Comment les collectivités locales vont-elles pouvoir faire face à la réforme du collège ?
Catherine Morin-Desailly, sénatrice de Seine-Maritime, Présidente de la commission de la Culture, de l’Education et de la Communication, a interpellé ce jour la ministre de l’Education au sujet de la réforme des collèges : « Comment les collectivités ont-elles été associées à la mise en œuvre de la réforme et un financement spécifique par l’État de cette dépense est-il prévu ? » a demandé la sénatrice, se faisant l’écho de vives préoccupations des élus et des enseignants. Catherine Morin-Desailly a soulevé plusieurs questions concernant :
- la réduction de 20 % du volume horaire des enseignements disciplinaires, au profit des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) : « Est-ce vraiment en réduisant les heures de cours des matières fondamentales que l’on aidera les élèves les plus en difficulté ? En ne bénéficiant qu’aux bons élèves le risque est de renforcer les inégalités. »
- l’orientation, « grande inconnue de la réforme ». L’arrêté prévoit la suppression des options de découverte professionnelle en classe de troisième, tandis que les classes dites « prépa-pro » demeurent mais sans horaire attribué. Par ailleurs, le nouveau parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel (PIIODMEP), qui remplace le parcours de découverte des métiers et de la formation (PDMF), ne bénéficie, lui non plus, d’aucun horaire spécifique et devra donc être organisé sur du temps disciplinaire : « Comment permettre aux élèves de déterminer leurs choix d’études et de profession ? Est-ce une volonté délibérée de retarder le choix d’orientation à la seconde et de limiter l’orientation vers les études professionnelles ? »
- la rédaction et l’achat des nouveaux manuels scolaires d’ici à la rentrée 2016, « aspect très concret de la mise en œuvre de la réforme ». « Je n’ai encore entendu personne s’en préoccuper ! » s’étonne la sénatrice.
La sénatrice a fait part à la ministre de ses inquiétudes : « Je ne vois pas comment les communes et départements vont pouvoir faire face à cette dépense inédite par son ampleur, alors que toutes les collectivités subissent déjà le contrecoup de la baisse des dotations de l’État. Y aura-t-il une dotation spécifique de l’Etat ? ».
« Le collège unique n’est pas le collège uniforme. Construire le collège de la réussite passe par un travail de fond. Encore une fois, comme pour la réforme des rythmes scolaires, le Gouvernement poursuit dans sa méthode habituelle : imposer des réformes par décret, sans concertation, au mépris des professionnels, des élus et du Parlement » déplore Catherine Morin-Desailly.