15.11.2010

Convention sur l'équilibre des chances : discours de clôture d'Hervé Morin

Mesdames et Messieurs,

L’égalité est un pilier du modèle républicain. C’est la clé de voute de la cohésion et du dynamisme de notre société. Dans le triptyque républicain, c’est ce qui compte le plus car nous sommes profondément contre les systèmes de privilèges injustes. Nous avons décapité pour cela l’égalité qui confine parfois à l’égalitarisme décrit par Tocqueville avec beaucoup de précision et de justesse. Cela constitue une des exceptions françaises comme les américains sont intrinsèquement liés au principe de  liberté

Pourtant, les oubliés de l’égalité des chances sont de plus en plus nombreux. Pour ne citer que quelques exemples qui ont déjà été abordés cet après-midi :

  • Sur l’éducation : les deux tiers des enfants d’enseignants et plus de la moitié des enfants de cadres ont un diplôme supérieur ou égal à Bac+3. Pour les enfants d’ouvriers non qualifiés ou d’inactifs, ce taux est de 10 %. Aux concours d’entrée à l’ENA de 2009, sur 81 élèves, 13 avaient un parent employé et 4 un parent ouvrier.
  • Sur le handicap : le taux de chômage des personnes en situation de handicap s'élève à plus de 20 %, soit près du double de la moyenne nationale.
  • Sur les femmes: elles sont souvent les salariées les plus précaires, avec des temps partiels subis. Pour les mêmes compétences et le même poste, elles sont payées en moyenne  20 % de moins que les hommes. L’inégalité est flagrante tant dans le monde professionnel, que dans la sphère politique : en 2009, seulement 18,5 % des députés sont des femmes.
  • Sur les quartiers : Dans les zones urbaines sensibles, le taux de chômage est jusqu’à deux fois supérieur à celui de l’ensemble du territoire, les jeunes étant les plus touchés, près de 40% parfois.

Quelle que soit l’évolution, et heureusement certaines tendances montrent qu’il y a des améliorations comme pour le nombre de femmes en politique par exemple, le constat n’est pas satisfaisant. Il est même cruel : tous les citoyens n’ont pas les mêmes chances. Certes, la constitution affirme que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ». Mais la vérité est que nous vivons dans une société profondément déséquilibrée, où la fracture entre l’égalité réelle et formelle est de plus en plus criante. L’égalité devant la loi sans doute, mais l’égalité devant les chances, certainement pas.

Dans un tel contexte, comment peut-on imaginer un seul instant que la société soit en harmonie ?

Comment imaginer un seul instant que les citoyens soient épanouis et optimistes, lorsqu’ils savent que leur naissance, leur condition, leur handicap, ou le simple fait d’être une femme peut représenter un frein et même parfois un mur à leur épanouissement personnel et professionnel ?

Le « plafond de verre » dont on parle pour les femmes, c’est aussi une réalité pour  tous les oubliés de l’égalité des chances, qui savent que leur horizon sera nécessairement plus étroit que pour d’autres.

Les jeunes générations ne s’y trompent pas : seul un quart des jeunes en France ont «confiance en un avenir prometteur. » (Insee2009).  Et 71% d’entre eux ne sont que peu ou pas du tout confiant pour la société française (Ipsos 2010).

Quel bilan pourrait –être plus alarmant ? Comment ne pas s’affoler lorsque ceux qui représentent la société de demain n’ont pas confiance en leur avenir et dans le modèle qui leur est proposé ? La prise de parole des lycéens et des étudiants pendant la réforme des retraites exprimait bien ces inquiétudes.

 

Mesdames et Messieurs,

J’ai la conviction que la société de la reconnaissance que j’appelle de mes vœux depuis plusieurs mois passe d’abord par la mise en œuvre concrète de l’équilibre des chances. Je préfère le terme d’ « équilibre » à celui d’ « équité » ou d’ « égalité », pourtant proches. Le mot « équilibre » vient du latin : « aequus » qui veut dire « égal » et « libra » qui veut dire « la balance ». Et moi j’aime bien cette idée de poids ou de charge qu’il faut compenser, cette idée de pondération et de rapport entre les différentes tensions, qui correspondent à l’état de notre société.

Sémantiquement, il y a toujours eu un débat autour du mot « égalité ». Ce que nous voulons, ce n’est évidemment pas l’égalité autoritaire comme dans les régimes communistes. Nous voulons un système où les jeux ne sont pas faits d’avance, où chacun peut encore peser sur son destin, où la construction de sa personnalité ne se brise pas sur le mur du déterminisme social.

L’équilibre des chances me tient à cœur et c’est pourquoi, lorsque je suis arrivé au ministère de la Défense en 2007, j’ai mis cette démarche au cœur de mes priorités. L’intégration sociale est l’une des missions traditionnelles de l’armée, et j’ai souhaité renforcer cette fonction grâce au plan égalité des chances, lancé dès septembre 2007. Destiné en particulier aux jeunes issus des milieux moins favorisés, dans les zones sensibles, mais aussi dans les zones rurales,  ce plan a permis d’offrir à tous les mêmes chances, quelle que soit leur origine et quel que soit leur parcours. En 2009, ce sont 25.000 jeunes qui ont pu bénéficier des mesures de ce dispositif :

- Grâce au tutorat près de 350 filleuls bénéficient du parrainage d’un élève de grande école de la défense. J’ai voulu qu’ils soient 450 l’année prochaine à bénéficier de cet accompagnement au sein des lycées partenaires de grandes écoles de la défense. 

- Les lycées militaires, qui étaient jusque là réservés aux enfants des militaires et des fonctionnaires, sont désormais ouverts aux élèves méritants issus de milieux moins favorisés. Ils sont 10 % des effectifs du second cycle cette année (soit 150 élèves). En 2011 ils seront plus de 20 % (360 élèves).

- Les « classes passerelles » sont aussi un levier majeur de l’égalité des chances au sein de la défense. Ces classe accueillent des élèves issus de milieux défavorisés et les aident à se remettre à niveau afin qu’ils puissent intégrer une classe préparatoire à la rentrée d’après. Ces classes passerelles comptent aujourd’hui 87 élèves, dont 51 boursiers. A la fin de l’année, elles en compteront 110 et l’année prochaine 130.

- L’armée recrute chaque année 7 000 jeunes sans qualifications et leur donne une formation solide. Grace à l’école des mousses, qui avait été fermée en 1988, et dont j’ai décidé la réouverture à mon arrivée au ministère, ce sont chaque année 150 jeunes de 16 à 17 ans, issus de la classe de 3e, qui sont formés et peuvent, à l’issue de leur formation, s’engager dans la marine pour 4 ans.

- Je pense enfin au plan handicap, que j’ai voulu mettre en œuvre dès mon arrivée à la Défense. Nous dépassons depuis 2010 l’objectif de 6% fixé par la loi, avec  125 recrutements supplémentaires cette année.

 

Aujourd’hui chers amis, grâce à cette convention sur l’équilibre des chances, nous avons commencé à dessiner les contours de la société reconnaissante et juste que nous voulons proposer aux français.

A travers l’éducation et la formation, à travers l’accès à l’emploi et à l’entreprise, mais aussi en apportant une attention particulière aux territoires que sont les quartiers et les zones rurales, nous disposons de leviers pour mener une véritable politique de l’équilibre des chances.

La question de la société de la reconnaissance, elle se pose dans l’entreprise, à l’école, à l’hôpital.

Elle se pose aussi pour les banlieues.

Oui, c’est difficile la vie en banlieue, la vie dans les quartiers. On craint pour sa voiture on voit des jeunes désœuvrés, agglutinés en bas de son immeuble, on aperçoit des trafics ; on vit tous les jours avec ce sentiment diffus et impalpable d’insécurité.

Mais vous voyez aujourd’hui au lieu des poubelles et des voitures brulées, au lieu des bus et des camions de pompiers caillassés, je voudrais que nous parlions aussi des banlieues qui réussissent, de ces femmes et de ces hommes qui créent leur entreprise, de ces jeunes qui font des grandes écoles. Ceux que j’ai rencontrés à Bondy, à Rouen et à Argenteuil. Quel potentiel extraordinaire, quelle envie de vivre et de construire, quelle soif de consommation et de réussite sociale.

Et finalement eux aussi, la seule chose qu’ils vous demandent, c’est la reconnaissance, c’est de leur dire que la France est riche de la diversité des mondes.

Et c’est d’ailleurs extraordinaire qu’aux Etats- Unis, démocrates et conservateurs soient unanimes pour considérer que les Américains issus de l’immigration apportent, je cite G.W. Bush « une vitalité nécessaire, une ouverture d’esprit et un optimisme qui constituent une part cruciale de l’identité nationale ».

Et d’ailleurs il y a tellement de talents dans nos banlieues que nos amis américains l’ont bien compris, comme cela a été dit lors de la dernière table ronde. L’Amérique vient recruter nos jeunes diplômés car elle sait que dans un monde globalisé, avoir deux cultures plutôt qu’une, c’est un atout. Parler trois langues au lieu de deux c’est une chance pour faire la promotion de ses produits. Et pendant ce temps là, le seul message de la France à l’égard des banlieues est un message négatif.

- Pourquoi ce qui est une richesse aux Etats- Unis devient chez nous une menace ?

- Pourquoi ce qui est une fierté aux Etats- Unis devient chez nous une souffrance ?

- Pourquoi les américains parviennent à associer immigration et patriotisme et pourquoi nous, nous n’y parvenons pas ?

- Pourquoi on vient en France pour chercher des avantages sociaux et pourquoi vient-on aux Etats- Unis pour chercher la réussite.  

 

Mesdames et Messieurs,

L’équation à résoudre n’est pas celle des moyens, c’est celle de  la méthode. Nous devons dépasser la politique de zonage qui touche plus les quartiers que les hommes. Si nous connaissons les réussites de la politique de zone, nous en savons aussi les effets pervers. Certes l’urbain a beaucoup progressé, avec les zones d’activité, les centres commerciaux, la rénovation urbaine … Mais tous les maires vous le diront, à un moment donné, tout bloque sur le social et l’humain. La politique de la ville a amélioré la ville, oui, mais elle n’a pas réussi à changer en profondeur les trajectoires individuelles.

Pour combler les limites de la politique de zonage, il est nécessaire d’accorder une  place à l’individu, aux besoins particuliers, afin d’apporter une solution à chacun. Il faut diriger cette politique vers les individus qui concentrent les inégalités de revenus, de destin, de naissance et de formation, et ce où que soit leur logement et quel que soit leur nom de famille ou leur couleur de peau.

Cette politique en faveur de l’équilibre des chances ne doit pas reposer sur des statistiques ethniques, car ce n’est pas notre culture, et surtout, ce n’est pas notre idée de la république. Cette politique doit se fonder sur des critères sociaux, qui sont les seuls valables pour définir les besoins, les attentes et ainsi trouver les bonnes solutions.

Pour assurer l’équilibre des chances nous devons porter l’idée d’une « mobilisation positive »,  qui regarde avant tout chez les citoyens leur potentiel plutôt que leurs lacunes, qui voit en chaque individualité une richesse plutôt qu’un fardeau. Nous voulons porter l’idée d’une société humaine, solidaire, et reconnaissante de chacun. Une société qui considère que les héritiers de l’immigration contribuent à la richesse et à la diversité de notre pays, de notre culture.

Mesdames et Messieurs,

Nous aurons le temps de développer nos idées dans les semaines et les mois à venir pour élaborer le projet centriste que nous proposerons aux français. Mais les réflexions de cet après midi peuvent déjà nous donner quelques pistes de propositions.

Je pense notamment à l’éducation :

-  Chacun le sait, l’éducation c’est la vraie grande question et je suis d’ailleurs effrayé quand je vois que dans la convention de mardi dernier, le PS amène pour seule réponse la scolarité des enfants à deux ans. Au-delà du fait qu’il n’y ait aucun chiffrage de cette proposition, comme des autres d’ailleurs, je crois surtout qu’à un moment donné, il faut arrêter le débat sur les moyens, et comme on a su le faire pour l’université, il faut se poser la question d’une plus grande autonomie des établissements. L’université française s’est épuisée pendant des décennies dans un système centralisé, coûteux et peu efficace alors que l’on voit en moins de trois ans tous les effets bénéfiques d’une politique qui leur donne de la liberté et de la responsabilité. Si l’on veut vraiment restaurer l’école républicaine, il faudra le même courage que nous avons eu pour la réforme des universités.

Il faut laisser une plus grande autonomie et responsabilité aux établissements, sur le modèle des Collèges ambition réussite. Il faut donner des moyens bien sûr, mais il faut surtout donner de l’autonomie aux établissements confrontés aux problèmes de ségrégation pour leur permettre de choisir leurs équipes, avec des professeurs recrutés d’après leur profil pédagogique et leur aptitude à travailler en  équipe ; pour leur permettre d’organiser les classes par groupes de niveau si cela semble nécessaire, pour leur permettre de modifier les maquettes d’enseignement pour recentrer leur action sur les apprentissages fondamentaux…

Souvent, on combat le principe de l’autonomie sous prétexte qu’il est un frein à l’égalité. Mais c’est faux. C’est tout l’inverse : plus on donne d’autonomie aux établissements qui en ont besoin, plus ils sont libres d’apporter les réponses les mieux adaptées à leurs besoins. Le système éducatif très égalitaire assoit les conservatismes et la réussite des meilleurs. Alors que l’autonomie est vectrice d’innovation, d’imagination, de « mobilisation positive ». L’uniformité nourrit l’inégalité.

- Il est important de multiplier les efforts pour accompagner au mieux les familles et les enfants en difficulté. Il est nécessaire par exemple, de  suivre avec une attention toute particulière ceux qui sont en voie d’exclusion afin de leur redonner des repères. Dans cette perspective, le travail des associations est fondamental, et nous devons pouvoir compter sur l’action de ces femmes et de ces hommes de terrain qui connaissent les problématiques de ceux qui ont besoin d’aide, et qui peuvent leur apporter les réponses les plus appropriées à leurs cas particuliers.

- Nous devons ainsi favoriser le travail en équipe, toujours plus fructueux et efficace que si chacun travaille de son coté.  Nous devons favoriser l’initiative citoyenne individuelle ou collective, dès lors qu’elle participe au bien-être et au développement de nos enfants.

- Nous devons aussi inciter les établissements scolaires et universitaires à plus de mixité sociale, qui est le vecteur d’une société diversifiée, représentative de la population française et de ses cultures, une société tolérante et ouverte. Pour cela nous devons accroitre le nombre d’étudiants boursiers. Il y a en moyenne, 26,6% de bousiers à l’université, et 23 % en classes préparatoire aux grandes écoles. Il faut aller plus loin.

- Nous devons continuer à soutenir la mise en place du tutorat comme dans les lycées militaires ou à l’ESSEC.

- Nous devons ouvrir le recrutement des grandes écoles aux meilleurs élèves des quartiers comme le fait Sciences Po avec les « convention ZEP ». 

- Nous devons faire vivre davantage la suppression de la carte scolaire pour favoriser la mixité, en imaginant pourquoi pas d’appliquer en France le système du « bussing », cette pratique tirée d’une expérience américaine, qui consiste à emmener des enfants des quartiers, tous les matins en bus, pour qu’ils aillent  étudier dans des écoles huppées. 

- Je pense aussi à l’emploi, pour lequel les zones franches sont utiles et nécessaires, mais qui mériteraient d’être accompagnées par une approche plus individuelle, plus proches des besoins, grâce aux emplois francs. 

 C’est un autre bon exemple de cet appel que j’ai lancé à dépasser la politique de zonage. Les zones franches marchent, car elles permettent d’installer l’idée de réussite dans les quartiers. Mais quand on regarde de près, on se rend compte que beaucoup de postes sont occupés par ceux qui n’avaient pas de vraies difficultés sociales. Les chômeurs dans ces quartiers n’ont pas bénéficié prioritairement de cette mesure.

Je pense au logement.

La France n’est pas seulement fragmentée, elle est cloisonnée. Nous devons favoriser la mixité : celles des immeubles, mais aussi celle des quartiers. Rendez-vous compte, à Paris, quelques centaines de mètres seulement séparent les quartiers bobo/tendance Montorgueil des rues populaires du quartier de  Château d’eau. Et pourtant, ceux qui y vivent connaissent-ils ceux qui habitent à quelques mètres d’eux ?

Les français cohabitent mais ne partagent plus … Il faut recréer du lien entre les individus, recréer ce creuset qu’est la République et qui en fait toute sa richesse.

Pour réintroduire de la mixité sociale très concrètement, il faudrait par exemple que les promoteurs privés puissent s’engager dans le logement social et le logement intermédiaire avec en contrepartie l’introduction systématique de 20 % de logements sociaux dans toute nouvelle opération de promotion immobilière. Je suis favorable à l’obligation pour les communes d’avoir au moins 20% de logements sociaux, mais je suis persuadé qu’on arriverait à mieux faire appliquer cette règle en introduisant une obligation vis-à-vis des promoteurs immobiliers. On leur demande bien de prévoir des places de stationnement, je ne vois pas pourquoi on ne leur demanderait pas  de contribuer à la mixité sociale.

- Je pense aussi à la place des femmes, car la place que nous leur accordons, c’est le reflet de la société que nous voulons : une société qui donne toute son importance à la famille et aux enfants. Augmenter le nombre de femmes dans les conseils d’administration c’est bien, mais cela concerne seulement les happy few. Les femmes auxquelles nous devons penser, ce sont les femmes employées, les femmes d’agriculteur, les femmes d’artisan… quelques milliers, pas quelques dizaines. Nous devons aborder les questions concrètes qui concernent leur quotidien : la question des transports, des moyens de garde d’enfant, et la question de l’inégalité des salaires, qui est un véritable scandale.

- Il faut faire appliquer la loi qui vise à supprimer les écarts de rémunération.

- Il faut aussi développer des modes de garde d’enfant adaptés aux nouvelles conditions de travail.

- Il faut enfin que les entreprises s’adaptent à la vie des femmes, en ne prévoyant pas, par exemple, de réunions en fin de journée.

- Je pense enfin aux personnes en situation de handicap.

Elles ne doivent plus être considérées comme des spectateurs mais en tant qu’acteurs. Il faut sortir de la politique de protection, et leur offrir une place active dans la société.

- Une démarche qui passe notamment par une meilleure intégration professionnelle, en arrêtant de les  diriger vers des formations stigmatisantes. Lorsque que j’ai rencontré les membres du conseil d’administration de Syntec, ils m’ont expliqué qu’il était impossible pour eux d’atteindre l’effectif de 6% de personnes en situation de handicap, tout simplement parce qu’ils n’arrivaient pas à recruter de salariés handicapés formés à leurs métiers.

- Il faudrait aussi intégrer des personnes en situation de handicap dans les MDPH, car elles connaissent bien le quotidien des personnes handicapées et sont mieux placées pour les comprendre et leur répondre.

- Enfin il faut renforcer les mesures d’incitations et de sanctions pour les collectivités locales qui n’appliquent pas la loi.

 

Nous devons inventer un nouveau modèle social, un nouveau pacte social qui n’est pas un éloge du communautarisme mais l’appréciation qu’on est dans un monde de communautés et de tribus. Il y a des solidarités multiples qui s’entrecroisent.

- Il faut faire en sorte qu’elles soient le plus efficace possible.

- Et il faut qu’elles puissent vivre en harmonie dans le cadre républicain : dans le respect de la laïcité, des libertés individuelles et collectives …

Nous avons la chance qu’il existe en France des hommes et des femmes qui ont en eux cette envie d’aider les autres, d’apporter du soutien à ceux qui ont moins, ou qui souffrent.

Je pense aux membres de cette association d’aide aux femmes en difficultés que j’ai rencontrés début octobre lors d’un de mes déplacements dans l’est de la France, à Saint Dizier. Pour eux, il était naturel de consacrer leur temps à ces femmes qui ont souffert de violences conjugales, qui ont été victimes de la traite des êtres humains, ou qui sont en situation de rupture de solidarités familiales ou amicales. J’ai été touché par le récit et le parcours de ces hommes et ces femmes, qui accomplissent au quotidien un travail formidable au service des autres. Oui il existe en France de belles ressources, il faut les reconnaitre et les soutenir.

Certes, aujourd’hui les tribus se développent. Mais pourquoi penser que c’est négatif ? Pourquoi y voir tout de suite une menace contre la République ? Pourquoi y voir tout de suite le spectre du communautarisme, ou du repli sur soi ? Pourquoi ne pas y voir au contraire de nouvelles opportunités, de nouvelles richesses pour la société française ?  Ces tribus portent en elles de nouvelles formes de solidarités, de générosités, notamment grâce l’action caritative et bénévole … Ces tribus sont des passerelles de transmission de savoirs, de culture, de traditions : elles renforcent la cohésion.

La vie locale, la vie associative, les corps intermédiaires sont des marqueurs de la solidarité que nous portons en tant que centristes. L’Etat peut changer les choses au niveau structurel, mais il y a ensuite des enjeux de proximité  pour lesquels les tribus, les associations ont un rôle à jouer, car elles connaissent mieux les besoins et sont plus à même d’apporter les solutions adaptées. Pour le 4e âge et même le 5e âge par exemple, comment l’Etat pourrait il traiter seul cette question ? Nous allons de voir compter sur les solidarités intergénérationnelles, c’est évident.

Aujourd’hui nous sommes réunis pour proposer un nouveau projet, un nouveau modèle, dans lequel la société de la reconnaissance puisse se développer. Un modèle dans lequel les compétences de chacun puissent être reconnues. Un modèle dans lequel chacun puisse avoir une espérance et une chance, quel que soit son parcours, son origine, son lieu de naissance ou d’habitation.

Les populations héritières de l’immigration, les personnes en situation de handicap, les femmes, les jeunes des quartiers ne veulent pas un traitement de faveur, ils demandent juste que nos principes républicains soient appliqués concrètement. Les oubliés de l’équilibre des chances, les orphelins de la République, ces compatriotes qui ont le sentiment de ne plus participer à un destin collectif, nous devons leur accorder la plus grande attention, et développer tous les moyens pour qu’ils puissent, comme les autres, avoir une chance. Chacun sait que la diversité est une force. Il faut désormais se donner les moyens, tous les moyens pour en faire une réalité pour chacun.

Je vous remercie.

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