24.09.2013

"Face à la mondialisation, le repli national est mensonger" par Jean-Marie Cavada

Tribune parue dans Sud-Ouest

La crise économique et financière venue des États-Unis en 2009 a mis au jour l’insuffisance des structures de l’Union européenne. Au premier rang d’entre elles, l’absence de contrôle bancaire, qui nous a valu de très dangereuses errances, et l’absence de redéploiement économique, que souligne un inquiétant chômage endémique.

Le contrôle bancaire est maintenant décidé, clairement appuyé par un vote massif du Parlement européen, et les deux vagues de textes nécessaires à son entrée en vigueur trouveront une application réelle dans le deuxième semestre 2014.

Le chômage est en Europe un cancer menaçant pour la stabilité politique des démocraties. Il est particulièrement aigu dans plusieurs pays de l’Europe du Sud, et, en France, il ronge le consensus social. C’est particulièrement le chômage des jeunes qui est inquiétant dans un nombre important des pays membres de l’Union : pour certains d’entre eux, au moins un jeune sur deux n’arrive pas à trouver un emploi. Et l’on commence à observer des phénomènes migratoires intra-européens, du sud vers le nord, comme autrefois l’exil des Portugais ou des Italiens vers leurs voisins plus fortunés.

Des dirigeants politiques ne se gênent pas pour enfumer la vérité, en accusant l’Europe. Si le chômage menace notre prospérité et la stabilité sociale, c’est d’abord parce qu’un certain nombre de pays membres, dont le nôtre, n’ont pas accompli les réformes que le chancelier Schröder a eu le courage d’entreprendre il y a dix ans. C’est aussi parce que ces mêmes États se sont enfoncés dans l’endettement. Dettes + absence de réformes : le cocktail du déclin est garanti si les États ne font pas le travail nécessaire.

Les vendeurs de peur, ceux qui font commerce électoral en prédisant le pire, ceux qui posent des questions sans avoir l’once d’une réponse, disent que tout s’arrangera comme par miracle si nous refermons nos frontières, et quittons l’euro pour le franc. Bref, barricadons-nous derrière nos vieux volets, et le monde ne nous fera plus de bobos ! Ce déni de réalité est dangereux et nous lance sur une voie suicidaire. Comment, en effet, pourrions-nous redresser notre pays sans la protection d’un continent européen organisé, alors que le monde entier est ouvert à tous les échanges ?

La solution imparable, c’est d’organiser le continent européen afin qu’il pèse dans le dialogue des autres grands, et, de cette manière, défende sa puissance qui n’est autre que l’addition de la puissance des États membres qui composent l’Union.

En termes d’organisation, il faut maintenant clarifier les institutions afin de mettre en place un gouvernement de la zone euro chargé notamment du dynamisme économique des États, des finances, de la monnaie, de l’ajustement fiscal progressif et, surtout, de la mise en place d’une réelle politique sociale, à laquelle les travailleurs de l’Europe ont droit : les salariés sont un capital qui se protège, comme le capital financier. Ce gouvernement doit recevoir des États le pouvoir de mener les politiques régaliennes qu’aucun d’entre eux ne peut mener tout seul (économie, défense, diplomatie, énergie, immigration…). Ce gouvernement doit être contrôlé par un Parlement plus démocratique encore, travaillant en étroite collaboration avec les Parlements nationaux de la zone euro.

Dans la mondialisation, qui menace nos cultures autant que nos économies, nous sommes appelés à faire de l’Europe une grande puissance économique mondiale afin qu’elle redevienne une grande puissance démocratique regardée avec respect dans le monde entier. Français, réveillons-nous, prenons l’Europe en main !

 

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