir des marqueurs idéologiques et un corpus de valeurs assez puissants qui nous identifient sans problème dans l’opinion et qui constituent aussi un véritable ciment pour tous les adhérents et les cadres du parti. Au temps de l’UDF, quelles que soient les ambitions personnelles des Léotard, des Bayrou, des Giscard, ils savaient se retrouver et parler d’une seule voix quand il s’agissait de construction européenne et qu’il fallait faire face au RPR des Séguin et des Pasqua.
Je l’ai dit tout à l’heure, bien sûr nous avons encore des différences avec l’UMP, c’est d’ailleurs évident quand on voit ce que pense et ce que dit la droite populaire, le Tea Party de l’UMP. Mais, en dehors de ces quelques ultras, on le sait tous, beaucoup d’autres à l’UMP ne sont pas si éloignés que nous. C’est bien la preuve que la décentralisation, l’Europe, la démocratie ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. Or, sans idées propres, sans prises de position clivante, sans radicalité dans notre expression, une fédération de partis ne marche pas. Elle existera mais je vous prends à témoin aujourd’hui elle ne sera à nouveau que conjurations, conspirations et trahisons. Les forces seront présentes mais ce sont d’abord des forces de désagrégation surtout à l’approche d’une élection présidentielle. Je n’ai pas besoin de vous les décrire ces forces de la désunion, vous les connaissez, Je n’ai pas besoin de mettre de mots, ils les ont déjà prononcés, je n’ai pas besoin de mettre de visages, vous les devinez.
Alors mes chers amis engageons-nous à fond dans la Fédération pour qu’elle soit la plus solide possible mais préservons aussi ce que nous avons de plus cher, notre famille politique, Les CENTRISTES.
Je vous ai présenté trois scenarios et je vous ai dit ma préférence pour le troisième, la fédération de partis. Cela dit mon sentiment, c’est qu’il existe un quatrième scénario mais un scenario de plus long terme, une option qui pourrait à mon sens constitué le deuxième étage de la fusée. Clairement ce n’est pas pour maintenant. Voyons d’abord comment s’effectue notre construction et voyons aussi et surtout comment évolue l’UMP.
En même temps, je crois qu’il y a des tendances politiques lourdes à l’œuvre, des tendances qui vont forcément impacter sur la vie de nos partis et je voudrais vous y rendre attentifs quelques instants.
D’abord le quinquennat avec la concomitance des élections législatives et présidentielle qui prévaut aujourd’hui. Cette mutation constitutionnelle on ne l’a pas à mon sens assez intégré dans notre logiciel. Or elle renforce comme jamais le fait majoritaire. On croyait pourtant que la première élection du président de la République au suffrage universel en 1965, suite à la révision de 1962, avait calibré ce fait majoritaire, cette relation électorale entre un président et une majorité. On ne pensait pas que le quinquennat allait l’exacerber à ce point.
Nous avons un peu de recul puisqu’il y a eu trois élections présidentielles qui ont toutes les trois engendré la même mécanique. Quelle est-elle ? Un fait présidentiel tellement puissant qu’il écrase totalement les élections législatives. Les élections législatives n’ont plus aucune autonomie, plus de débat, plus d’expression, de pluralisme, elles consistent seulement à donner une majorité plus ou moins forte au Chef de l’Etat nouvellement élu.
Les Français sont attachés à la diversité politique, mais lors des élections législatives, ils votent pour le parti du Président – même pas pour les partis de la majorité ! - Certains votent contre le parti du président mais alors en se réfugiant aussi dans la marque la plus connue.
Regardez ce qui s’est passé en 2012. Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, les candidats qui n’étaient pas qualifiés ont purement et simplement disparus. Mélenchon, Bayrou, Joly, tous passés à la trappe en 24 heures. Pour les deux premiers, alors qu’ils ont fait plusieurs millions de voix, qu’ils ont appelé à voter Hollande – le vainqueur - ils sont même passés à la trappe aux élections législatives. Pas même élus dans une circonscription ! Le Front de Gauche, les Verts, le Modem, disons-le nous-même aussi, tous incapables de gagner une primaire, les uns face au PS, les autres face à l’UMP. .
Fait présidentiel, bipolarisation extrême, voilà une première tendance très lourde qu’il nous faut intégrer.
Il y a dès lors pour nous un redoutable défi, comme à gauche pour les partenaires du Parti socialiste : comment faire vivre et entendre notre famille politique qui représente 8 à 15% de l’électorat quand des forces immenses tendent vers le bipartisme.
Vous voyez, il y a deux choses qui m’ont beaucoup frappé durant ces deux campagnes présidentielle et législative :
- la première c’est qu’on a tous des exemples de candidats Nouveau Centre brillants, motivés, plein d’avenir, tous implantés, mais qui ont été largement battus en primaire par un candidat UMP sorti de nulle part.
- Et il y a une seconde chose qui a été probablement pour moi la seule et vraie peine de toute cette campagne. C’est le choix qu’a fait notre ami Damien Abad tirant les conséquences de l’impossibilité d’avoir une investiture commune Nouveau-Centre/UMP. Damien n’est pas construit pour être un traitre et un ingrat. Il a été un formidable Président des Jeunes, et je suis sûr que durant ses discours enflammés il y croyait. Mais Damien a de l’ambition et c’est naturel pour un jeune qui a du talent. S’il y en a un qui ne devait pas nous abandonner, c’était bien lui. Il me doit tout, j’ai obtenu à l’issue d’un Conseil des ministres sa position éligible aux européennes ; j’ai bouleversé la liste aux régionales pour qu’il puisse aller dans l’Ain même si cela nous coûtait deux conseillers régionaux, et pourtant il a fini par adhérer à l’UMP pour devenir député. Il faut aussi comprendre pourquoi il l’a fait, si l’on veut éviter que cela se reproduise.
La seconde tendance lourde pour moi ce sont les primaires. La primaire ça devient le premier tour de l’élection présidentielle et elle sera généralisée, n’en doutez pas, aux prochaines élections présidentielles.
C’est à travers ces primaires de plus en plus et de moins en moins à travers un premier tour que les Français vivent un pluralisme politique auquel ils restent attachés.
Regrouper les centres pour être plus forts, pour nous faire respecter, mais aussi prendre en compte cette double dimension d’un fait présidentiel hyper puissant et d’une généralisation des primaires. Voilà ce que nous devons faire sinon nous vivrons en permanence des Abad.
Voilà pourquoi je dis qu’il existera un 4e scenario, un scenario que nous devons inventer et qui sera celui d’une nouvelle construction de l’ancienne majorité. C’est ce que j’ai appelé la construction d’un nouveau partenariat. La mise en place d’une co-animation de l’opposition et demain de la majorité.
Voilà pourquoi je dis qu’il nous faut inventer une nouvelle organisation. Quelque chose qui se situe entre les états généraux de l’opposition que l’UDF et le RPR avaient su mettre en place au début des années 90 pour gagner la bataille de 93, quelque chose entre cela, et la CDU-CSU. Une fédération des centres indépendante dans laquelle Les CENTRISTES conserve son autonomie politique et financière et qui structure une relation avec l’UMP car prenant en compte ces deux novations institutionnelles que représente la disparition de l’autonomie politique des élections législatives et la généralisation des primaires.
Ne nous voilons pas la face, nos élus d’aujourd’hui sont les résultats d’un accord avec notre partenaire. Et ce schéma va s’amplifier avec la fin du cumul des mandats car l’implantation locale et l’équation personnelle disparaitront en quasi-totalité au profit de l’étiquette.
Tous ceux qui ont été candidats aux élections législatives le savent bien : leur salut passe par l’union au moment des législatives. Il ne sert à rien de se raconter des histoires.
Alors dans ces quatre scénarios mes chers amis, je vous le dis, oui à la Fédération du Centre, non à l’isolement, mais oui à la structuration de l’ancienne majorité par des modalités nouvelles qu’il nous faut inventer, structurer, d’autant plus facile à faire que nous serons devenus plus forts.
Mais clairement, je veux que dans notre Fédération des centres, nous intégrions cette donnée pour ne pas bâtir sur le sable des illusions.
C’est important que nous réfléchissions et que nous débattions de ces questions capitales pour l’avenir de notre parti et de nos militants, surtout des plus jeunes qui aspirent, je le comprends, à exercer des responsabilités politiques.
Quelle que soit l’option que nous retiendrons, dans l’immédiat, ce dont je suis sûr c’est que nous sommes résolument dans l’opposition. Notre opposition, elle n’est ni constructive, ni d’ailleurs destructive, elle est tout simplement résolue. Nous y étions d’emblée dans cette opposition résolue et déterminée et nous le sommes encore plus après ces premiers mois de présidence Hollande car ce bilan, où l’inertie le dispute à l’indigence, est réellement accablant.
Je vais vous faire une confidence : après la déception de l’élection, j’ai eu un secret espoir, c’est que François Hollande soit capable d’engager les réformes que nous, à droite et au centre, nous avions beaucoup de mal à faire sur l’école, sur les questions sociales, sur les banlieues. Qu’il soit en quelque sorte notre Schröder.
Et bien je suis triste de vous dire cela, triste pour mon pays mais maintenant je sais que ces réformes ils ne les feront pas, je sais que ce courage ils ne l’auront pas, je sais maintenant tout simplement qu’ils échoueront. Les emplois d’avenir annoncés cette semaine en sont l’exemple le plus frappant. Des emplois du passé pour des déficits de demain. Un deuxième exemple, même si je sais que ce n’est pas très populaire, la baisse du prix du carburant. Quelques centimes d’euros seulement qui d’ailleurs ne satisfont personne pour un déficit accru de plusieurs centaines de millions d’euros, c’est une vraie honte. Faire payer à nos petits-enfants notre plein d’essence alors que le gouvernement devrait au contraire consacrer ces quelques marges de manœuvre à accélérer la transition énergétique et nous sortir de la dépendance du pétrole, c’est indécent.
Ce qui me frappe le plus, c’est l’espèce de léthargie qui s’est emparée de François Hollande et de son gouvernement. Comme si tout le gouvernement était plongé en estivation prolongée. Non seulement, ils n’ont pas supprimé les 35 heures mais en plus ils ont décidé de se les appliquer. En clair, on est passé de la présidence bling bling à la présidence Tsé Tsé.
On convoque des réunions sur l’emploi, on organise des assises sur l’éducation, mais concrètement on ne fait rien ; rien sur l’école, rien sur la sécurité, rien sur les PME. Pas une idée, pas une réforme, pas un projet. À quoi a servi la session parlementaire de juillet ? À passer une loi sur le harcèlement sexuel et faire de l’anti-Sarkozisme et à voter des impôts !Pourquoi pas, mais sincèrement quel rapport avec la crise, avec Peugeot, avec SeaFrance et toutes les PME qui se retrouvent à l’agonie au tribunal de commerce. Hollande a peut-être baissé le prix des carburants mais ce qui est sûr c’est que lui il roule à l’ordinaire et que pour l’instant sa voiture est toujours bloquée dans les stands. J’étais sidéré hier en voyant la réaction du gouvernement aux problèmes de sécurité à Marseille. On était le 30 août en pleine crise et on annonce une réunion interministérielle pour le 6 septembre, et pourquoi pas à Noel pendant qu’on n’y est !
Vous avez-vu d’ailleurs comment réagi la presse étrangère et notamment la presse allemande de droite et de gauche ? C’est elle qui dénonce l’immobilisme français. On va faire la guerre en Libye mais on n’ose pas faire la guerre à nos dépenses sociales, ironise le Spiegel.
La presse allemande a raison.. Nous n’avons pas un gouvernement de combat, mais un gouvernement de résignation et le discours de Chalons hier était éloquent de résignation.
Sur l’Europe aussi la timidité du président est sidérante. François Hollande aurait pu rentrer dans la grande histoire, avec un grand H, en saisissant la main tendue de toute la classe politique allemande, droite et gauche, qui proposait un grand saut politique.
Les Allemands ont bien compris que si les nations européennes veulent rester souveraines sur l’essentiel, elles doivent consentir des partages de souveraineté sur plusieurs questions comme par exemple la fiscalité pour aller vers l’harmonisation, sur l’économie pour aller vers l’intégration, sur les politiques industrielles et de recherche pour relancer la croissance.
Je crois que les peuples européens ne sont pas stupides et qu’ils voient bien, compte tenu des niveaux d’endettement public et de la férocité de la compétition internationale, que la souveraineté européenne partagée est la seule issue pour préserver chacune de nos souverainetés nationales. Il y a en ce moment une opportunité historique à saisir à la fois pour éloigner le spectre d’une crise durable mais aussi pour refaire de l’Europe un modèle pour le monde, pour créer une vraie république européenne; mes chers amis, quel que soit le chemin que nous choisirons pour notre parti, je vous invite à ce que Les CENTRISTES soit plus que jamais le parti de l’Europe fédérale.
Deuxième question que nous pose nos voisins allemands, comment suivre le chemin tracé par les pays les plus vertueux, baisser notre dette et augmenter la compétitivité de nos entreprises ? Oui je voudrais qu’au Nouveau Centre, nous sortions de cette inconscience par rapport au monde qui nous entoure et aux efforts que cela nous impose, et que nous adressions un message au courage, un message à la réussite, un message à l’esprit d’entreprendre.
Qu’est-ce que j’aimerais avoir un président qui nous dise que réussir c’est bien, que créer de la richesse c’est bien, qu’innover et risquer c’est bien ! Qu’est-ce que j’aimerais avoir un Président qui applaudissent ceux qui risquent, qui les médaillent au lieu de les stigmatiser ou de les dégoûter d’entreprendre ?
Comment prouver aux jeunes les plus en difficultés que la République n’est pas un concept un peu suranné et sans portée pratique sur leur avenir ? Et comment prouver à l’inverse aux jeunes les plus favorisés que leur avenir se situe en France et pas à Séoul ou Sao Paulo ou à Dubaï ? Aujourd’hui nous éprouvons les pires difficultés à parler aux uns comme aux autres, à ceux qui échouent comme à ceux qui réussissent.
Mon sentiment, c’est que derrière cette question du désendettement et de notre compétitivité, il y a fondamentalement, la question de la liberté et de la responsabilité. Je voudrais que l’on remette au goût du jour en France les « libertés nécessaires » comme le disait Thiers en 1863.
Nous n’avons plus à lutter comme à son époque pour la liberté de la presse, la responsabilité des ministres devant le corps législatif ou la liberté du vote mais nous avons un État qui dévore peu à peu toutes nos plages de liberté et notamment celle de la liberté d’entreprendre.
Il les dévore par une fiscalité devenue démoniaque autant pour les ménages que pour les entreprises.
Il les dévore par des règlementations chaque jour plus fortes et ce qui est peut être encore plus grave chaque jour plus instables et changeantes.
Il les dévore en tolérant des inégalités croissantes tout en cultivant l’assistanat qui ne rend heureux personne et qui gangrène la société française.
Trop d’impôt tue l’impôt comme on dit souvent mais trop d’Etat tue aussi l’Etat. Nous avons aujourd’hui un Etat qui à force de vouloir protéger la société est en train de la laminer et de la réduire. Moi je veux un Etat qui encourage la société pas un Etat qui la décourage. Je veux que nous portions l’énergie, l’optimisme. La vraie différence entre la droite et la gauche vous la connaissez. La gauche cultive l’optimisme béat avec des œillères, la droite cultive le déclinisme. Et bien je veux moi que nous soyons des optimistes réalistes.
Nous devons pouvoir porter une vraie radicalité. Dire des choses nettes, claires, simples, parfois brutales sur l’insécurité ou sur l’immigration car nous avons l’humanisme pour le faire. Dire que la rigidité du droit du travail est un frein à l’emploi. Bouger les seuils, simplifier les procédures de licenciements, être plus vigilant sur les chômeurs professionnels, c’est aussi à nous de le dire. Pas d’eau tiède, pas de bons sentiments mais une approche lucide et courageuse des sujets, voilà ce que je vous propose.
Voilà pourquoi je repartirai à la rencontre des Français dès le début du mois d’octobre. Le système est à bout de souffle. Les Français n’en peuvent plus. Tout s’effondre. Il faut faire sonner le temps de la révolte et de la refondation en bousculant les conformismes et les résignés.
Nous devons être non seulement une opposition crédible, mais déjà une relève. Une famille à nouveau soudée, une famille à nouveau imaginative, une famille à nouveau conquérante, c’est l’objectif qui est le nôtre et le mien à compter d’aujourd’hui.