Sénateur de la Haute-Savoie
Secrétaire du Sénat
Conseiller municipal de Marnaz
>> Nous sortons d’une période où le Sénat a étudié deux textes de loi majeurs (proposition de loi sécurité globale et projet de loi contre le séparatisme). Quel regard portez-vous sur ces deux textes ?
Loïc Hervé : Malgré un contexte compliqué lié notamment au "Beauvau de la Sécurité", le texte sur la sécurité globale a fait l'objet d'un enrichissement important au Sénat, qu'il s'agisse des images des drones et des caméras, des polices municipales (avec la création de celle de Paris), de la sécurité privée ou de la protection due aux forces de sécurité intérieure. L'essentiel des apports sénatoriaux a été conservé par la commission mixte paritaire avant que le texte ne soit soumis au contrôle du Conseil constitutionnel.
De son coté, le texte sur le séparatisme a lui aussi fait l'objet d'un examen au Sénat. Un travail de fond a été mené en commission pour maintenir le texte dans une optique de respect de la liberté de culte et avec l'objectif de trouver un compromis avec les députés. Hélas, l'examen et l'adoption en séance d'amendements tenant plus de la communication politique que de la recherche de solutions à la propagation de l'islamisme radical compromet, selon moi, cette perspective.
>> L’examen de ces deux textes, ne traduit-il pas une volonté liberticide ?
Je n'irai pas jusque là mais il faut reconnaître que la lutte contre le terrorisme comme la lutte contre la pandémie ont fait reculer certaines de nos libertés dans des proportions très importantes. Pour notre courant de pensée politique, avoir une forme d'obsession de la préservation des libertés publiques me paraît essentiel et conforme à notre vocation. La défense de nos libertés doit rester notre boussole.
Il est nécessaire de rester vigilants pour que certains reculs de libertés ne s'évaporent incidemment pas dans le droit positif.
>> Cela fait maintenant plus de 6 mois que nous vivons en continu sous couvre-feu et ou confinement. Êtes-vous inquiet pour les libertés individuelles lorsque la situation épidémique permettra la levée des restrictions ?
Les Français aspirent à un retour à la vie la plus normale et les mois passant, cette envie de recouvrer de la liberté devient de plus en plus prégnante. Redonner des perspectives et de la liberté à nos concitoyens devient un enjeu aussi fort que la lutte contre l'épidémie. Ne pas le comprendre, c'est prendre le risque d'un accident démocratique majeur en 2022.
>> Le Parlement peut-il toujours bien contrôler l’état d’urgence sanitaire et les restrictions qui en découlent ?
En plus du vote de la loi, la constitution donne au Parlement le rôle de contrôler l'action du Gouvernement et l'évaluation des politiques publiques. C'est souvent par la voix de Gérard Larcher que ce rôle a été réaffirmé à plusieurs reprises depuis le mois de mars 2020 pour exprimer qu'on ne peut confiner la démocratie.
>> Quel regard portez-vous sur l’instauration avant l’été d’un passeport vaccinal européen ?
J'ai eu l'occasion de m'exprimer à de nombreuses reprises sur ce projet. Autant je considère que l'exigence de présenter des informations médicales pour un voyage en avion ou aux frontières est légitime, autant créer une telle obligation pour des actes de la vie quotidienne me paraît disproportionné et nécessiterait le vote d'une loi, à supposer qu'elle soit constitutionnelle.
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