Pour Hervé Morin, Président de Territoires et de l'Association des Régions de France, les plans gouvernementaux en faveur de l'emploi se heurtent à un «problème de méthode». Extrait de son interview donnée au Figaro :
Lundi, dans le cadre du plan d'investissements dans les compétences (PIC), chiffré à quinze milliards d'euros sur cinq pour former deux millions de personnes au chômage, Muriel Pénicaud, Ministre du travail, a inauguré l'opération «100% inclusion». Alors qu'elle devait signer, à Strasbourg, une nouvelle convention avec Jean Rottner, le président LR de la région Grand Est, la Ministre a exposé le projet dans divers médias. L'ambition du PIC est de former un million de jeunes sans emploi et sans qualification et un million de personnes au chômage de longue durée. Dès 2018, 680 millions d'euros sont débloqués pour amorcer le système. Soutenues par l'État, les régions pourront, selon Muriel Pénicaud, financer 20% de places supplémentaires de formation, soit 149 000 formations dès cette année.
Si Muriel Pénicaud affiche son enthousiasme, Hervé Morin est nettement plus réservé. «Ce que je veux, ce sont des structures en capacité de gérer les demandeurs d'emplois. On n'est pas là pour se faire plaisir par des signatures de conventions mais pour faire en sorte de ramener des demandeurs d'emplois vers le marché du travail» explique-t-il en soulignant d'importants problèmes en matière d'accompagnement pour les chômeurs. L'État doit assumer ses responsabilités, selon lui, en s'appuyant sur les missions locales et les agences de Pôle emploi pour résoudre le problème de «sourcing» (activité de recherche, d’identification et d’engagement des personnes) auquel les régions sont confrontées.
Car en réalité, nombre de formations ne trouvent pas assez de candidats alors même que de vrais emplois sont proposés à la clef. L'élu évoque le cas d'une formation prévue par l'ordre des experts-comptables mais retardée par manque de volontaires malgré la perspective de quarante contrats de travail. Idem pour une autre formation de tuyauteurs à Cherbourg «remplie à moins de 50%». «Là, il y a très clairement un problème de méthode du côté de l'État», pointe Hervé Morin.
La multitude d'acteurs impliqués dans la formation est une autre difficulté. L'exercice est encore plus complexe, selon le Président de Territoires, avec les divers plans lancés directement par l'État. Mardi dernier, lors du Conseil national de l'industrie, le Président de la région Normandie a estimé que la séparation entre Pôle emploi et les régions créait une «déperdition d'énergie considérable», parfois des doublons ainsi que des risques de «gaspillages» compte tenu de la diversité des initiatives lancées. «Globalement, le pilotage est loin d'être uniformisé».