(Article du FIGARO du 6 novembre 2020 Par Emmanuel Galiero)
Covid : Hervé Morin ne croit pas aux chiffres de Jean-Michel Blanquer sur les contaminations dans les lycées
Le président de la région Normandie somme le gouvernement de «desserrer l'étau des effectifs» dans les établissements.
Pour Hervé Morin, le chiffre de «3528» élèves contaminés, estimé par Jean-Michel Blanquer, ne colle pas à la réalité. Le président de la région Normandie, territoire confronté à une deuxième vague du Covid «pire» que la première, est convaincu que le vrai chiffre est au moins deux fois plus élevé, est plus proche de la moyenne nationale de 10%, soit environ 6000 cas.
Au rythme actuel de 50 000 contaminations par jour, soit 350 000 par semaine, l'élu juge en effet impossible que si peu de jeunes soient impactés sur une population de 7 millions d'élèves particulièrement exposée à la circulation du virus.
Face à une poussée de manifestations observées dans plusieurs lycées à Paris comme en province, Blanquer a voulu rassurer en annonçant un déploiement de tests à proximité et au sein des établissements. Vendredi sur RTL, il a annoncé qu'au-delà des 3528 élèves contaminés, 1165 cas étaient également enregistrés chez les personnels. Un chiffre «maîtrisé», selon le ministre, qui juge ces seuils sous les proportions constatées dans le reste de la population.
«Très énigmatique»
«Mais ce chiffre est très énigmatique», juge l'élu normand. Sur la base d'entretiens avec des professionnels de santé, Morin note que si de nombreux jeunes sont asymptomatiques, ils restent néanmoins contagieux, et encore davantage dans des établissements qui n'avaient pas anticipé leur concentration.
«Je ne dis pas que l'équation est facile mais franchement, nous avons péché par excès de confiance. Et je ne parle pas des 14 000 lits promis par Véran... Là, on réagit dans la panique», déplore Hervé Morin, avant d'ajouter: « Un lit représente un coût annuel de fonctionnement et de personnel proche de 500 000 euros par an, donc pour 10 000 lits, il fallait 500 millions d'euros alors que ce reconfinement va nous coûter des dizaines de milliards et des vies brisées ».
L'ancien ministre critique également un «manque d'anticipation» dans de nombreux domaines comme l'achat de matériel informatique portable, la réactivité des tests, l'organisation des classes et des flux ou encore la stratégie en liaison avec les collectivités locales.
Face à l'urgence, Hervé Morin lance un message d'alerte au gouvernement. «Il est urgent de desserrer l'étau des effectifs et réduire les facteurs de contamination en planifiant des demi-classes. Les Français ne peuvent pas comprendre que l'État ferme les commerces quand il se montre incapable d'organiser un distanciel plus important dans nos lycées».